Zone de turbulences pour Boeing

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Le Boeing 737 est sans doute le plus populaire des avions de ligne, dont plus de 7000 exemplaires volent dans le monde. Mais deux crashes d’une version récente, ça fait beaucoup. Même la Grande-Bretagne en interdit les vols.

Les décisions de maintenir au sol les Boeing 737 Max en Grande-Bretagne, en Australie, en Chine, à Singapour et en Indonésie posent un gros souci à Boeing. Le modèle 737 est l’un des avions les plus achetés au monde par les compagnies aériennes pour les vols courts et moyens courriers. Plus de 7000 modèles volent à travers le monde. Lors des premières annonces du gel de l’exploitation du modèle, le cours de Boeing a chuté de 13%.

Version à basse consommation

Le modèle 737 Max est la dernière version, à basse consommation. La famille des 737 a été mise en service en 1968 et a été régulièrement améliorée. Le version Max a été commandée à 5011 exemplaires, notamment Ryanair, TUI Fly Norwegian, en Europe, dont 387 ont été livrés. Avant le crash éthiopien, cette flotte réalisait 8500 vols par semaine un peu partout dans le monde.

La crise du Boeing 737 Max tient à ce que deux modèles neufs ont crashé en quelques mois : celui de la compagnie Lion Air (Indonésie) à Djakarta, en octobre dernier, et l’Ethiopian Airlines dimanche dernier, ne sont pas encore expliqués. Mais les circonstances paraissent similaires dans les grandes lignes, l’accident a eu lieu peu après le décollage.

Les gels d’exploitation traduisent une mesure de précaution exceptionnelle.

Une décision très rare

En général ces décisions extrêmes sont prises sur la demande de l’autorité qui a certifié l’avion, en l’occurrence la FAA américaine. Cette dernière s’en est abstenue au moment où nous terminons ce texte. Elle s’est limitée à indiquer que “l’enquête a juste commencé et à ce jour nous ne disposons d’aucune donnée pour tirer des conclusions ou lancer des actions” (communiqué du 11 mars 2019).

Il est toujours embarrassant de décider la suspension d’un avion qui est le fleuron d’une des plus grandes sociétés américaines. La FAA l’a fait en 2013, avec le tout nouveau Boeing 787 (long courrier), dont les batteries au lithium ion pouvaient s’enflammer.

Il est aussi surprenant qu’un modèle, qui est une mise à jour d’un avion éprouvé, présente des défauts majeurs. La compagnie Ethiopian Airlines est une compagnie réputée, l’une des plus avancées en Afrique, qui utilise une flotte récente. Elle dessert Bruxelles et est membre de la Star Alliance, qui réunit notamment United, Lufthansa, El Al et Brussels Airlines.

Un problème d’intelligence artificielle ?

Le soupçon qui touche le Boeing 737 Max concerne un système destiné à éviter la chute de l’avion, qui a été modifié et fonctionne automatiquement dans cet nouvelle version du Boeing 737. Si l’avion grimpe à un angle anormalement élevé et risque de chuter par décrochage, le système va automatiquement baisser le nez de l’avion. Une panne de capteur, qui pourrait fournir une mauvaise information sur l’angle de l’avion, couplée à une mauvaise information du pilote sur ce dispositif pourrait créer une situation risquée, surtout quand l’altitude n’est pas très élevée. Les premiers éléments de l’enquête sur le crash indonésien confirment la panne d’instruments ou de capteurs. Pour l’accident d’Ethiopian Airlines, rien n’est encore connu, tout n’est qu’hypothèse.

Le New York Times soupçonne la formation insuffisante

Le New York Times avait indiqué, en novembre dernier, après l’accident de Lion air, que “le syndicat des pilotes d’American Airlines, qui vole aussi avec des Max 8, a dit (mardi) que le système d’urgence en question n’a pas été inclus par Boeing dans le standard operating manual.” Les pilotes ne savaient donc pas forcément qu’un système automatique pouvait entrer en fonction. Le quotidien soupçonnait la volonté de Boeing de réduire la formation des pilotes pour passer d’un modèle antérieur au Boeing 737 Max, pour rester concurrentiel face à Airbus. Le constructeur européen a aussi son avion rénové, l’Airbus A320 Neo, qui affronte le 737 Max, et se vend fort bien. Depuis lors Boeing avait pris des mesures de précaution.

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