Xavier Niel, serial entrepreneur: “En Belgique, le marché n’est pas très concurrentiel”

Xavier Niel, serial entrepreneur: "Nous investissons dans une centaine de start-up par an." © Belgaimage

On a souvent prêté au fondateur de Free la volonté de s’établir chez nous. Xavier Niel ne nie pas son intérêt pour la Belgique, mais n’a pas de projet précis pour l’instant.

Discuter avec Xavier Niel, le tycoon français des télécoms, est un exercice tonique. Dans cette crise sanitaire qui a du mal à se terminer, le serial entrepreneur français insuffle à ses interlocuteurs une belle dose d’optimisme.

Xavier Niel est surtout connu pour avoir, avec Free, bouleversé le marché des télécoms en France puis dans d’autres pays. Mais il a d’autres casquettes: investisseur dans les médias (Le Monde, etc.), dans l’immobilier (Unibail, etc.), il est aussi administrateur du fonds KKR, et c’est un business angel très actif. Xavier Niel est d’ailleurs actionnaire d’Odoo depuis une dizaine d’années. Il est également à l’initiative d’un réseau international d’écoles de codage (Ecole 42) qui s’est implantée en Belgique grâce à Ian Gallienne et John-Alexander Bogaerts (l’antenne belge, installée désormais à BeCentral au centre de Bruxelles, s’appelle l’Ecole 19).

Nous avons bien évidemment envie de faire des choses dans un pays à côté de chez nous et qu’on aime bien.

Xavier Niel a également lancé en Europe le concept des SPAC, des véhicules d’investissement, parfois cotés, qui sont “vides” au départ, les investisseurs signant un chèque en blanc. Un premier SPAC – Mediawan -a été lancé avec le banquier d’affaires Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton. Il est devenu un tout grand producteur audiovisuel européen. Toujours avec Matthieu Pigasse et, cette fois, Moez-Alexandre Zouari (l’actionnaire de référence des surgelés Picard), Xavier Niel vient de lancer un deuxième SPAC, 2MX. Il vise des projets dans la distribution et la consommation durables.

En Belgique?

L’homme se définit comme d’abord un “passionné des télécoms”. Son holding Iliad, la maison mère de Free, est un des leaders en France, en Italie, en Pologne et est présent dans une dizaine de pays. On a plusieurs fois prêté à Xavier Niel la volonté de venir secouer notre marché. Est-ce vrai? “Nous avons bien évidemment envie de faire des choses dans un pays à côté de chez nous et qu’on aime bien. Cela ne s’est pas présenté encore. Mais nous sommes souvent interpellés par des personnes qui voudraient que nous venions sur ce marché qui n’est pas très concurrentiel”, nous dit-il dans le cadre d’une réunion avec l’association des journaliste économiques et financiers (Ajef).

Xavier Niel souligne en effet tout le plaisir qu’il a à réveiller des marchés endormis. “Quel que soit le nombre d’acteurs, il suffit qu’il y en ait un qui décide de mettre un peu de concurrence pour que les prix soudainement deviennent plus rationnels, les acteurs plus transparents. C’est ce que nous avons fait en France. Et aujourd’hui, les acteurs vont bien, les investissements n’ont jamais été aussi élevés et les consommateurs français bénéficient d’une réelle concurrence. Nous adorons amener tout cela…”

Pour Xavier Niel, la crise a eu un effet turbo: “Nous avons eu une attitude originale. Dès le début de la crise, nous avons investi massivement dans les start-up et les activités dématérialisées. Le pari était assez simple: soit cette crise est très courte et nous aurons simplement investi dans des start-up… Soit elle est plus longue, le monde se digitalisera, et ces start-up exploseront”.

Bien vu: nous sommes plutôt dans cette seconde configuration aujourd’hui. Et l’écosystème français des start-up est en plein boom. “Nous investissons dans une centaine de start-up par an. Il y a deux ans, je vous aurais dit: il n’y a pas une start-up qui aura du succès dans laquelle nous ne sommes pas. Mais aujourd’hui nous en ratons beaucoup. Nous n’arriverons plus à voir la profondeur de l’écosystème”.

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