Volkswagen va supprimer 30.000 emplois: “La marque ne rapporte pas assez”

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La marque automobile allemande Volkswagen a annoncé vendredi la suppression d’environ 30.000 emplois dans le monde, dont 23.000 en Allemagne, dans le cadre d’un plan pour renouer avec la rentabilité et mettre l’accélérateur sur l’électrique.

La marque automobile allemande Volkswagen a annoncé vendredi la suppression de 30.000 postes et d’importantes économies, essentiellement en Allemagne, dans une tentative inédite d’accroître sa rentabilité et surmonter le scandale planétaire du “Dieselgate”.

“C’est un grand pas en avant, sans doute l’un des plus grands de l’histoire de l’entreprise”, a lancé son patron Herbert Diess lors d’une conférence de presse au siège de l’entreprise à Wolfsburg (nord).

Le plan vise à la fois à dépasser le scandale des moteurs diesel truqués, qui l’a frappée de plein fouet il y a plus d’un an, et résoudre des problèmes anciens.

“La marque Volkswagen ne rapporte pas assez d’argent”, a constaté sans détour M. Diess. “Nous sommes très éloignés de nos concurrents en terme de rentabilité”, a-t-il ajouté, avant de présenter un ensemble de mesures pour permettre au fabricant de la Golf et de la Passat de remonter la pente.

Le constructeur veut supprimer environ 30.000 emplois sur les 215.000 qu’il compte dans le monde. Les sites allemands seront les plus concernés, avec 23.000 suppressions de postes attendues. La marque évoque également le Brésil et l’Argentine, deux marchés actuellement difficiles.

Comme déjà connu, les suppressions de postes en Allemagne, qui font l’objet depuis des mois d’âpres négociations avec les représentants du personnel, se feront au travers de mesures telles que des départs en retraite anticipés et non via des licenciements, en vertu d’un accord courant jusqu’à 2025.

Volkswagen veut accroître sa productivité de 25% dans ses usines allemandes. La marque vise des économies de 3,7 milliards d’euros par an d’ici 2020 et veut voir sa maigre marge, mesure de sa rentabilité, grimper à 4% d’ici là.

Il s’agit également de préparer Volkswagen aux défis à venir pour l’ensemble de l’industrie automobile, a martelé la direction.

C’est pourquoi le constructeur va dans le même temps créer 9.000 emplois dans ses sites allemands, où il investira “dans les années à venir” 3,5 milliards d’euros, notamment pour se réorienter vers l’électrique. La marque fabriquera par exemple des modules de batterie électrique.

Bernd Osterloh, président du comité d’entreprise du groupe Volkswagen, a estimé que la “raison” l’avait emporté et que le plan était le fruit d’un “compromis de la part des deux parties”.

Coup de grâce

Les difficultés de la marque historique du groupe Volkswagen, mastodonte de plus de 600.000 salariés qui détient douze marques au total dont Audi, Porsche, Seat ou encore Skoda, ne sont pas nouvelles, mais le dieselgate a porté le coup de grâce et a rendu inévitable une réaction.

“Sans le dieselgate, on attendrait encore” une réorganisation, estime ainsi le spécialiste automobile Ferdinand Dudenhöffer, interrogé par la chaîne de télévision NTV. “Cela fait mal mais c’est une bonne décision”, ajoute-t-il.

“Le groupe doit faire des économies en raison de sa faible productivité, mais aussi à cause des coûts liés au scandale du diesel”, juge Frank Schwope, de la banque LBBW.

Le géant européen du secteur a connu la plus grave crise de son histoire lors de la révélation en septembre 2015 de sa tricherie sur 11 millions de véhicules diesel dans le monde, équipés par ses soins d’un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution.

Ce scandale lui a valu sa première perte annuelle depuis plus de 20 ans et l’a contraint à mettre de côté plus de 18 milliards d’euros pour faire face aux nombreuses poursuites et demandes de dédommagement.

L’affaire du diesel, qui le poursuit toujours, a forcé le groupe à revoir sa stratégie. En juin, il a ainsi annoncé vouloir commercialiser plus de 30 véhicules tout électrique d’ici 2025, ce qui nécessite des investissements importants.

A la Bourse de Francfort, ces annonces laissaient les investisseurs de glace. Vers 10H50 GMT, le titre Volkswagen grignotait 0,04% à 117,60 euros dans un marché en repli de 0,26%.

Le conseil de surveillance devait se réunir vendredi matin, après les annonces concernant la marque VW, pour statuer entre autres sur les investissements de l’ensemble du groupe pour les années à venir.

L’usine Audi Brussels ne serait pas touchée

Les économies ne concernent pour l’instant que la marque VW. L’usine Audi Brussels ne serait dès lors pas touchée, selon le responsable syndical ACV (CSC) Pascal Van Cauwenberge. “Un conseil d’entreprise au niveau mondial aura lieu chez Volkswagen du 5 au 8 décembre prochains. Le problème, c’est que nous sommes toujours en retard d’une guerre.”

Les 2.600 personnes qui travaillent chez Audi Brussels se préparent à l’arrivée du modèle électrique en 2018. Personne de la société n’était disposé vendredi à commenter l’information.

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