Virtuology International veut miser sur les start-up actives dans le marketing digital

Cédric Donck et Pierre-Alexandre Losson, respectivement CEO et CTO de Virtuology International. © PG

Croissance raisonnée et rentabilité rapide. Deux concepts pas toujours appliqués à l’univers des start-up où levées de fonds et croissance internationale constituent trop souvent le chemin emprunté pour (tenter de) devenir le nouveau Facebook. C’est pourtant bien sur ces préceptes que le groupe bruxellois Virtuology International entend développer ses start-up, toutes actives dans le marketing digital.

Ne lui parlez pas de levées de fonds. Pour Cédric Donck, rien de tel qu’une croissance prudente et raisonnée, et un développement de start-up capables de générer des revenus dès le démarrage et même d’être rentables (ou ayant au moins atteint le break-even) dans les six premiers mois. C’est sur ce modèle que ce serial entrepreneur et ancien CEO de l’agence Tagora envisage le développement de start-up du numérique, un secteur dans lequel il est actif comme business angel depuis des années. Après avoir démarré comme investisseur indépendant, il s’est associé, en 2011, à Pierre-Alexandre Losson pour fonder Virtuology International et structurer ses investissements. Le premier détient 89 % du fonds et endosse le rôle de CEO tandis que le second, avec 11 %, prend le rôle de CTO.

Dans de grands bureaux situés avenue Louise à Bruxelles, l’ambiance est à l’effervescence. Certains employés de Virtuology International se déplacent en skateboard électrique, donnant directement au visiteur la mesure du groupe constitué par Cédric Donck. Aujourd’hui, une grosse soixantaine de personnes s’activent dans le bâtiment. Mais Virtuology International compte également une quinzaine de collaborateurs à Paris et 135 à Madagascar où le groupe a également développé un pôle d’activités.

Focus sur le marketing digital

Si Cédric Donck avait jeté son dévolu sur certaines entreprises très différentes, il s’est désengagé, ces derniers temps, de quelques jeunes entreprises pour concentrer les activités de Virtuology International sur un seul et unique domaine. Celui du marketing digital. Chacune des start-up dans lesquelles il investit couvre un pan de ce secteur en pleine croissance : affiliation, search engine marketing, review management, inbound marketing, web analytics, etc. Ainsi, on retrouve parmi les pépites du groupe des entreprises comme Blue 2 Purple, agence digitale spécialisée dans l’achat média sur le Net. Elle constitue l’un des piliers les plus anciens du groupe : fondée en 2008, elle compte plus de 20 collaborateurs à Bruxelles et affiche des clients comme Brussels Airlines, Auto5, BDO, etc. Virtuology International compte aussi une start-up comme Mobilosoft, l’une des raising stars du groupe, qui aide les chaînes du retail à se positionner sur le Web.

A la base, Virtuology travaillait sur le modèle d’un fonds d’investissement de business angel en investissant entre 50.000 et 250.000 euros dans les dossiers proposés. ” On reçoit une trentaine de business plans par mois, détaille Cédric Donck. Aujourd’hui, nos critères de sélection reposent sur la complémentarité des start-up avec l’écosystème de Virtuology. Et nous demandons d’être les seuls actionnaires investisseurs aux côtés des fondateurs. ” Bien sûr, le groupe investit quand il constate un intérêt du marché dans un projet. Depuis deux ans, il commence aussi à fonctionner en mode start-up studio. C’est-à-dire qu’il développe une idée sur la base des besoins de ses clients et trouve les entrepreneurs pour en prendre la tête. Virtuology International reste généralement majoritaire des start-up dans lesquelles il investit et laisse entre 25 et 35 % de la société aux mains des fondateurs. Le groupe leur permet ainsi de rester focalisés sur le développement du produit. ” Au cours des quatre premières années, les entrepreneurs passent 50 % de leur temps à gérer des choses qui ne font pas partie de leur business “, explique Cédric Donck. Le holding, qui emploie une dizaine de personnes, gère dès lors les ressources humaines, les finances et les développements informatiques, au service d’une vingtaine de start-up qui composent le groupe.

Et comme témoin de la maturité grandissante de son écosystème, le CEO de Virtuology International souligne que dorénavant plusieurs de ses boîtes créent des filiales. ” Sur sept entités juridiques créées en 2016, se réjouit-il, quatre l’ont été par certaines de nos start-up. ” Ainsi est née Broadkat, une agence de vidéo marketing, détenue conjointement par trois fondateurs, Virtuology International et Blue 2 Purple. La start-up est spécialisée dans la création de vidéos promotionnelles et publicitaires pour les marques. Une activité qui pourra notamment aider Blue 2 Purple, l’agence du groupe, à vendre des espaces sur YouTube.

Virtuology International reste généralement majoritaire des start-up dans lesquelles il investit et laisse entre 25 et 35 % de la société aux mains des fondateurs.

Business éthique à Madagascar

L’écosystème de Virtuology International ne peut toutefois pas être dissocié de Madagascar. A côté de plusieurs projets non commerciaux (création du Musée de la Photographie de Madagascar, des concours locaux de start-up, d’un incubateur et d’un fonds d’investissement éthique), le groupe a depuis toujours développé du business là-bas, un pays où le coût des salaires est nettement inférieur à ce qui est pratiqué en Belgique, où l’on trouve du personnel qualifié qui parle français et où le décalage horaire avec notre plat pays est d’à peine une heure. Ainsi, la firme Smartelia fondée à Madagascar est un des piliers du groupe. C’est là que travaillent 135 personnes. Smartelia, qui réalise 40 % de son chiffre d’affaires avec les entreprises internes de Virtuology International, prend en charge la création de contenus (blog, traduction, création de vidéo, sous-titrage), la gestion de back-office (réponse aux demandes pour des sites d’e-commerce, par exemple), la gestion de communauté en ligne (Facebook, etc.) et la gestion des relations clients. Il ne s’agit toutefois pas d’outsourcing à proprement parler. Les équipes à Madagascar sont considérées comme faisant partie de l’ensemble du personnel. Même s’il n’a rien à voir avec les montants belges, le salaire des équipes sur place est supérieur (une fois et demie) au salaire moyen malgache et Smartelia constitue bien une filiale à part entière du groupe.

D’ailleurs, Cédric Donck, très impliqué dans ce pays, fait le pari du développement du Web en Afrique. Virtuology International est propriétaire de Lily, le site de petites annonces leader à Madagascar avec plus de 450.000 pages vues chaque mois et qui génère des revenus grâce aux ” premium ads “, à Google Adsense et des ” espaces ” pour les professionnels. Si l’activité ne représente encore que quelques milliers d’euros mensuels, le duo à la tête du groupe fait le pari d’un développement fort du créneau et envisage d’autres développements en Afrique où tout le modèle du Web reste à dessiner.

Discrètement, Virtuology International est devenu un groupe qui compte. Avec plus de 260 personnes réparties entre Bruxelles, Paris et Madagascar, et des chiffres qui gonflent d’année en année. Si, en 2015, les revenus consolidés du groupe dépassaient 15 millions d’euros, ils devraient grimper à 27 millions cette année. Des chiffres qu’il faut un brin tempérer puisqu’ils incluent les publicités en ligne facturées aux clients (environ 10 millions cette année) et que la société reverse directement à Google et Facebook. Néanmoins, à en croire les deux dirigeants du groupe, il restera à Virtuology International un profit net consolidé de 900.000 euros en fin d’année. Pas si mal dans l’univers start-up où, on le sait, beaucoup de jeunes pousses restent longtemps déficitaires ou… font faillite.

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