Vins : notre sélection d’automne en “blind test”

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Les vins de nos “blind tests” se disputent la vedette pour vous mettre en appétit et jouer avec simplicité ou raffinement les saveurs de l’automne retrouvé. Voici nos appréciations, origine par origine.

Afrique du Sud

Créés par des colons néerlandais, les vignobles de l’Afrique du Sud ont bénéficié de la libération du régime politique en 1991 et de la fin de l’apartheid pour s’affirmer sur les marchés extérieurs. La production approche 11,3 millions d’hectolitres. Elle favorise le vin d’un seul cépage. La ferme Uitkyk gère 600 ha dont 150 dévolus à la vigne dans le microclimat de Simonsberg (Stellenbosch). Le Cabernet sauvignon 2011 Carlonet a la particularité d’un élevage de 18 mois en fûts français (76 %), hongrois (16 %) et américains et de l’ajout de 6 % de syrah pour apporter une certaine complexité. Fruit, épices, chêne, note exotique s’intègrent à des tanins mûrs.

• 14,99 euros – Makro.

Australie

Avec quelque 13,5 millions d’hectolitres, l’Australie se classe au 6e rang des producteurs mondiaux de vin. Moins contraignante qu’en Europe, la législation remplace l’appellation d’origine par le CAW (Certified Appellation Wine). A l’instar d’autres nouveaux mondes, le millésime et la région d’origine ne sont garantis qu’à 85 %. Vinifié en Australie du Sud-Est, le Berton Chardonnay Classic 2014 plaît par ses notes de pêche et de fleurs blanches. Celles-ci participent à l’attaque de bouche sous un très léger gaz carbonique renforçant la fraîcheur.

• 8,59 euros – Delhaize.

Bordelais

En colline sur la rive droite de la Dordogne, Saint-Emilion, classée au patrimoine de l’Unesco, commande l’un des vignobles les plus populaires. L’appellation peut être revendiquée par les vins issus de la commune éponyme et de huit voisines. La dénomination “grand cru” dépend de critères plus sélectifs (rendement, élevage, mise en bouteille à la propriété).

Marque déposée en 1945 par l’Union des producteurs de Saint-Emilion, le Côtes Rocheuses Grand Cru Saint-Emilion sélectionne des parcelles issues du plateau de Saint-Emilion et de son prolongement. Le 2010 privilégie le merlot (80 %) devant le cabernet franc. Un encuvage gravitaire en cuves inox thermo-régulées et une macération pré-fermentaire à froid précèdent un élevage en cuves et en barriques de chêne. Des notes fruitées associées à un boisé délicat percent une matière riche, structurée sur des tanins subtils.

• 12,79 euros – Carrefour.

Restons rive droite pour découvrir Lalande de Pomerol. Répartie sur les communes de Lalande et de Néac, au nord du vignoble de Pomerol, l’appellation recourt aux cépages classiques avec, terroir oblige, une dominante de merlot devant les cabernets. Le malbec est peu sollicité. Sur une éminence exposée au soleil, face à Pomerol, voici le Château Belles-Graves. Retiré au milieu des vignes, le site allie sérénité et l’envie de se mettre au vert. D’une bonne quarantaine d’années, les vignes de merlot (88 %) et cabernet franc engendrent un Lalande de Pomerol 2010 Château Les Belles-Graves chaleureux, rond et finement gainé par un tanin dosé avec soin.

• 17,18 euros – Tricot (071 35 88 00).

Bourgogne

Vignoble septentrional de la Bourgogne, Chablis et ses vignes de chardonnay (appelé localement beaunois) longent le Serein sous une exposition favorable à la maturation des raisins. Quatre appellations hiérarchisent les vins. Le Petit Chablis, Chablis (la qualité la plus courante), Chablis 1er cru parfois suivi du nom d’un climat (territoire) et, le must, Chablis Grand Cru, escorté d’un nom de climat.

Une discrète présence de citron et vanille introduisent le Chablis 2014 de Maréchal. Matière serrée, fraîche avec une attaque vive et une déclinaison d’agrumes oblitèrent un bon vin pour accompagner huîtres et crustacés.

• 8,99 euros – Lidl.

Dans le sud de la Bourgogne, le Pouilly-Fuissé prospère dans quatre communes (Fuissé, Solutré, Vergisson et Chaintré) dominées par les roches de Solutré et Vergisson. Le lieu-dit La Croix Pardon annonce l’arrivée sur le plateau de Beauregard et pointe une mosaïque de terroirs très complémentaires. Le Pouilly-Fuissé 2013 “La Croix-Pardon” de la Maison Burrier séjourne en cuves (80 %) et en fûts. Après l’élevage et une légère filtration, il est embouteillé. Des effluves typiques d’amande, une touche finement beurrée, une lichette d’agrumes et une goutte d’eau-de-vie finalisent le vin.

• 19,25 euros – Carrefour.

Chili

Le Chili est le dernier pays où l’on découvre des vignes franches de pied. Elles n’ont pas dû être greffées sur des plants américains car il n’y a pas de phylloxera. Il est le septième producteur mondial avec quelque 12,8 millions d’hectolitres de vin. La législation autorise l’irrigation et impose 75 % de vin d’une région pour l’agrégation. La famille Torrès particulièrement réputée en Espagne prend pied dans la “Centrale Valle” en 1979. Les vignes sont choyées et les vins certifiés bio. Le Cabernet sauvignon (100 % du cépage) 2013 Reserva Las Mulas sommeille six mois en fûts de chêne français favorisant un léger bois fumé aux côtés d’épices, de feuille et de liqueur de cassis sur des tanins ronds.

• 6,59 euros – Colruyt.

Italie

La production mondiale du vin est en hausse de 2 % en 2015. De quoi restituer à l’Italie son rang de premier pays producteur mondial devant la France et l’Espagne. Le paysage viticole italien n’a cessé de se modifier. En bien. De nouvelles appellations en décrets, la législation a gagné en précision et en qualité. La propriété de Terre di Nano s’étend dans le Val d’Orcia, à la limite de Montepulciano. Le Vino Nobile di Montepulciano représente une des appellations phares de la belle Toscane. Après une période prospère, le vin perdit de sa notoriété pour à nouveau s’affirmer grâce à la DOCG (Denominazione di Origine Controllata E Garantita) le “top” de la Botte. Le 2011 se montre fin et élégant.

• 12,69 euros – www.corawine.be.

Languedoc

Entre Narbonne et Nîmes, au pied de la Montagne Noire et des Cévennes, les Coteaux du Languedoc regardent la Méditerranée. Rompant avec les traditions, la famille Laurent Miquel trouve le succès avec le fameux cépage viognier. Succès aidant, une cuvée spéciale à tirage limité voit le jour : Vérité. Sous-titrée Grande Cuvée, le 2012 honore l’appellation avec un vin blanc floral, marqué par l’amande, la pêche et de l’abricot. Ample avec mesure, riche et goûteuse, soulignée par un léger boisé, des notes beurrées et vanillées, elle signe une finale fraîche.

• 17,87 euros – Gelin (02 332 18 37).

Vaste amphithéâtre protégé des vents froids par la montagne, le Minervois déploie ses douces collines courues par la vigne et la garrigue dans les départements de l’Aude et de l’Hérault. Artisans vignerons passionnés, Julie Diaz et François Fabre câlinent le Minervois 2014 Le Vin de Plume Domaine du Somail, vignoble de 15 ha, travaillé en biodynamie. Plume est le surnom donné par ses amis à Georges Diaz, père de Julie, philosophe et élève de Sartre. Quatre-vingts pour cent de mourvèdre et 20 % de syrah confèrent à ce vin élégance et finesse. Un beau fruité, des épices, de l’équilibre et de la fraîcheur tapissent une bouche généreuse.

• 9,60 euros – Espace Vins Pirard (067 77 31 01).

Propriété de Jean-Michel Cazes (Château Lynch-Bages, à Pauillac), le Minervois 2012 Domaine L’Ostal Cazes-Estibals est issu de 62 ha situés au pied de la Montagne Noire sur un sol argilo-calcaire. Elaboré à partir des vins les plus souples et des vignes les plus jeunes, ce 2012 assemble syrah (60 %), carignan (20 %) et grenache. Sous des arômes de cassis, il attaque en souplesse sur les fruits.

• 10,90 euros – De Coninck (02 353 07 65).

Loire

La Loire, le plus long fleuve de France ne se contente pas d’être les Champs-Elysées des châteaux. Avec ses affluents, elle pomponne les paysages de vignobles. Ainsi dans le Berry où elle sépare le Sancerre (rive gauche) du Pouilly-Fumé (rive droite). Curieusement, le sauvignon prend ici le nom de blanc fumé. On ne confondra pas Pouilly-Fumé (sauvignon ou blanc fumé), Pouilly-sur-Loire (cépage : chasselas) et Pouilly-Fuissé (à base de chardonnay dans le Mâconnais). Sous une robe pâle zébrée d’éclats verts, le Pouilly-Fumé 2014 Lamarthe, sélectionné par André Benoist, accueille un nez léger de buis et d’agrumes. Elégant dès l’attaque sur le sauvignon et le citron, il privilégie la finesse.

• 7,99 euros – Lidl.

Rhône septentrional

Sur 200 km entre Vienne et Avignon, le Rhône coule, impérial, déposant des vignobles sur ses rives. De Vienne à Valence, les Côtes-du-Rhône septentrionales abandonnent quelques-uns des plus grands vins de France. Planté autour du vignoble de l’Hermitage, celui de Crozes-Hermitage est le plus étendu des vins du Nord. Propriété de la Maison Paul Jaboulet Aîné, le Domaine de Thalabert est le plus ancien cru de l’appellation. Les vins sont élevés un an dans des fûts de chêne dont 20 % sont neufs. Très sombre, l’excellent 2011 se révèle aromatique (fruits noirs, chêne, épices, fumé, cacao), riche mais équilibré, frais et goûteux sur des tanins intégrés.

• 32,50 euros – De Coninck (02 353 07 65).

Important vigneron-producteur dans la zone septentrionale, Yves Cuilleron cultive quelque 50 ha et une vingtaine de références. On y trouve le marsanne, l’un des trois cépages nordistes en blanc. Les vignes restent enherbées pour freiner l’érosion. Ni insecticide ni pesticide, mais en cas de besoin, le recours à l’effeuillage et aux vendanges au vert. Cuilleron ne vise pas un vin parfait, mais marqué par le terroir, le millésime et d’un caractère original et traçable. Le Marsanne 2014 Les Vignes d’à Côté plaît sous des effluves de fruits, avec un soupçon de miel. Souple, harmonieux, ponctué par une fine amertume désaltérante, il est à boire dans les quatre ans à 10° C. Restons chez Cuilleron, le temps d’apprécier un remarquable Syrah Les Candives 2013

• 11,10 euros le blanc, 15,40 euros le rouge – Godaert-Van Beneden (02 410 13 68).

C’est sur la rive droite du Rhône, au nord de Tournon que le St-Joseph, le “vin des Mauves” cher à Victor Hugo (Les Misérables), déroule ses ceps. La qualité varie selon les vignobles. On fera confiance au beau St-Joseph 2012 Mairlant de François Villard. Les 18 mois d’élevage en fûts (10 % sont neufs) concèdent une touche de bois neuf à un bouquet de fruits noirs, couenne de lard et gibier. La bouche confirme sur des tanins goûteux

• 20,80 euros – Godaert-Van Beneden (02 410 13 68).

Rhône méridional

Alors que dans la partie nord des Côtes-du-Rhône, c’est la rigueur : un raisin (syrah) pour les rouges, trois pour les blancs (marsanne, roussanne et viognier), au sud, c’est la diversité avec une demi-douzaine de plants pour le blanc et jusqu’à 13 autorisés à Châteauneuf- du-Pape. Chez Michel Arnaud, au Domaine de la Millière, on se limite à cinq raisins (grenache, syrah, mourvèdre, cinsault et counoise) dans un paysage de pins, chênes vert, amandiers et garrigue. Des 26 ha du vignoble, 14 se répartissent les cuvées de Châteauneuf-du-Pape. Sombre, le 2012 libère compotée de fruits noirs, frangipane, épices et senteurs de garrigue sur un bon soutien tanique.

• 25,59 euros – www.corawine.be.

Vinifié à partir de grenache, syrah et carignan le Côtes- du-Rhône Les Truffiers Réserve 2014 s’ouvre sur des baies mûres, d’épices et de notes viandeuses. Le palais confirme avec fraîcheur et se prolonge sur des tanins fondus. Franc et agréable, il est paré pour la soif et des préparations simples. Il demande à être présenté un peu frais.

• 4,99 euros – Delhaize.

C’est sous le nom d’Ortas que la Cave de Rasteau diffuse sa production depuis 2006. Les vignes de grenache noir (70 %), syrah (20 %) et carignan mûrissent sur des terrasses argilo-calcaires recouvertes de galets roulés. Les 80 coopérateurs-récoltants cultivent environ 700 ha de vignes. Maîtrise des rendements, épamprage (éclaircissement des plants), vendanges en vert (pour syrah et mourvèdre) sont au programme selon les aléas des millésimes. Après une touche animale, du fumé et des fruits, le Rasteau 2013 Les Peyrières de la Cave de Rasteau signe fraîcheur et équilibre sur la langue. Un vin et un prix remarquables dans une appellation peu courue.

• 6,49 euros – Colruyt.

Le Gigondas de Pierre Amadieu culmine à 400 m, à quelques battements d’aile des falaises du Pas de l’Aigle. Terroir d’exception, ceps de 40 ans, travaux manuels, sélection des grappes, cuvaison d’un mois, rendements drastiques (une trentaine d’hl/ha), élevage pendant 24 mois en barriques de l’Allier limitent la production à moins d’une bouteille par cep. Complexe, le Gigondas 2011 Le Pas de l’Aigle Grande Réserve de Pierre Amadieu marie épices (poivre), violette, pruneau au-dessus d’un ensemble concentré, étalonné de tanins serrés. Impressionnant.

• 20,59 euros – Gelin (02 332 18 37).

Vacqueyras est une appellation communale des Côtes-du-Rhône méridionaux sise au pied des Dentelles de Montmirail. Le blanc 2014 sélectionné est une Cuvée Prestige réussie par les Vignerons de Caractères, un groupement corporatif de 80 familles cultivant 800 ha de ceps, dont une bonne partie en agriculture raisonnée ou biologique. Fruité avec des arômes floraux et exotiques, il dévoile un gras mesuré soutenu par une belle fraîcheur. Equilibré.

• 9,99 euros – Makro.

Sud-Ouest

L’opulent Sud-Ouest, pays à la fois du foie gras, du cassoulet, des truffes, de la garbure et des confits, du roquefort et d’une étonnante palette vineuse, a tout pour séduire le voyageur. Prolongeant les vignes de la Gironde, la Dordogne importe les cépages du bordelais qu’elle mâtine de plants locaux. Le Monbazillac rêve à l’ampleur du sauternes. Il s’étend sur 3.500 ha et cinq communes. Les raisins sémillon, sauvignon et muscadelle mûrissent exposés au Nord sur la rive gauche de la Dordogne. La fraîcheur des matinées d’automne favorise la formation de la brume et la pourriture noble. Issu de ce microclimat, le Monbazillac 2014 Réserve de Balmont est une bonne entrée de gamme à petit prix. Harmonieux dans ses expressions moelleuses, il se sert à l’apéritif, avec foie gras.

• 4,99 euros – Lidl.

Au pied des Pyrénées, localisé dans la vallée de l’Adour, le Madiran fut le compagnon des pèlerins à Saint-Jacques de Compostelle. C’est un vin solide et rude qui s’est amadoué pour être plus rapidement prêt et ne pas heurter les papilles. Il vient du tannat et de quelques autres cépages (cabernet sauvignon et franc, fer-servadou). Le Madiran 2012 Réserve des Tuguets est mis en scène par les Producteurs des Vignobles de Gascogne, coopérative géante commandant 5.000 ha de vignes. Des fruits mûrs percent, avec des épices une matière souple, bien équilibrée sur des tanins aimables.

• 4,99 euros – Colruyt.

Espagne

Peu de pays ont réalisé autant d’efforts qualificatifs que l’Espagne depuis son entrée dans l’Union européenne. Sa production est aujourd’hui la 3e (36,6 millions d’hl) derrière l’Italie et la France alors qu’elle les dépasse en superficie de vignobles. Jouxtant la Rioja au sud, la Navarre bute sur les Pyrénées au nord. Elle est limitée à l’est par l’Aragon et le Pays basque à l’ouest. Région à vin rouge et rosé, elle réalise de belles avancées technologiques. Raisins tempranillo et cabernet franc élaborent le 2011 Navarra Crianza du Señorio Sarra. Un vieillissement de 12 mois en fûts américains favorise une touche de vanille dans un fin boisé. Fruité, épicé avec un soupçon de balsamique, il évolue sous un bel équilibre.

• 7,95 euros – De Vin en Vin (010 40 02 55).

Serge Tonneau

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