Une ville allemande refait le trottoir pour purifier son air

Des dalles anti-smog à Bottrop. © Steag

Quand il s’agit d’innovations, la commune de Bottrop, située en Allemagne, ne manque jamais d’imagination. En témoigne son nouveau trottoir anti-smog.

Dans la région industrielle de la Ruhr, une petite ville de 116.000 habitants fait beaucoup parler d’elle. Longtemps spécialisée dans la traditionnelle industrie minière, la commune de Bottrop a opéré un virage à 180 degrés, jusqu’à devenir un fleuron de l’innovation en matière de développement durable. Sa dernière trouvaille ? Le Photoment, un béton anti-smog.

Des dalles pour purifier l’air

Le smog, c’est cette épaisse brume qui recouvre parfois des villes entières. Paris, Londres, Shanghai et bien d’autres ont fait connaissance avec ce mélange de polluants atmosphériques, principalement composé d’ozone et de particules fines. Mais dans la commune de Bottrop, il n’en est pas question. La municipalité pense avoir trouvé dans le Photoment la solution idéale pour purifier son air. Ce composant, elle a choisi de le couler dans les dalles de ses trottoirs.

Le maire de Bottrop Bernd Tischler (à droite) inaugure les premiers pavés anti-smog de la ville.
Le maire de Bottrop Bernd Tischler (à droite) inaugure les premiers pavés anti-smog de la ville.© Steag

Dans ces dalles, on trouve du dioxyde de titane. Grâce aux ultraviolets reçus par le soleil, il transforme l’oxyde d’azote en ions nitrates. Si cela permet d’éviter la formation de smog c’est parce qu’en temps normal, ces oxydes d’azote se muent en ozone. Les ions nitrates eux sont aussi moins dangereux. Des dalles, ils se retrouvent acheminés dans les égouts lorsqu’il pleut. Et pour les plus inquiets, sachez que les concentrations seraient trop faibles pour que cela ne contamine l’eau et pose un quelconque problème de sécurité sanitaire.

Des applications encore limitées

Ce sont pour l’instant 750 mètres carrés de Photoment qui ont été installés à Bottrop, au coeur d’un croisement routier. Ce revêtement permettrait d’éliminer en moyenne 2,4 micro-grammes d’oxyde d’azote par mètre carré par heure. Un score honorable qui avait déjà séduit la ville de Laupheim. Celle-ci a coulé l’an passé du Photoment sur une surface avoisinant les 500 mètres carrés.

Côté porte-monnaie, ce béton d’un genre un peu spécial est plus cher de 3 à 5 euros le mètre carré que ses concurrents traditionnels.

Le 16 février dernier, le smog recouvrait tout Wuhan, une ville chinoise.
Le 16 février dernier, le smog recouvrait tout Wuhan, une ville chinoise.© reuters

Les applications de cette technologie sont pour l’instant encore peu nombreuses. Parmi elles, un mur anti-smog bordant une route parisienne, à hauteur de la porte des Lilas. On estime qu’à l’air libre, il réduirait les quantités d’oxydes d’azote de 15 à 20%. Autre projet, pas encore abouti cette fois, celui de l’ambitieux Vincent Callebaut. Cet architecte aspire à créer deux tours dépolluantes sur les rives du canal de l’Ourcq, à Paris. Il pourrait pour ce faire s’inspirer du constructeur GTM, qui a mis au point un enduit capable de dépolluer l’air. Ces initiatives reposent sur le même principe que Photoment.

Il reste cependant un problème majeur: ne sont éliminés que les oxydes d’azote. Or, ce n’est là qu’un polluant parmi d’autres.

En Chine, où le smog est devenu un véritable fléau, les méthodes sont de ce fait parfois plus radicales qu’une simple couche de dioxyde de titane, à l’image de ce canon censé disperser la brume.

Perrine Signoret

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