Une ex-commissaire européenne chez Uber

Neelie Kroes © Reuters

L’ancienne commissaire à la concurrence puis aux nouvelles technologie, Neelie Kroes, va aider Uber à mieux négocier avec les pouvoirs publics qui bloquent ou freinent son développement.

L’ancienne ministre de la Mobilité de la Région de Bruxelles Capitale, Brigitte Grouwels, n’a pas dû être surprise de l’arrivée de la Néerlandaise Neelie Kroes chez Uber. En 2014, lorsqu’elle était encore commissaire aux nouvelles technologies (digital agenda), elle avait violemment critiqué une décision de justice qui interdisait le service UberPop dans la capitale. La ministre régionale avait riposté à la VRT radio : “Les règles sont faites pour être suivies. Si elle avait été ministre en Belgique, Kroes aurait probablement dû démissionner après de tels propos”.

Neelie Kroes n’avait pas démissionné et toujours pas changé d’idée. A 74 ans elle soutient l’économie participative et les plateformes numériques. Chez Uber, elle participera à un conseil pour aider Uber à mieux négocier avec les gouvernements. Ce conseil compte quelques noms prestigieux, dont Ray LaHood, ancien secrétaire au transport de l’administration Obama ou Roberto Danino, ancien premier ministre péruvien. Cela suffira-t-il pour qu’Uber puisse convaincre les autorités des villes européennes ? Elles se montrent nettement plus difficiles à convaincre que celles des villes américaines. La stratégie d’Uber, fort agressive, consiste à installer ses service et à se préoccuper plus tard des questions réglementaires. En espérant que les citoyens, ravi par la modernité du service par smartphone et par le prix, créeront une pression suffisante pour que les autorités locales fassent une place parmi les taxis, hyperéglementés et peu populaires. Chaque fois Uber cherche à gagner une bataille médiatique.

Blocages en Europe

Aux Etats-Unis l’approche a plutôt réussi. Uber est parvenu à “ringardiser” les règles des taxis et à se faire peu ou prou accepter. En Europe le développement est nettement plus difficile, l’opposition des taxis y est plutôt efficace, surtout contre le service UberPop, le moins coûteux, assuré par des particuliers avec leur voiture personnelle (le service “standard” d’Uber, plus cher, est presté par des chauffeurs professionnels). Plusieurs batailles rangées ont été perdues. A Bruxelles, le service UberPop a dû s’arrêter après une condamnation par la justice. Le service a été suspendu à Paris, où deux dirigeants d’Uber avaient même été mis en 2015 en garde à vue à Paris et mis en examen. UberPop a aussi été interdit à Madrid à partir de 2014 et abandonné l’an dernier à Amsterdam.

L’arrivée de Neelie Kroes et d’autres personnalités montre la volonté d’une approche plus soft, moins “fait accompli” que celle suivie jusqu’à présent, en cherchant davantage la coopération avec les autorités qu’un affrontement par média interposé. L’objectif est de porter un peu plus loin une société dont la valorisation dépasse les 60 milliards de dollars, et de faire accepter l’éventail des services en tant que complément aux transports en commun. Selon Bloomberg, Neelie Kroes et les autres personnalités appelées à conseiller Uber seront payées en actions. Neelie Kroes a été commissaire à la concurrence de 2004 à 2010 et à l’agenda digital de 2010 à 2014.

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