Un coup de pouce éthique pour des projets à impact positif

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De nombreux projets à impact positif pour la société sont imaginés par des entrepreneurs ambitieux et créatifs. Mais comment trouver un financement ? A quelle porte frapper ? Avec quels arguments ? Pour beaucoup d’entreprises porteuses d’innovations sociales et durables, la levée de fonds est un véritable parcours du combattant. La nouvelle plateforme Solifin est désormais là pour les accompagner.

Lancée le mois dernier, Solifin – initiative de différents acteurs de la finance éthique et durable, actifs en Belgique – est née de deux constats. ” Le premier est qu’il existe en Belgique de nombreux acteurs de la finance ayant la volonté de contribuer au développement d’une société plus juste et plus solidaire, commente Sevan Holemans, coordinateur du projet Solifin. Ils sont désireux de soutenir des projets solides et de qualité, oeuvrant à un changement positif durable. Mais seuls, il leur est parfois difficile d’être visibles. Créer des synergies avec d’autres acteurs partageant les mêmes valeurs était donc une piste intéressante à suivre. Le deuxième constat est que de nombreux entrepreneurs sont en recherche des financements nécessaires au lancement ou au développement de leur projet à impact positif et ne savent pas forcément vers quels acteurs se tourner. ” C’est ainsi qu’est née l’idée de créer la plateforme, pour guider les porteurs de projets dans leur recherche et les mettre en relation avec des investisseurs potentiels.

La plateforme propose une cartographie des différents acteurs du financement ainsi que leurs outils.

A la base de Solifin, on retrouve Citizenfund, Lita.co et Groupe One qui furent les ” petits poucets ” du projet. Tout au long de l’année 2018, de nouveaux partenaires tels que Scale Up, SI2 Fund, Credal, la banque Triodos et Village Finance les ont rejoints. ” Fin 2018, un dossier a été remis à la Région bruxelloise dans le cadre du Small Business Act. Nous avons obtenu un financement pour lancer la plateforme Solifin et l’ASBL a été créée dans la foulée “, explique Sevan Holemans. Aujourd’hui, l’association compte 14 membres effectifs et est chapeautée par un comité éthique composé d’experts en la matière ou issus du monde académique qui donnent bénévolement de leur temps à l’association. Quatre autres nouveaux membres devraient les rejoindre d’ici la fin de l’année.

Un coup de pouce éthique pour des projets à impact positif
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Du virtuel au réel

” Solifin, c’est d’abord un outil online, didactique et trilingue adapté aux entrepreneurs qui veulent faire appel à un financement éthique et durable pour leur projet, précise Sevan Holemans. La plateforme propose une cartographie des différents acteurs du financement ainsi que leurs outils. Via un moteur de recherche composé de quatre questions, le porteur de projet peut identifier les acteurs pertinents pour sa levée de fonds. Grâce à cet outil, les entrepreneurs ne perdent plus de temps à chercher où trouver des fonds et découvrent aussi des investisseurs ou des outils de financement dont ils ignoraient l’existence. Nous les aidons ainsi à s’adjoindre un mix de financements sur mesure totalement adapté à leurs attentes et leurs contraintes. ”

Ensuite, au travers de sessions de matchmaking, Solifin propose aux starters de passer du virtuel au réel. ” Chaque mois, nous organisons des sessions de rencontre entre les porteurs de projets et les investisseurs, poursuit le coordinateur. Cela permet de rencontrer un panel d’investisseurs potentiels, en un seul lieu et un seul moment, le temps d’un après-midi. L’idée n’est pas de finaliser des deals ou des financements, mais bien d’accélérer la prise de contact. ” Des rendez-vous peuvent ensuite être pris en vue de la concrétisation des projets.

Pour que ces sessions soient les plus efficaces possibles, un atelier de préparation est proposé aux entrepreneurs. Durant ces ateliers, des experts en accompagnement d’entreprise leur prodiguent des conseils afin de maximiser leurs chances de succès auprès des investisseurs. ” Nous leur expliquons par exemple, qui sont les acteurs qu’ils vont rencontrer, quels sont leurs outils de financement, quel rôle ils sont susceptibles de jouer dans leur conseil d’administration, quelle est leur politique de retour sur investissement, comment pitcher leur projet, etc., précise Sevan Holemans. A terme, nous souhaitons aussi accompagner les porteurs de projets à d’autres niveaux, par exemple en abordant la valorisation de leur entreprise ou encore la mesure et la présentation de leur impact environnemental et sociétal. ”

Objectifs et ambitions

Une des ambitions de Solifin pour l’année prochaine est de développer cet accompagnement et de partager les expériences, les bonnes pratiques et les erreurs pour que ce secteur grandisse. ” Notre souhait est qu’une partie de l’argent issu des secteurs classiques soit réinvesti dans cette économie à impact positif, déclare le coordinateur de la plateforme. Pour ce faire, il nous faudra trouver de nouveaux membres effectifs désireux de soutenir ce type de projets. Actuellement, nous avons plus de membres du côté francophone de la Belgique. En Flandre, le projet met un peu plus de temps à démarrer. ”

Un autre objectif de l’ASBL sera de fournir à la Région des statistiques sur les entreprises à impact positif, par exemple le nombre de projets qui rentrent, les montants totaux recherchés, les montants financés par le réseau, etc. ” Cela permettra aussi de savoir pourquoi certains projets ne sont pas financés et comment on peut y remédier “, conclut Sevan Holemans.

Par Gaëlle Hoogsteyn

Pousser des projets tels que Urbike ou Do Eat

Mais qu’est-ce exactement qu’une entreprise à impact positif ? ” Il s’agit d’une entreprise qui participe de manière significative à une économie plus durable en développant des projets répondant à des besoins sociaux et/ou environnementaux pressants, mal desservis par les solutions actuelles, explique Sevan Holemans, coordinateur de Solifin. L’objet social de l’entreprise et son intentionnalité sont très importants, tout comme ceux du ou des acteurs qui vont la financer. Par ailleurs, l’impact du projet doit aussi pouvoir être clairement mesuré et analysé via des indicateurs bien précis. ”

Le financement à impact positif soutient ainsi des entreprises telles que Urbike et son service de mobilité douce, Do Eat et ses emballages comestibles, BC Materials et ses matières premières de construction fabriquées à partir de déchets de chantier ou encore Sumy et sa flotte de camions roulant au gaz qui ne fait aucun bruit et participe à la décongestion du trafic. ” Tous ces projets sont dans l’air du temps et vont sans aucun doute se multiplier dans les années à venir, commente Sevan Holemans. Il y a un engouement énorme, tant du côté des entrepreneurs que des investisseurs et des consommateurs. Le grand défi pour tous ces projets est de trouver un modèle économique durable et rentable. En effet, les porteurs de projets sont bien souvent passionnés par ce qu’ils font mais ne disposent pas toujours du bagage ‘business’ qui permettait à leur entreprise d’être pérenne. ”

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