Un “Brexit dur” pourrait causer de gros soucis à Ryanair et EasyJet

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C’est une conséquence possible du Brexit : Ryanair et EasyJet pourraient inviter des actionnaires à revendre leurs titres. Pour éviter à ces compagnies de perdre l’accès libre au marché de l’UE.

Gros soucis pour Ryanair et EasyJet : si le Brexit “dur” promis par Theresa May se réalise, ces compagnies pourraient perdre l’accès au marché libéralisé de l’air dans l’UE qui a fait leur fortune. Pour bénéficier du statut de compagnie européenne, la majorité du capital doit rester entre les mains d’actionnaires basés dans l’UE. Avec le Brexit, les investisseurs britanniques seront exclus du calcul. Pour Ryanair, les actionnaires de l’UE passeront de 60 à 40% du capital, pour EasyJet, ils tomberont de 84 à 49%.

Le statut des compagnies prévoit une vente obligatoire des actions

Interrogé voici quelques mois lors d’un passage à Bruxelles, Micheal O’Leary, CEO de Ryanair, avait déclaré à Trends.be que ce n’était pas un souci. “On discutera avec les actionnaires pour que certains vendent leurs parts” avait-il expliqué. En fait, selon le Financial Times, les statuts des deux compagnies donnent la faculté à la société de forcer les actionnaires hors de l’UE à vendre leurs titres pour que la compagnie conserve son statut européen. Le groupe IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus) a prévu le même dispositif. Il prévoit que les compagnies peuvent émettre un “restricted share notice” aux actionnaires non EU leur ôtant l’accès aux assemblées générales et, a fortiori, de voter, et les obligeant à vendre les titres dans un certain délai. C’est l’arme la plus rude. Le plus vraisemblable est que le compagnies négocieront ces mouvements à l’amiable, éventuellement dans le cadre d’un rachat d’actions.

La règle de la majorité en vigueur dans l’UE

La règle de la majorité est spécifique au monde aérien. Une règle du même genre s’applique aux Etats-Unis, une compagnie américaine ne peut être rachetée par un actionnaire étranger. Si Ryanair et EasyJet perdent leur statut de compagnie de l’UE, elles pourraient être amenées à négocier les lignes pays par pays, comme c’était naguère le cas partout en Europe, et comme c’est encore le cas avec beaucoup de pays hors de l’UE. Chaque gouvernement pourrait alors accepter ou refuser des lignes pour protéger des compagnies nationales. Les compagnies de l’UE, elles, peuvent ouvrir librement des lignes dans tous les états membres. Aucun gouvernement, aucun aéroport, aucun concurrent, ne peut s’y opposer, sauf problème de capacité.

Un accord global pourrait aussi être trouvé entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne pour maintenir l’accès libre au marché. L’intransigeance manifestée par Theresa May sur le contrôle de l’immigration de tous les étrangers, y compris de l’UE, après le Brexit, rend ce genre d’accord très difficile à imaginer. Ryanair, EasyJet et d’autres compagnies doivent réfléchir dès maintenant à ce problème pour éviter d’être prises au dépourvu. Un changement pourrait bouleverser le marché : Ryanair et EasyJet sont, respectivement, 1ère et 5ème compagnies européennes en nombre de passagers. La première contrôle plus de 25% de part de marché en Belgique.

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