Trois cargos chinois vont sillonner “le passage Nord-Est” pour rallier l’UE

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Le géant chinois du fret Cosco va faire passer au cours de l’été trois cargos à travers l’océan Arctique, après avoir affiché son objectif d’un service “régulier” reliant l’Europe à l’Asie via ce raccourci maritime rendu accessible par le réchauffement climatique.

Selon un communiqué de Cosco – géant du transport maritime sous contrôle étatique -, son navire marchand Yong Sheng a quitté samedi le port de Tianjin (nord de la Chine) à destination du Royaume-Uni, avec un itinéraire empruntant “le passage Nord-Est”.

En raccourcissant d’une dizaine de jours le voyage par rapport aux routes traditionnelles, ce passage arctique ouvre à la Chine, premier exportateur mondial de biens manufacturés, la possibilité de livrer plus vite ses marchandises à l’Union européenne, son principal partenaire commercial.

Cette route maritime reste impraticable une bonne partie de l’année, mais le récent réchauffement climatique et la débâcle de la banquise l’a rendue plus accessible. Pékin y voit une opportunité de remodeler les flux commerciaux mondiaux.

Il s’agit du troisième voyage du cargo polyvalent Yong Sheng à travers les eaux arctiques: il avait été en 2013 le premier bateau de fret à inaugurer la route du Nord-Est, avant de l’emprunter à nouveau à l’automne 2015 pour un aller-retour de 55 jours entre la Chine et l’Europe.

Deux autres navires de fret de Cosco –le Tian Xi et le Xiang Yun Kou– traverseront également l’océan Arctique à sa suite courant août, a ajouté le groupe.

Un responsable de sa filiale Cosco Container Lines avait annoncé en octobre dernier à l’AFP son intention d’établir rapidement “une ligne régulière” via l’Arctique et que “des discussions étaient en cours” à ce sujet, mais sans dévoiler de calendrier.

Surtout, Cosco est aiguillonné par les ambitions ouvertes du gouvernement chinois dans ce dossier.

L’Administration de la sûreté maritime chinoise avait publié en mai un guide comprenant cartes marines et descriptions de l’état des glaces le long du passage du Nord-Ouest, une autre route arctique, pour inciter les navires chinois à y passer –alors que le Canada le considère comme appartenant à ses eaux territoriales.

La Chine n’est pas riveraine de l’Arctique et n’a aucune revendication territoriale dans la région, mais elle n’en a pas moins obtenu il y a trois ans de pouvoir rejoindre à titre d’observateur les pays membres du Conseil de l’Arctique, un forum intergouvernemental.

Pour Pékin, le raccourci polaire s’avère stratégique, la quasi-totalité des exportations du géant asiatique transitant par la mer.

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