Tony Hayward, le serial-gaffeur de BP

© Epa

Tony Hayward, dit “Patapouf” pour ses bourdes à répétition, vit ses dernières heures à la tête du groupe britannique BP. Trends.be fait le point sur les nombreux impairs d’un patron très mauvais en communication.

Depuis l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon qui a fait 11 morts, et qui continue de souiller les eaux et les côtes du golfe du Mexique, le dispositif de gestion de crise du groupe BP fonctionne à plein. Partout le groupe se confond en excuses. Il est présent sur tous les réseaux sociaux, Twitter et Facebook inclus, et répond à la presse comme aux internautes sans sourciller. Il se présente confus devant l’administration américaine, et n’hésite pas à lancer de gigantesques campagnes de communication dans les médias américains pour prôner sa détermination à “limiter l’impact” due à la catastrophe….

Jusque là, si le groupe était parvenu à endiguer la marée noire, on aurait presque pu considérer qu’il avait fait une campagne de communication exemplaire : il a admis sa responsabilité dès les premières heures du drame et a assuré avoir la situation bien en main. En réalité, le groupe n’a pas arrêté de multiplier les erreurs. Et son PDG, n’y est malheureusement pas pour rien : il a été incapable d’estimer la gravité de la situation à sa juste mesure, d’adopter la posture du calme dans la tempête, et d’user d’une rhétorique destinée à restaurer la confiance. Désinvolte, larmoyant, autocentré et imprudent, Tony Hayward multiplie les gaffes depuis maintenant plus de deux mois. Au point que le patron de BP quittera le groupe en octobre. BP a indiqué que le départ de M. Hayward, 53 ans, se faisait “d’un commun accord” avec celui-ci… Retour sur une série de gaffes, mémorables…

La régate de trop : le 19 juin C’est ce qu’on pourrait pour le moins appeler un manque de délicatesse. Alors que la marée noire continue de déverser des millions de litres de pétroles dans le golfe du Mexique, Tony Hayward décide de prendre ce samedi 19 juin un jour de congé. Bien mérité ? L’endroit en tous cas est mal choisi. En famille, devant les cameras du monde entier, il participe à une régate autour de l’île de Wight, à bord d’un voilier qu’il possède en partie, d’une valeur de 300.000 euros. Un déluge de critiques s’ensuit, les Américains y voient une nouvelle insulte aux victimes de la marée noire.

“Je voudrais retrouver ma vie d’avant”, Climatebrad, 31 mai 2010

“I would like my life back…”, cette petite phrase de Tony Hayward, le PDG du géant pétrolier, a fait le tour du web. Face aux caméras, Tony Hayward s’est excusé platement auprès des habitants du Golfe du Mexique pour la “disruption massive” causée par la marée noire, avant d’assurer qu’il était le premier à vouloir que ça cesse pour retrouver notamment sa vie d’antan et revoir sa Grande-Bretagne… Le Huffington Post ne compatit pas et la population locale encore moins.

“Je pense que l’impact sur l’environnement de ce désastre sera très, très modeste”, Sky News, 18 mai 2010

Malheureusement pour lui, depuis que cette phrase a été prononcée, la fuite n’a toujours pas été colmatée. Par contre les estimations sur le nombre de barils de bruts s’échappant chaque jour de la nappe de pétrole n’ont cessé d’augmenter. Au point de provoquer l’agacement non mesuré de l’administration américaine, qui a fini par se rendre compte que depuis le début, le pétrolier donnait une estimation plus qu’approximative du nombre de litre de pétrole s’échappant chaque jour de la fuite.

“Cette fuite était minuscule en proportion de l’immensité de l’océan”, Guardian, 14 mai 2010 Pour être tout à fait exact, la phrase authentique est un peu moins grotesque. Quoique ? “Le golfe du Mexique est très grand et le volume de pétrole et de dispersant que nous y mettons est minuscule comparé au volume total de l’eau”. Rassurés ?

“Il est vrai que depuis que le drame est arrivé, j’ai des difficultés à dormir”, Times, 13 mai 2010

Là encore, le patron de BP a donné dans le mélo, en assurant à un journaliste du Times que depuis le début de la crise il avait quelques problèmes de sommeil. Pas très classe, surtout lorsqu’on dirige l’une des plus grosses entreprises au monde, et que cette entreprise est en train de mettre à plat toute l’économie d’une région, et de tuer par la même occasion son écosystème.

“Que diable avons nous fait pour mériter cela ?” , New York Times, 29 avril Le patron de BP a eu la dignité de ne pas lancer cette phrase devant un parterre de journalistes, mais devant ses cadres dirigeants, et on l’en remercie. Manque de chance, elle a fini par fuiter dans la presse. Et ce sont toutes les familles des victimes, les pêcheurs, l’industrie du tourisme… qui ont du se demander à leur tour ce qu’ils avaient fait pour mériter ça ?

“Nous ne pourrons l’emporter ici qu’en gagnant les coeurs et les esprits des populations locales”… … a-t-il déclaré fièrement, ignorant apparemment que “les coeurs et les esprits” est une expression à tout jamais associée à la débâcle de la guerre du Vietnam. Il est peut-être britannique, mais ce n’est pas une excuse.

“Apollo 13 n’a pas entraîné la fin du programme spatial. Le crash de l’avion d’Air France au large des côtes du Brésil n’a pas entraîné la fin de l’industrie aéronautique”, The Guardia, 14 mai 2010

Faut-il s’en féliciter ? En tous cas, l’affirmation est des plus mal posée. Quand une question, elle, se pose de plus en plus : faut-il craindre pour l’avenir de BP ?

Julie de la Brosse

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