Taxe rose, taxe bleue : quand les supermarchés font de la discrimination

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En France, un comparateur de paniers d’achats s’est attaché à déceler le vrai du faux sur la taxe rose. En moyenne, les femmes payeraient leurs produits de beauté et d’hygiène 4% plus cher plus que les hommes.

La taxe rose, cela fait plusieurs mois qu’un collectif français, du nom de Georgette Sand, la montre du doigt. D’après ses partisans, il y aurait en effet des écarts de prix importants entre des produits identiques, selon s’ils sont destinés à un public féminin, ou masculin. Sur le site du collectif, on trouve par exemple une mousse à raser de supermarché. Même composition, même contenance, mais une couleur différente. Rose pour les filles, bleu pour les garçons. Le prix s’est aussi offert un petit lifting : dans le premier cas, le flacon coûte 1,81 euros. Dans le second, 1,09 euros.

2200 magasins passés au crible

A l’époque déjà, la révélation avait attiré l’attention des médias, parmi lesquels le New York Times. “Bien sûr, le problème existe ailleurs qu’en France“, y était-il écrit. En effet, en 2010 déjà, un rapport avait démontré que les déodorants, crème à raser, gels douche ou encore, plus étonnants, les médicaments destinés à apaiser les maux de ventre, étaient touchés par la taxe rose.

Taxe rose, taxe bleue : quand les supermarchés font de la discrimination
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MonsieurDrive, un comparateur indépendant de paniers d’achats, a décidé de mettre ces théories à l’épreuve des faits. C’est en France qu’il a enquêté sur les écarts de prix de vingt-six produits, dans la gamme hygiène et beauté. Pour chacun de ces produits, il a choisi une version ‘masculine’ et une ‘féminine’, de qualité et aux propriétés à priori identiques. 2200 magasins parmi sept enseignes différentes, ont été passés au crible. Résultat, le panier “rose” coûterait en moyenne 4% de plus que le “bleu”. Sur un caddie de 35,40 euros pour ces dames, cela représente un surcoût d’un euro et cinquante centimes.

Le chiffre ne vous semble pas si impressionnant que cela ? C’est parce que la taxe rose, dont l’étude ne nie pas l’existence, bien au contraire, serait contrebalancée par … une taxe bleue. Ainsi, certains produits seraient plus chers pour ces messieurs que pour ces dames. Parmi eux, les déodorants à bille, “taxés” à 28%, ou encore les shampooings, qui coûteraient jusque 15% plus cher.

Taxe rose, taxe bleue : quand les supermarchés font de la discrimination
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Des chiffres qui varient selon les articles, les marques et les régions

D’après les résultats obtenus par MonsieurDrive, le surcoût engendré par la taxe rose serait lui plus ou moins important selon les articles. Les rasoirs jetables seraient parmi les plus mauvais élèves en matière de discrimination, avec des écarts allant jusque 30% du prix. Les gels douches, selon les parfums, pourraient, eux, atteindre des sommets, avec 45%. D’autres produits subissent une taxe rose moins élevée, comme les crèmes pour le visage, les sticks à lèvres, les gels nettoyants, ou encore certains gels douches.

Cela varie aussi selon les marques. Un homme économisera par exemple 57% du prix d’un déodorant de marque si il lui préfère un déodorant de marque de distributeur. Une femme, seulement 52%. Les shampoing bas de gamme coûteraient quant à eux le même prix quel que soit votre sexe. En revanche, dès que l’on se tourne vers des marques, une différence apparaît.

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L’étude révèle enfin de grandes disparités géographiques entre les différentes régions de l’Hexagone. Par exemple, en Rhône-Alpes, même si les deux paniers sont parmi les plus chers du pays, il y a très peu d’écart entre le rose et le bleu : seulement trois centimes les séparent. En Bretagne en revanche, cette différence s’élève à 1,8 euro.

Perrine Signoret

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