Six entreprises en difficulté par jour en 2012 à Bruxelles

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Le Centre pour entreprises en difficulté (CED) a traité six nouvelles demandes par jour ouvrable en 2012, selon les dernières statistiques du Centre communiquées lundi à l’agence Belga.

Le CED, qui offre un service d’assistance gratuit pour les indépendants et dirigeants de PME bruxelloises en difficulté, a conseillé 1.837 entrepreneurs l’année dernière, contre 1.951 en 2011. 88% des entreprises qui font appel au CED sont endettées et 37% accusent un recul de leurs ventes.

En détail, 709 cas ont fait l’objet d’accueils individualisés ou traitements téléphoniques l’année dernière, 494 de consultations juridiques, 315 de consultations financières, 120 de diagnostics marketing et stratégiques et 199 de télé-conseils.

Le CED remarque, lors du premier rendez-vous, que 88% des entreprises sont endettées, soit à l’égard de l’Etat (55%), soit à l’égard de la banque (19%), soit à l’égard de tiers (33%). “Les dettes sociales ont presque doublé, passant de 19% à 33% entre 2011 et 2012. L’effet rétroactif est la principale cause de cette augmentation spectaculaire. Les secteurs des services sont fortement touchés”, révèle Cindy Torino, conseillère juridique auprès du Centre. De plus, 37% des entreprises qui consultent le CED enregistrent un recul de leur chiffre d’affaires.

“Il apparaît que le principal défi d’une structure telle que le CED relève de la communication: pousser les entrepreneurs à se faire aider beaucoup plus rapidement et à éviter parallèlement tout isolement”, souligne Cindy Torino.

La majorité des entrepreneurs font le suivi de leur activité par le biais de leur compte bancaire (54%). “Leur vision se limite à une analyse furtive de leur cash à un moment précis, sans prévision”, regrette la conseillère. 18% des entreprises le font sur base de leur chiffre d’affaires, ce qui “n’est pas beaucoup mieux”, celui-ci ne pouvant “être, à lui seul, un indicateur pertinent”. Et enfin, seul un entrepreneur sur trois utilise sa comptabilité comme outil de gestion. “Cela indique toute l’importance d’une sensibilisation forte des entrepreneurs quant à l’utilité de leur comptabilité au quotidien. Trop d’entrepreneurs la considèrent comme une obligation administrative”, selon Cindy Torino.

Un entrepreneur sur trois (32%) ne fait par ailleurs jamais le suivi de son activité. “Ce fait est particulièrement grave en période de turbulences nécessitant des réactions rapides.” Pour 11% des entrepreneurs rencontrés, le suivi est annuel; pour 21%, trimestriel, pour 25%, mensuel; et pour 11% hebdomadaire.

Parmi les activités touchées, l’on retrouve en priorité le commerce de détail (30%), les services aux entreprises (21%), l’horeca (14%), les services aux personnes (10%) et la construction (8%). Dans une moindre mesure, l’artisanat (3%), le commerce de gros (3%) et l’industrie (1%).

Les entreprises davantage concernées sont celles “âgées” de moins de 5 ans (42%), suivies des 5-9 ans (33%), des 10-14 ans (12%) et des 15 ans et plus (13%). Enfin, les formes juridiques les plus en difficulté sont les sprl (57%) et les personnes physiques (28%).

“Les entreprises aidées sont de petites tailles, ce qui semble logique compte tenu de la structure du tissu économique régional. Il en ressort un intérêt fort quant à la considération des facteurs humains et psychologiques dans ce type d’entreprises”, explique Cindy Torino.

Finalement, les causes des difficultés sont souvent les mêmes: les entrepreneurs témoignent de réflexes inadaptés en matière de gestion des ressources, politique des coûts et financements (63%), une dépendance trop forte à un client ou à un fournisseur (33%) et une gestion de trésorerie lacunaire (48%). “Ils gèrent suivant leurs intuitions, n’ont pas de politique de paiements et négligent leurs besoins en fond de roulement.”

Le Centre travaille principalement sur un système de communication positive, de sensibilisation ensuite et enfin de revitalisation, via des guidances personnalisées et des réorientations. Le CED estime, pour les entreprises qui passent par lui, les cas de dépôt de bilan à 35% et de redressement de 25% à 30%. Le reste des 40% se partage entre les dossiers qui sont en phase d’observation (15%) et les entrepreneurs qui “n’ont pas suivi les propositions de travail du Centre et/ou se sont satisfaits d’une première information” (20 à 25%).

Selon les chiffres de Graydon, 2.624 entreprises ont fait aveu de faillite en 2012 à Bruxelles, soit une entreprise sur 62 qui a mis la clef sous le paillasson.

Le CED est uniquement actif en région bruxelloise. Aucun centre homologué fonctionnant à plein temps n’existe au sein des deux autres Régions, exceptés les Centres interprofessionnels de prévention des risques aux entreprises (Cipre) en Wallonie qui organisent des permanences gratuites tous les 15 jours.

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