Sanctions contre l’Iran: des conséquences pour les entreprises belges

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La décision du président américain Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et l’annonce de sanctions économiques auront un impact sur les entreprises belges, réagissent mercredi l’Agence Wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex) et la Fédération des entreprises de Belgique (FEB).

Des sociétés wallonnes espéraient conclure des contrats en Iran prochainement, notamment dans les secteurs de l’industrie mécanique, des infrastructures ou de l’environnement. Le ministre de l’Économie, Kris Peeters, indique suivre “attentivement” la situation.

Selon l’Agence pour le commerce extérieur, la Belgique a exporté pour près de 550 millions d’euros vers l’Iran lors des 11 premiers mois de l’année 2017, contre quelque 115 millions d’euros d’importations. Les exportations belges vers l’Iran ont progressé de 20% en 2016 pour un chiffre d’affaires de 481 millions d’euros, et les importations de 149% la même année, pour un chiffre d’affaire de 173 millions d’euros. L’Iran occupait le 87e rang d’exportation pour la Belgique en 2016 et le 99e pour la Wallonie, d’après l’Awex.

Après la signature de l’accord en 2015 et la levée des sanctions, plusieurs entreprises wallonnes avaient recommencé à prospecter en Iran. Les contacts positifs annonçaient d’ailleurs la future conclusion de contrats, explique Pascale Delcomminette, administratrice générale de l’Awex. “Une trentaine d’entreprises en moyenne étaient présentes lors de nos missions collectives en Iran. Le pays offre des perspectives intéressantes pour les entreprises wallonnes.”

Les secteurs agroalimentaire, de l’industrie mécanique, des infrastructures, de l’environnement et de l’énergie avaient notamment marqué leur intérêt pour le marché iranien.

La décision de Donald Trump aura cependant “un impact réel” sur ces entreprises et constitue une épée de Damoclès qui menace les relations commerciales avec l’Iran, analyse Pascale Delcomminette. “Cela aura déjà des conséquences psychologiques en raison de la peur de rétorsions pour les entreprises. Le secteur bancaire était par ailleurs déjà échaudé par des sanctions douloureuses ces dernières années, qui l’ont rendu légitimement frileux par rapport à l’Iran. Avec le rétablissement de sanctions, les banques seront d’autant plus réticentes pour couvrir des opérations en Iran.”

L’Europe doit désormais puiser dans son arsenal juridique pour protéger les entreprises européennes, ajoute l’administratrice générale de l’Awex.

Le patron de la FEB, Pieter Timmermans, confirme que l’annonce du président américain est néfaste pour les entreprises belges qui exportent. “Il est important que l’Iran modernise ses infrastructures pour la production de pétrole, les transports, la santé, l’énergie mais également les télécoms et les services bancaires”, détaille-t-il. “Cette modernisation prend un sérieux coup avec cette décision.”

Le gouvernement fédéral attend le détail des sanctions américaines mais doit utiliser “tous les moyens possibles” pour soutenir les entreprises présentes sur le marché iranien et maintenir la croissance des exportations, ajoute le ministre de l’Économie, Kris Peeters. “Entretemps nous devons également et rapidement nous concerter tant au niveau belge qu’européen pour analyser les conséquences et prendre position quant à l’avenir que nous allons donner à l’accord du nucléaire iranien”, poursuit-il.

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