Ryanair a-t-il obtenu un discount à Zaventem?

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Lors d’une interview accordée à Trends Tendances, le CEO de Ryanair, Michael O’Leary, a indiqué qu’il a obtenu un ” incentive ” à Brussels Airport, où il est devenu en quelques mois la troisième compagnie en nombre de passagers. Voici une partie de l’entretien, la suite dans le magazine. Brussels Airport dément…

Le vent aurait-il tourné en faveur de Ryanair, à Zaventem ? De passage à l’aéroport de Charleroi, pour fêter le 40 millionième passager de la compagnie à Gosselies, Michael O’Leary, s’est dit satisfait des efforts commerciaux de l’aéroport de Bruxelles. Nettement plus qu’en novembre 2013, lorsqu’il a annoncé l’arrivée de Ryanair à Zaventem pour février 2014 avec 10 vols. Il disait alors : “Nous payerons exactement les mêmes redevances élevées que les autres compagnies”. La situation semble avoir changé…

Tendances. Vous êtes toujours attaché à l’aéroport de Charleroi ?

Michael O’Leary. Lorsque nous avions annoncé le lancement de lignes au départ de Zaventem, on a entendu des commentaires : que c’était une mauvaise nouvelle pour Charleroi, que tout allait déménager à Zaventem. Ce n’est pas vrai. Nous ouvrons 4 nouvelles routes cet hiver à Charleroi. Nous continuons à investir ici. La croissance va repartir. En 2014 il y a eu un petit recul de 200.000 passagers, l’an prochain on pourrait arriver à +4%.

(…)

Avez-vous atteint les 1,5 million de passagers par an promis à Zaventem, lorsque vous avez annoncé l’arrivée de la compagnie dans cet aéroport en février dernier ?

On va dépasser ce chiffre. Pour les 12 premiers mois d’activité, on devrait arriver à 2 millions de passagers. Plus 5,2 à 5,3 millions à Charleroi pour toute l’année. Cela fera une croissance nette de 1,5 à 2 millions de passagers.

Pensez-vous que vous serez le numéro un en passagers en Belgique en 2014 ?

Nous le sommes déjà. On va arriver à 7 millions, Brussels Airlines, aux alentours des 6 millions…

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Vous avez passé de grosses commandes, la flotte passera de 300 à 520 avions sur 10 ans. Où allez-vous chercher la croissance ?

La moitié de la croissance viendra des aéroports secondaires comme Charleroi, et l’autre moitié des aéroports principaux, comme Zaventem.

Vous allez vous développer en Allemagne ? C’est un marché énorme et vous n’y pesez que 4% (25% en Belgique).

C’est un marché énorme qui change très lentement. Les grands acteurs, Lufthansa et Air Berlin, facturent de gros prix, et les aéroports ne voyaient pas la raison de faire des discounts pour encourager Ryanair à croître. Maintenant Air Berlin et Lufthansa ont réduit leurs lignes européennes, alors nous connaissons une forte croissance. Nous avons ouvert Cologne, et allons ouvrir 3 à 4 nouvelles bases dans les 12-18 prochains mois. Il fallait attendre que les aéroports soient prêts à négocier.

Pour “discount”, vous parlez de redevance dégressive, au volume ?

Oui, en échange d’une croissance.

Vous négociez un discount avec Zaventem ?

Il y a un incentive pour la croissance, oui. L’aéroport étudie l’extension d’incitants à la croissance. Ils reconnaissent que s’il veut une croissance pour le futur, avec Brussels Airlines, Lufthansa (premier actionnaire de Brussels Airlines ndlr) n’a pas de commitment dans cette compagnie, ils veulent du trafic pour l’Allemagne. Brussels Airlines continue à avoir des prix élevés (1). Il a besoin de Ryanair pour croître.(Contacté par nos soins ce mercredi, l’aéroport dément. “Nous n’avons pas accordé d’incentive, malgré les demandes répétées”, indique la porte-parole de Brussels Airport, Florence Muls).

(…)

Vous avez lancé un ticket flexible, Business Plus, pour la clientèle d’affaire. Est-ce ça marche ?

Oui, très bien. 25% de notre trafic était déjà du business, plus de 20 millions de personnes, mais on ne faisait rien de particulier pour cette clientèle. On a donc fait un package en mettant ensemble une offre flexible, les formalités en fast track, un embarquement prioritaire, … et ça prend bien.

Pourquoi ne pas pousser la flexibilité jusqu’à rendre ce ticket remboursable, comme c’est souvent le cas pour les ticket d’affaires ?

Il faudrait vendre le ticket nettement plus cher. Or la plupart des clients affaires ne tiennent pas au remboursement, ils veulent surtout la flexibilité. Nous ne voulons pas avoir le souci des compagnies à haut tarif. Si vous avez un ticket totalement flexible, vous pouvez perdre votre revenu le jour du voyage sans pouvoir vendre le siège. Alors vous êtes obligé de faire de l’overbooking, avec, parfois, des soucis à l’embarquement.

La baisse du prix du pétrole est une bonne nouvelle pour vous ?

Franchement on préfère des coûts de carburants stables. Ce n’est pas bon pour l’industrie que le cours du pétrole grimpe ou tombe brutalement. Cela entraine trop de volatilité. De toute manière on se couvre (“hedge” , couverture financière pour garantir le prix du carburant acheté dans les mois qui suivent ndlr).

Dans le fond, quand on achète un ticket Ryanair, on achète surtout du carburant ?

Non… Le carburant représente 40% du ticket, les 60% c’est tout le reste…

(1) Brussels Airlines a néanmoins lancé un tarif plus bas, Check&Go, à partir de 69 euros a-r, pour les vols européens, depuis septembre, et connaît une croissance importante cette année. Celui de Ryanair est plus bas (39,98 euros).

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