Restructuration chez Proximus: les travailleurs se sont sentis abandonnés par l’État

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Après le nouveau CEO, Guillaume Boutin, en décembre, la commission parlementaire Entreprises publiques a entendu mercredi les trois syndicats de Proximus pour écouter leur point de vue sur la situation chez l’opérateur télécom. Tous ont indiqué s’être sentis abandonnés par l’État, principal actionnaire de l’entreprise, au cours des 12 derniers mois marqués par un conflit social sans précédent.

“Le personnel a dû choisir entre la peste et le choléra au moment de voter” le plan de transformation, qui sera notamment marqué par la perte de 1.300 emplois, a martelé devant les députés Stéphane Daussaint, de la CSC-Transcom.

Ce qui ne passe définitivement pas, c’est le manque de soutien de l’actionnaire principal, à savoir l’État, alors que des membres du gouvernement – dont le Premier ministre d’alors, Charles Michel – avaient affirmé début janvier 2019 aux représentants syndicaux “préférer des emplois au dividende”. Mais quelques mois plus tard, mi-avril, les travailleurs avaient appris que “l’État avait soutenu le management dans son plan de licenciement” de masse, une première pour une entreprise publique en Belgique, a souligné Jean-Claude Philippon, du SLFP. “L’actionnaire principal a des bras de levier. Il peut agir”, a-t-il relevé. Il a laissé tomber les employés de Proximus, a-t-il estimé. “Ils se sont retrouvés seuls et ont compris que même dans une entreprise publique, seul compte le profit.”

Pour la CGSP, représentée devant les députés par Bart Neyens, la situation reste chaotique parce qu’il “n’y a pas de plan industriel pour l’entreprise” et qu’elle “n’investit pas assez dans les formations”, alors que Proximus n’a déjà “pas anticipé la numérisation”. Il estime que les élus ont un rôle à jouer dans le contrôle du conseil d’administration de Proximus, affirmant que la direction avait fait des erreurs, et même violer la loi.

Les députés qui se sont exprimés ensuite n’ont pas eu que des éloges pour l’entreprise publique. Outre les critiques venues des bancs de l’opposition (Ecolo-Groen, PS, sp.a, Défi et Pvda), Proximus aura également eu les oreilles qui sifflent aux commentaires de la députée CD&V Nawal Farih qui a pointé l’externalisation du travail, entre autres call-centers au Maroc et service IT en Inde, rappelant que selon elle la responsabilité sociétale d’une entreprise publique “n’est certainement pas d’exporter des emplois mais bien de créer ces emplois d’avenir ici”. L’élu N-VA Michael Freilich a lui évoqué une forme de discrimination liée à l’âge dans le plan de licenciements.

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