Raidillon, la quête du temps de référence

© Raphael Demaret

Pour les fans de voitures, le nom Raidillon est l’un des emblèmes de la course automobile. Depuis un peu plus de 15 ans, c’est aussi un nom que l’on retrouve affiché fièrement sur certains poignets. Avec le chiffre 55 comme référence, la marque Raidillon conçoit des montres du premier croquis à la pause finale du bracelet. Découverte d’un processus de fabrication qui nous emmène à Anvers, Louvain, Rixensart, Bruxelles, avec un détour obligé par la Suisse.

1. Le design

Les montres Raidillon sont dessinées par Axel Enthoven, l’un des plus brillants designers belges, à l’origine notamment du nouveau look des trams et métros bruxellois. Sur base d’une liste de demandes précises, cet Anversois est en charge de modéliser complètement les montres pour Raidillon. ” La difficulté concerne surtout la mécanique qui donne un boîtier assez haut. Il faut donc jouer avec les dimensions “, explique le designer, qui travaille encore de manière classique, sur papier.

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.© RAPHAËL DEMARET

2. La réalisation du”mock-up”

Une fois les premières esquisses dessinées, un mock-up est réalisé. Il s’agit d’une maquette à l’échelle 1 : 1, mais à la différence du prototype, il est produit en résine. Ce tout premier test est effectué chez Materialise, une société basée à Louvain et spécialisée dans l’impression 3D. “Le mock-up permet de visualiser ce que sera la montre, précise le designer. Pour celle-ci, cela m’a permis de me rendre compte qu’il fallait encore l’affiner.”

3. La fabrication des pièces

La Belgique ne disposant pas d’industrie dans le domaine, l’entreprise n’a d’autre choix que de passer par la Suisse pour la fabrication. “Ce que nous regrettons, j’adorerais pouvoir faire ça ici chez des artisans spécialisés”, explique Fabrice de Schaetzen, le CEO de la marque. Les 240 pièces du mouvement de la montre sont donc essentiellement helvètes ou en provenance du Jura français.

4. L’assemblage

Si le premier assemblage se fait en Suisse, Raidillon gère ensuite tout le suivi de la montre et est régulièrement amené à réaliser les mêmes étapes que celles effectuées chez le sous-traitant suisse. “Nous réalisons l’entretien dans un petit atelier à Rixensart, confie Fabrice de Schaetzen. Nous effectuons alors exactement les mêmes opérations.” Le précieux engin est alors entièrement démonté pour être lubrifié, régler d’éventuels problèmes techniques et changer les joints.

Raidillon, la quête du temps de référence
© RAPHAËL DEMARET

5. Le contrôle

Chaque montre est inspectée avant la vente en magasin. “Tous les aspects sont étudiés mais en général, soit il y a eu un défaut à l’assemblage et on le repérera très vite, soit on est bon pour des années”, indique Fabrice de Schaetzen. L’un des contrôles consiste notamment à vérifier que la montre se remonte bien. Elle est donc posée sur un simulateur de portée imitant les mouvements de bras qui permettent au mouvement mécanique d’être remonté. “Si elle reste immobile, la montre a une autonomie de 40 heures”, précise encore le responsable de la marque.

Raidillon, la quête du temps de référence
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6. La pose du bracelet

Le bracelet est directement posé sur la montre en boutique. L’opération se fait en quelques minutes, à la main. Quatre longueurs différentes existent, suivant la largeur du poignet. “Nous avons 300 modèles de toutes les couleurs et dans différentes matières”, se félicite le CEO de Raidillon. La plupart des ventes portent néanmoins sur le cuir de veau classique, issu de la tannerie Masure, installée à Estaimbourg.

Raidillon, la quête du temps de référence
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7. L’emballage

“Lorsqu’on achète une montre, l’écrin est très important, notamment pour les collectionneurs”, lance le responsable de la marque belge. L’entreprise a donc développé un boîtier spécifique pour ses montres et travaille notamment avec Isabelle de Borchgrave, une artiste belge. “L’écrin représente 10 % de la valeur de la montre”, glisse encore Fabrice de Schaetzen.

Par Arnaud Martin.

La montre au service du pays
Raidillon, la quête du temps de référence
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Lancée en 2001, la marque conçoit chaque année environ un millier de montres. Raidillon, dont le nom vient d’un célèbre virage sur le circuit de Spa Francorchamps, compte aujourd’hui plus de 220 modèles différents. Ils sont systématiquement produits en 55 exemplaires et l’ensemble des montres est numéroté. ” C’est un chiffre important pour nous, précise Fabrice de Schaetzen. Il est d’ailleurs souvent repris comme logo. Il y a plusieurs symboliques. Il évoque notamment le nombre de voitures au départ de certaines courses automobiles. ” Raidillon dispose de deux magasins propres, l’un à Anvers et l’autre dans la fameuse galerie de la Reine à Bruxelles. Il a la particularité de se trouver à côté d’un autre revendeur de montres de luxe. Une localisation qui ne dérange pas vraiment le responsable de la marque belge. ” Nous ne sommes pas sur le même marché, je ne le vois pas comme un concurrent direct. ” La plupart des modèles de la marque belge sont vendus entre 1.500 et 3.500 euros.

En une quinzaine d’années, Raidillon a su convaincre des clients prestigieux dont un acquéreur hors du commun. ” Notre montre est devenue depuis quelques années l’un des cadeaux officiels du protocole “, explique fièrement Fabrice de Schaetzen. Chaque année, la marque fournit une grosse dizaine de ses montres aux Affaires étrangères, qui peuvent ainsi les offrir lors de rencontres importantes avec des chefs d’Etat étrangers. ” Je ne sais jamais à qui elles sont finalement offertes “, explique Fabrice de Schaetzen, qui ajoute ne pas gagner d’argent sur ce type de collaboration. Pour ce client particulier, la société a d’ailleurs dû développer un modèle unique qui ne peut pas être vendu. ” C’est une fierté avant tout, affirme le CEO. Je peux juste l’afficher dans nos vitrines. ”

Un modèle hors-série qui n’est d’ailleurs pas le seul chez Raidillon. L’entreprise a même récemment mis en vente un modèle produit à une seule unité. ” Lors d’un gala de charité, nous avons offert la possibilité de créer sa propre montre et de participer à sa conception avec notre designer “, explique le responsable. Un lot finalement remporté par une personnalité belge qui n’a pas hésité à mettre la main au portefeuille. ” Elle est partie pour une somme située entre 10.000 et 20.000 euros mais je n’en dirai pas plus “, sourit le CEO.

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