Qui est Thomas Hermine, le fondateur de l’appli NextRide ?

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Thomas Hermine est un des rares experts belges des applications dédiées à la mobilité. Formé par les MOOC (cours en ligne) et Olivier de Wasseige, il a fait de la multimodalité son nouveau credo. Et il espère faire des adeptes.

Bien sûr, Thomas Hermine n’a pas de voiture. Ni de permis. Il serait embarrassant, pour cet entrepreneur de 27 ans, cofondateur de NextRide, d’aller voir ses clients au volant d’une berline diesel, lui qui s’est fait le champion du bus, du tram et du train. Il s’est créé une petite notoriété en lançant l’appli (gratuite) NextRide, pour guider les voyageurs à travers les réseaux des transports publics du Tec et de la Stib.

Thomas Hermine surfe sur la vague de la ” multimodalité “, l’art de choisir et d’associer les modes de transport les plus appropriés pour arriver à bon port, à l’aide de l’application pour smartphone, appelée “routeplanner”. Une compétence encore rare. Elles proviennent généralement de l’étranger comme Google Maps ou Citymapper (UK). Thomas Hermine cherche à développer la compétence en Belgique pour fournir les entreprises qui veulent des applis sur mesure, tirées des développement de l’appli Next Ride. La start-up s’est installée à BeCentral, un ” campus digital ” situé dans les bâtiments de la gare Centrale à Bruxelles. Il vient de terminer une appli pour les voitures partagées Cambio, facilitant l’inscription des nouveaux abonnés, et aidant les utilisateurs à choisir et trouver leur véhicule. Après voir conçu celle de Modalizy, un service de multimodalité lancé par le groupe Octa+ (facturation unique pour des transports différents, bus, train, tram, vélo, etc.). ” Ne pas posséder de voiture est pour moi plus confortable “, avance Thomas Hermine. Il habite à Bruxelles, près de la place Madou, à un kilomètre de BeCentral (19 minutes à pied, 9 minutes en vélo, 15 minutes en transport en commun). ” Ce que je ne dépense pas en voiture, je le consacre à des solutions de mobilité “.

Traverser un bois…

Thomas Hermine panache, va même jusqu’à la voiture partagée pour les grandes courses – conduite par sa compagne. ” Je ne suis pas militant, mais si je veux développer l’agence nextmoov, je dois être conséquent, même si cela peut poser des problèmes pratiques. ” Il lui est arrivé, pour certains rendez-vous hors des villes, ” de traverser un bois pendant presque une heure “. Parfois il craque : ” Quand je veux impressionner, je prend un Uber X. ”

Ce que je ne dépense pas en voiture, je le consacre à des solutions de mobilité.

Le jeune entrepreneur avait commencé avec Prochainbus, en 2012, rebaptisée NextRide. La passion pour les transports en commun lui est venue à Liège, la ville de son enfance. ” Mes parents habitent Ans, et je prenais tous les jours le bus 81 vers le centre, quand j’étais petit. Je me plaçais près du conducteur, je faisais semblant de conduire. ” Il connaît bien la ligne, ” l’une des pires de la région liégeoise “, en termes de régularité.

L’habitué du 81, lassé d’attendre le bus, imagine une solution. ” Il n’y avait qu’un papier avec l’horaire, j’ai alors bidouillé en 2012 une appli pour iPhone et Android, Prochainbus, pour informer les gens sur les horaires des bus et les incidents. Et cela, sans la collaboration des Tec, qui n’avait pas d’appli (et doivent encore en sortir une). ”

Cette expérience a donné à Thomas Hermine une compétence dans les applis de mobilité, avec la maîtrise des flux de données des opérateurs de transports. Ces derniers mettent à disposition les horaires et, de plus en plus, les infos en temps réel, à travers une politique d’ open data (accès libre aux données), poussée par l’Europe.

Profil

– Né à Saint-Nicolas (Liège) le 9 avril 1990.

– Bachelier en communication à l’Ulg, 2012.

– Master en communication d’entreprise, ULB, 2014.

– Création de la société NextRide en 2015, qui a développé l’agence digitale nextmoov l’an dernier.

ULB et Stanford sur Internet

Thomas Hermine n’a pas de diplôme en informatique. ” Je suis bachelier en communication de l’Ulg, j’ai ensuite fréquenté l’ULB pour faire un master en communication des entreprises, terminé en 2014 “. En parallèle avec l’université, il se tourne vers le Net pour gagner des compétences informatiques.

” La magie de l’Internet, c’est qu’avec peu d’argent, on peut accéder à des cours très intéressants. J’ai ainsi suivi un cours en ligne de Stanford sur la création d’applications pour iPhone”, explique-t-il. ” Et aussi des cours sur une autre plateforme, Code School, pour apprendre la programmation. ” Tel est le paradis des MOOC (massive open online course)

L’appli NextRide a été le résultat de cette (auto)formation. Elle est transformée en société éponyme en 2015, juridiquement basée à Liège, fondé par Thomas Hermine, Margaux De Ré, devenue sa compagne, Mathieu Delvaux et Mickaël Tombal. Margaux De Ré est aussi la digital communication manager du parti Ecolo. Mathieu Delvaux est graphiste. Aujourd’hui, une vingtaine de free-lances s’ajoutent à l’équipe de départ.

Pour apprendre les ficelles du business, Thomas Hermine passe par la case incubateur, chez VentureLab (HEC Liège). Un de ses coachs sera Olivier de Wasseige, actuel administrateur délégué de l’UWE. ” Je lui dois beaucoup, sur la manière de concevoir un business plan, d’aborder des négociations. ”

L’appli NextRide sert de laboratoire et de démonstrateur. ” Nous n’en vivons pas “, reconnaît Thomas Hermine. La société vit surtout des applis créées pour des tiers. C’est pour distinguer cette activité de l’appli qu’il a lancé l’an dernier la marque d’agence digitale nextmoov.

Passage par la Stib, la SNCB, le Tec

Pour apprendre le métier, il est parti en stage dans les sociétés de transport en commun. ” Je suis passé par la Stib et la SNCB “, signale-t-il. ” Au Tec, j’ai travaillé pendant quatre mois à la stratégie digitale. C’était une idée bizarre de ma part, je pensais, après quelques années de NextRide, que je pourrais améliorer le service de l’intérieur. Cela s’est bien passé, mais je suis habitué à être plutôt entrepreneur, à une certaine souplesse. Le Tec, c’est quand même une structure carrée, où l’on pointe en arrivant à 9 h du matin. ” Il ne part pas en mauvais termes. ” Il démontre qu’il y a une vraie compétence des acteurs wallons dans les technologies de mobilité “, reconnaît Stéphane Thiery, directeur du marketing du Tec, ” mais le marché belge est assez étroit, plus qu’en France. ”

Le passage par la case Tec s’explique aussi par l’inquiétude qu’avait Thomas Hermine au lancement de la société NextRide. Les revenus étaient maigres, ses parents s’inquiétaient, entrer au Tec rassurait. Lui-même se posait des questions. Il n’a pas d’entrepreneur dans sa famille (son père travaille dans un hypermarché, sa mère est logopède). ” Ce passage au Tec était un bon moyen de me rendre compte que j’étais entrepreneur. ”

Aujourd’hui, NextRide/nextmoov vend ses services, notamment à Octa+ avec l’offre Modalizy, une carte proposée aux entreprises pour encourager la multimodalité. L’appli concoctée par Thomas Hermine informe les bénéficiaires du service des meilleurs moyens à utiliser pour arriver à destination un peu partout en Belgique, en intégrant un maximum de possibilités, y compris Uber.

” Il y a deux ans, on découvrait le secteur , déclare Alain Allyn, business development manager de Modalizy. Il y avait très peu de développeurs pouvant réaliser une application organisant la multimodalité, nous avons alors contacté Thomas Hermine. L’application NextRide montrant une compétence certaine. Il avait appris de ses erreurs. ”

Des capteurs dans les sièges

Thomas Hermine était surpris de voir Octa+, l’entreprise à l’origine de Modalizy, le contacter. ” Je me suis demandé ce qui se passait, on était approché par un patron du pétrole ! ” se souvient-il, encore surpris. Il est appelé par Etienne Rigo, le patron d’Octa+. Le CEO du fournisseur d’énergie cherche à diversifier l’activité vers les bornes de recharge électrique et les services de mobilité. ” J’étais séduit par cette volonté de se diversifier dans la mobilité, alors qu’ils n’y sont pas vraiment obligés “, sourit Thomas Hermine.

Il voit aussi ses loisirs en forme d’applications. Chez lui, à Saint-Josse, il a bricolé sa domotique. ” J’ai mis des capteurs dans les fauteuils, dans le lit, un peu partout, pour allumer et éteindre automatiquement l’éclairage dans les pièces. Et puis, j’adore pouvoir éteindre ou allumer toutes les lumières juste en utilisant une application. ”

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