Quand Toyota limitait les rappels de ses voitures aux Etats-Unis

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Un document interne met en lumière le lobbying entrepris par Toyota auprès des autorités américaines de sécurité routière, alors que le PDG du constructeur japonais doit se rendre à Washington mercredi pour s’expliquer devant le Congrès sur les rappels massifs de véhicules.

Voilà qui ne devrait pas faciliter la tâche à Akio Toyoda. La publication dimanche d’un document dans lequel Toyota se vante d’avoir minimisé l’impact financier de précédents rappels grâce au lobbying de son bureau de Washington risque d’accroître la pression sur le PDG du constructeur nippon, lors de son audition par le Congrès américain. Akio Toyoda se rendra mercredi à Washington pour s’expliquer sur les défauts techniques ayant entraîné le rappel de quelque 8,7 millions de véhicules dans le monde. Des rappels qui devraient coûter deux milliards de dollars à Toyota -frais de réparation et baisse des ventes compris- selon les estimations du géant japonais.

Le document interne, transmis au Congrès puis rendu public, date de juillet 2009 et semble avoir été préparé pour Yoshi Inaba, le responsable du groupe en Amérique du Nord. Dans ce texte, le bureau de Washington de Toyota se félicite d’avoir économisé 100 millions de dollars en limitant l’ampleur de ses rappels en négociant avec les autorités américaines. Le groupe nippon, mis en cause aux Etats-Unis en 2007 dans une enquête sur des problèmes d’accélération soudaine sur ses véhicules, dit avoir réussi à convaincre les autorités américaines de mettre un terme à l’enquête. Le constructeur s’est contenté de rappeler 55 000 tapis de sols sur les modèles Camry et Lexus ES350, une solution beaucoup moins chère que de rappeler ces véhicules pour en réparer les pédales d’accélérateur. Le groupe n’a entrepris aucune autre action avant la mort de quatre personnes lors d’un accident de la route en Californie en 2009.

Le mémo liste ensuite les “gains pour Toyota et le secteur” réalisés grâce au bureau de Washington: “des rappels à l’issue favorable”, la “garantie de réglementations sur la sécurité favorables à Toyota”, avoir réussi à “éviter une enquête sur un problème de rouille sur les camions Tacoma”, ou encore d’avoir retardé un nouveau programme de crash-tests par l’agence américaine de sécurité routière (National Highway Traffic Safety Administration, NHTSA).

Mise en cause de l’autorité américaine de la sécurité routière

La réponse des autorités américaines aux problèmes de sécurité des véhicules Toyota sera elle aussi questionnée par le Congrès. Le secrétaire d’Etat aux transports, Ray LaHood témoignera devant le Congrès mardi, de même que le directeur de la NHTSA, David Strickland. Il apparaît ainsi dans des documents saisis par le Congrès américain que la compagnie d’assurance State Farm avait signalé à la NHTSA sept cas d’accélératrion soudaine sur des Camry et des Lexus dès 2004. De même, selon le Financial Times, des e-mails montrent que l’autorité américaine de la sécurité routière examinait les signalements d’accélération intempestive sur trois modèles de Toyota depuis 2003. Mais l’enquête avait été abandonnée quatre mois plus tard, la NHTSA n’avait pas trouvé de défaut de sécurité justifiant un rappel de véhicules lors de sa première enquête. Au total, d’après le site Bloomberg, les plaintes de consommateurs enregistrées par la NHTSA lient l’accélération brutale des véhicules Toyota à la mort de 34 personnes aux Etats-Unis.

Violette Robinet

Trends.be, L’Expansion.com

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