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Quand les terroristes s’attaquent à vos vacances

Nous sommes au mois de mai, et en général à cette période-ci, la plupart des vacanciers potentiels ont déjà fait leur choix pour les vacances d’été. Et sur ce plan, ça ne rigole pas vraiment en Turquie…

Mon regard a été attiré par le titre d’un article paru dans la presse économique (L’Echo) indiquant qu’en Turquie la plupart des hôtels sont à moitié vides. A priori, c’est normal, les images de violence terroriste à la télévision ont freiné les ardeurs des touristes belges pour qui la Turquie est la 3e destination préférée après l’Espagne et la Grèce. Résultat des courses: si vous faites un coup de sonde via Booking.com ou via votre agence de voyages, vous constaterez que les prix ont souvent chuté de 40%. Sans compter que la livre turque est également en baisse, ce qui est excellent pour les éventuels touristes. Mais rien à faire, malgré ces prix rabotés, la saison d’été semble assez compromise.

Pourtant, des touristes belges ou européens optent pour des stations balnéaires, dans des régions souvent à plus de mille kilomètres d’Istanbul, qui sont gardées par des vigiles et où les risques sont donc très mesurées. Exactement comme me le faisait remarquer une amie directrice d’agence bancaire et qui m’avouait qu’elle n’hésitait pas à aller à Marrakech ou Agadir parce qu’elle sait que ce pays est un état policier, et qu’en quelque sorte, elle s’y sent plus en sécurité qu’en Europe.

Mais ce sentiment est fort peu partagé. Il suffit de parler avec un tour-opérateur pour constater qu’ils ne misent plus que sur l’oubli pour espérer voir leur taux de fréquentation grimper. En clair, il faut souvent attendre au moins six mois sans attentat pour qu’une destination retrouve de l’attrait aux yeux des touristes. Mais pour cette saison estivale, cela reste quand même difficile pour des pays comme la Turquie, sans même parler de l’Egypte ou de la Tunisie par exemple. Ne serait-ce parce que des alternatives ensoleillées existent en Europe du Sud, ce qui n’est pas le cas en hiver ou au printemps.

L’arme psychologique de la pression sociale est parfaitement intégrée par les terroristes dont la seule mission est d’instiller la peur

Aux yeux des professionnels, la principale raison de la désaffection des touristes pour la Turquie par exemple, c’est d’abord la pression sociale. Il suffit de dire à son entourage qu’on envisage de partir vers ce genre de pays pour qu’aussitôt les parents, les amis et les collègues de bureau vous traitent d’écervelé, voire d’irresponsable si en plus vous partez avec des enfants. Vous avez beau avoir pris un hôtel avec plage privée et gardes à l’entrée, il n’y a rien à faire, la pression sociale est tellement forte que le doute s’insinue et que vous préférez déclarer forfait plutôt que d’encourir d’éventuels reproches.

Cette arme psychologique est parfaitement intégrée par les terroristes dont la seule mission est d’instiller la peur. Et comme le disait joliment Jean d’Ormesson au Figaro, les médias aggravent indirectement et involontairement cet état de fait en jouant également leur rôle “d’agents du pessimisme”. Mais que faire d’autre, sinon informer et puis laisser le libre choix ?

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