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Quand l”uberisation du monde” crée la panique

Tout le monde a peur de l’ “uberisation” de nos sociétés. Les uns craignent de perdre leur job, d’autres de voir certaines professions être dévalorisées. Cette peur vient de la société Uber qui n’existait pas il y a 7 ans encore et qui inquiète les taxis du monde entier.

En économie, une nouvelle expression est actuellement sur toutes les lèvres. Cette dernière fait aussi peur à pas mal de monde, il s’agit de “l’uberisation du monde”. Et par “uberisation”, on veut parler de la situation d’un secteur économique, qui tout d’un coup, se réveille et découvre qu’une nouvelle société – généralement une start-up – a trouvé un moyen technologique de la rendre inutile. Le secteur des taxis vient de vivre cette expérience douloureuse.

Bien entendu, il n’y a pas que les taxis qui sont touchés, n’importe quel secteur peut se retrouver dépassé du jour au lendemain par la révolution numérique. Les consommateurs s’en réjouissent, car ils y gagnent en terme de pouvoir d’achat tandisque d’autres personnes s’inquiètent.

La première peur porte sur la qualité du service : si n’importe qui peut devenir chauffeur de taxi, alors le client est à la merci de conducteurs mal formés. Concernant les taxis, la question n’est pas vraiment pertinente vu la qualité parfois médiocre des prestations. Mais qu’en est-il pour les autres secteurs ? Si quelqu’un peut s’improviser coiffeur, par exemple, sans formation ? Généralement, cette question de la qualité est souvent brandie par les corporations pour protéger leurs prés carrés, comme au Moyen-Age. Selon les partisans de la révolution numérique (1), cet argument ne tient pourtant pas la route, car le marché aura vite fait de départager les bons coiffeurs des mauvais. Les uns auront plus de travail et les autres moins. La révolution numérique crée certes de la concurrence, mais les “bons artisans” ne doivent pas en avoir peur, seuls les plus mauvais ont raison de paniquer.

Doit-on protéger ce qu’on peut perdre plutôt que de permettre ce qu’on peut gagner ?

Deuxième crainte qui revient souvent à l’encontre de l’ “uberisation” de nos sociétés : le fait qu’elle va entrainer la suppression de nombreux jobs. Là encore, il faut rappeler que l’uberisation de nos sociétés n’est que la nouvelle forme de la “destruction créatrice”, chère à l’économiste autrichien Joseph Schumpeter. Cette théorie avance que l’ancien monde doit faire place au nouveau monde, les jobs qui disparaissent finissant toujours pas être remplacés par de nouveaux.

En 1831, les canuts lyonnais se sont révoltés, par exemle, contre les machines à tisser qui leur ont piqué leur travail, mais grâce à cela, les vêtements sont devenus plus abordables et d’autres emplois se sont crées. N’oublions pas aussi qu’à une époque, et plus précisément dans les années 1900, le second groupe de travailleurs, juste après les agriculteurs, c’étaient les domestiques (2) ! Cette classe était considérée comme tout à fait normale dans nos pays occidentaux. Fort heureusement, l’innovation technologique a fait disparaitre en moins de 50 ans, cette catégorie de travailleurs. Au final, le message des partisans de la révolution numérique, c’est qu’il ne faut pas avoir peur. La question est donc simple: en voulant protéger l’ancien monde, ne risque-t-on pas d’empêcher le nouveau d’éclore ? Doit-on protéger ce qu’on peut perdre plutôt que de permettre ce qu’on peut gagner ?

(1) Philippe Silberzahn, blog, 29 juin 2015

(2) The Age of Social Transformation, Peter Drucker

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