PSA/Fiat, un mariage de raison dans un secteur en pleine révolution

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Le possible rapprochement entre l’italo-américain Fiat Chrysler et le français PSA répond à la nécessité croissante de créer des géants mondiaux de l’automobile dans un marché en pleine transformation et nécessitant des investissements toujours plus massifs.

Quelques mois après avoir renoncé à un mariage avec Renault, en raison des réticences de l’Etat français actionnaire, Fiat Chrysler (FCA) a choisi de se tourner vers PSA, l’autre grand constructeur français.

Si cette alliance se concrétise, la nouvelle entité entrera dans le top 5 des plus gros constructeurs mondiaux, avec 8,7 millions de véhicules vendus, 184 milliards d’euros de chiffre d’affaires combiné et une capitalisation boursière totale évaluée autour de 50 milliards de dollars.

S’associer est désormais un impératif pour rester compétitif dans un marché automobile mondial qui devrait reculer en 2019, une première depuis dix ans.

“On est dans un contexte où les nuages gris s’amoncellent au-dessus de l’industrie automobile. Quand les affaires sont plus difficiles, la concurrence est plus forte et les marges tirées vers le bas”, pointe Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem.

Au-delà de la question de la demande qui s’essouffle, les constructeurs doivent faire face à des défis colossaux, comme une “réglementation de plus en plus drastique sur les émissions polluantes”, note l’expert.

Pour répondre à ces normes et faire évoluer leur parc vers l’électrique ou l’hybride, “des milliards et des milliards d’euros d’investissement” sont nécessaires et, “dans ce cas, la taille critique devient encore plus stratégique”, ajoute M. Neuvy.

Les constructeurs doivent aussi inventer la voiture de demain. “Dans le futur, on ne choisira pas une voiture uniquement pour ses prestations de mobilité mais aussi pour les services à bord”, explique à l’AFP Giuliano Noci, professeur de stratégie à l’école de commerce de Polytechnique à Milan.

“Ce sont des investissements qui nécessitent une taille que FCA et PSA ne peuvent atteindre seuls”, note-t-il.

Partenaires “naturels”

L’emblématique patron du groupe Fiat devenu ensuite FCA, Sergio Marchionne, décédé à l’été 2018, a plaidé pendant des années pour une alliance. Après le refus de General Motors en 2015, le groupe avait contacté d’autres constructeurs, dont Renault cette année.

Mais ce serait finalement avec son grand concurrent français qu’il pourrait convoler, dans une alliance vue d’un très bon oeil par les analystes.

L’analyste Frank Schwope, de Nord/LB, estime ainsi que PSA est “le partenaire de fusion le plus naturel pour Fiat Chrysler”

Les deux constructeurs, “seuls, peinent et cela a beaucoup de sens qu’ils s’allient. Ils en ont tous les deux besoin”, note M. Noci, qui fait état d’une “bonne complémentarité” entre eux.

De marché, tout d’abord, puisque PSA est très fort en Europe et FCA aux Etats-Unis, grâce notamment aux Jeep et aux pick up Dodge RAM, tandis que FCA est faible en Europe et PSA aux Etats-Unis.

Mais aussi de produits: “FCA peut amener comme dot la partie haute du marché, avec Alfa Romeo et Maserati, tandis que PSA a une plateforme extraordinaire capable de gérer différents modèles et est plus en avance dans le domaine de l’électrification”, ajoute-t-il.

Pour ces deux groupes, “les problèmes de concurrence sont limités”, notent aussi les analystes de Jefferies, en évoquant des synergies possibles de l’ordre “de 3 à 5 milliards d’euros”.

S’il se réalise, le nouvel ensemble devra néanmoins affronter une faiblesse actuellement commune aux deux constructeurs: le marché asiatique, “le marché le plus important en termes de perspectives”, pointe M. Noci, qui estime que le plan stratégique devra notamment s’attaquer à cette question.

La concrétisation de cette alliance pourrait aussi faire bouger le secteur: “si cette consolidation industrielle majeure réussit, cela va faire se poser des questions à d’autres constructeurs automobiles – Ford et General Motors par exemple – qui font face aux mêmes défis que PSA et FCA”, souligne David Leggett, spécialiste de l’automobile pour GlobalData.

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