Pourquoi les compagnies low cost sont aussi sûres que les compagnies classiques

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Même si notre époque favorise le zapping à tout va et la mémoire fugace, chacun garde malgré tout encore en tête les images de la tragédie du crash aérien de Germanwings.

Bien entendu, on le sait aujourd’hui, l’erreur mortelle à la base de cette tragédie était une erreur humaine, en l’occurrence un copilote déséquilibré mentalement. Mais au-delà de ce fait réel, cet horrible accident a soulevé la question de savoir si les compagnies aériennes low cost ne sont pas potentiellement plus dangereuses que les compagnies aériennes traditionnelles ? La question paraît légitime, car pour le grand public, l’image du low cost peut brouiller les pistes. Mais comme l’a fait justement remarquer Emmanuel Combe (1), le vice-président de l’autorité de la concurrence en France, il y a l’image et puis la réalité des chiffres.

Les chiffres ? Le transport aérien reste le plus sûr au monde avec un taux de sinistralité proche de 0%, et qui n’a pas changé depuis l’arrivée massive des compagnies low cost. Bien entendu, la question qui pourrait se poser, c’est que valent ces chiffres, dès lors que ces compagnies low cost sont jeunes ? Bref, ne sont-elles pas trop récentes que pour avoir une image fidèle de leur sinistralité ? Réponse: non, car si elles sont plus jeunes, elles effectuent plus de vols, vu qu’elles basent leur modèle économique sur une plus grande rotation des vols et une moindre attente entre deux vols. Et puis, les statistiques montrent que l’ancienneté ne joue pas dans l’aérien, autrement dit, le fait d’avoir une “courbe d’expérience” plus longue ne donne pas un avantage aux compagnies aériennes traditionnelles sur les compagnies low cost !

Pourquoi les compagnies aériennes low cost sont aussi sûres que les compagnies classiques

En réalité, s’il doit y avoir une corrélation, c’est avec la santé financière des compagnies aériennes. Et c’est normal, plus la santé des compagnies est fragile, plus elles pourraient être tentées de rogner sur les coûts et donc indirectement sur la sécurité. Or, il se fait que les grandes compagnies aériennes low cost sont en réalité en meilleure santé financière que leurs concurrentes traditionnelles. C’est ce qui leur permet de renouveler plus souvent leurs flottes et donc d’avoir des avions d’âge moyen plus bas. Des avions plus sûrs donc… et qui consomment moins de carburant !

C’est ce dernier point qui permet aux compagnies low cost d’offrir des prix de vols plus faibles, car ces compagnies, par définition, rognent sur tout ce qui n’est pas indispensable. Par exemple, les repas, les boissons ou le passage par des agences de voyages. Elles rognent aussi sur le salaire des membres de l’équipage. Mais ces mêmes compagnies ne transigent pas avec la sécurité, car elles savent qu’en cas de problème, elles seront davantage critiquées qu’une compagnie traditionnelle. Et donc, Emmanuel Combe a raison de rappeler que si le consommateur cherche toujours la meilleure offre, il n’y a encore personne qui s’est déclaré prêt à payer un billet d’avion moins cher en contrepartie d’une sécurité moindre.

(1) Tribune dans Les Echos

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