Pourquoi bpost veut davantage de sous-traitance

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Les effectifs de bpost devraient à nouveau reculer. L’entreprise publique cotée en Bourse négocie des économies par la sous-traitance complète du nettoyage et de la restauration, et une réduction de l’effectif dans les call centers. Au total, cela concernera 483 personnes.

“Ce sont des mesures comme nous en avons déjà prises, minimise Baudouin de Hepcée, porte-parole de l’entreprise. Bpost est en transformation depuis 15 ans. ” Sans doute la pression est-elle un peu plus forte aujourd’hui car bpost traverse des turbulences. Lors de l’annonce des résultats de 2017 en mars dernier, son CEO, Koen Van Gerven, a indiqué que l’entreprise rencontrait des difficultés avec l’acquisition de Radial, un spécialiste américain de services pour l’e-commerce acheté en 2017 pour 700 millions d’euros. Ses coûts sont plus élevés que prévu, son dynamisme commercial à améliorer et l’apport aux finances de bpost en sera retardé. De plus, le recul du courrier s’accélère : de – 6 % en 2017, il devrait passer à -7 % cette année. L’entreprise reste rentable, avec 329 millions d’euros de bénéfice net (+ 1,6%) sur un revenu de 3 milliards d’euros. Le couac de Radial a créé une incertitude qui a fait glisser le cours de 28 euros début mars à 16,36 euros ce jeudi matin.

483 personnes devraient perdre leur emploi ou être reconverties chez bpost.

Bpost n’a cessé de voir ses effectifs reculer au rythme de 3 % par an. En 2003, bpost occupait 39.000 équivalents temps plein. C’est passé à 25.000 l’an passé, avec une légère augmentation ces dernières années due à des acquisitions. Ces dernières font partie de la reconversion de l’entreprise vers la logistique de l’e-commerce. Elle cherche en même temps à devenir plus productive et concurrentielle, d’où un recul de l’effectif en douceur (en général par non renouvellement des départs). Ici, la plupart des départs se feront par transfert aux sous-traitants (nettoyage et restauration : 353 personnes). Pour la baisse des effectifs des call centers (de – 90 à – 130 personnes), cela se fera dans la mesure du possible par reconversion.

Le climat social se dégrade

Après le dépôt d’un préavis de grève par la CSC-Transcom et l’organisation par le syndicat chrétien d’actions de grève la semaine dernière, les syndicats CGSP/SLFP ont annoncé jeudi “avoir rompu toutes négociations” avec la direction de Bpost.

Cette décision fait suite à l’inquiétude de ces deux syndicats par rapport aux dernières annonces de l’entreprise. La CGSP (socialiste) et le SLFP (libéral) se présentent en front commun et disent être “largement majoritaires” parmi le personnel de l’entreprise postale.

En plus de son intention de sous-traiter intégralement certaines activités, la direction de Bpost a annoncé mercredi soir, en marge de la présentation de ses résultats trimestriels, une adaptation de sa structure et de son comité exécutif.

“Nous nous demandons vraiment quel en est l’objectif”, a réagi Jean-Pierre Nyns, de l’aile flamande du syndicat socialiste. “Il y a à peine trois semaines, une autre structure avait été présentée dans le journal d’entreprise, mais avec les mêmes personnes. Nous avons l’impression que la direction se sert bien alors que les niveaux inférieurs doivent faire avec toujours moins de moyens”.

“Nous avons le sentiment d’être mis devant le fait accompli”, explique pour sa part Marc De Mulder, président du SLFP Poste. “Nous voulons pourtant mener une concertation constructive, afin d’atteindre le maximum pour le personnel de Bpost.”

Les syndicats ont remis une lettre de revendications au patron de l’entreprise, Koen Van Gerven, et attendent un signal avant de renouer les fils du dialogue.

Les conséquences de cette rupture de négociations de la part du front commun CGSP/SLFP restent floues alors que des divergences de vue sont manifestes avec la CSC-Transcom. Dans un tract, la CGSP et le SLFP reprochent en effet à la CSC ses “modalités d’action grève” et de propager “des informations sensationnelles et alarmantes basées sur des rumeurs et des mensonges”.

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