Pour ou contre la prime antigrève ?

© Image Globe

L’entreprise limbourgeoise Veldeman Bedding a promis une prime de 30 euros à ses salariés qui ne feraient pas grève le 30 janvier. La FGTB a crié à l’intimidation et proposé le double aux grévistes, avant de se rétracter. Une telle prime est-elle seulement légale ?

Grève du 30 janvier : une entreprise promet une prime de 30 euros à qui viendra travailler

L’entreprise Veldeman Bedding, située à Opglabbeek (Limbourg), promet une prime de 30 euros brut aux membres de son personnel qui viendront au boulot lundi, malgré la grève générale, a-t-on appris auprès du syndicat socialiste, qui parle d’intimidation. L’information a été confirmée par la direction.

Veldeman Bedding, entreprise produisant matelas et lits, a promis cette prime de 30 euros car elle doit faire face à de nombreuses commandes : “Nous travaillons surtout pour l’étranger et nos clients étrangers ne comprennent pas la grève”, explique Willy Vandecruys, responsable des ressources. La prime est un succès, selon l’entreprise. Le nombre de travailleurs souhaitant faire grève aurait en effet diminué, à une vingtaine sur un total de 150 membres du personnel.

La FGTB, de son côté, parle d’intimidation. L’appel a la grève rencontre beaucoup de suivi, estime malgré tout Willy Mebis, de la Centrale générale FGTB Limbourg.

Le professeur émérite en droit social Roger Blanpain ne voit pas, à première vue, de problème juridique : “Il y a le droit de grève et le droit de travailler. Celui qui fait grève reçoit une indemnité de la part du syndicat”, souligne-t-il.

Prime pour venir travailler : la FGTB double la mise… avant de se rétracter

Le syndicat socialiste au sein de l’entreprise limbourgeoise Veldeman Bedding veut doubler, à 60 euros, l’indemnité de grève dont bénéficieront les travailleurs qui participeront à la grève générale de lundi prochain, rapporte la VRT.

Plus tard dans la journée, la FGTB a annoncé qu’elle n’attribuerait finalement pas de prime de 60 euros aux travailleurs de Veldeman Bedding se déclarant en grève le 30 janvier prochain, a affirmé Rudy De Leeuw, président du syndicat socialiste : “La direction peut dormir sur ses deux oreilles !”

La FGTB appelle dès lors la direction à retirer elle aussi la prime promise. Cette dernière va à l’encontre des conventions internationales, a encore indiqué Rudy De Leeuw.

“La prime de la direction est contraire à la législation internationale”, selon le SPF Emploi

La prime de 30 euros promise par la direction de Veldeman Bedding aux travailleurs ne participant pas à la grève du 30 janvier, est contraire à la législation internationale, a confirmé Guy Cox, directeur général du département Relations collectives de travail au sein du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale.

Pour étayer sa position, Guy Cox s’appuie sur l’avis du comité pour la liberté syndicale de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui dit qu’aucune bonification ne peut être attribuée pour qu’un travailleur ne se déclare pas en grève. “Le droit fondamental à la grève ne peut être limité”, précise pour sa part la Convention internationale de Genève. “Et en France, des initiatives semblables ont été condamnées par les plus hautes juridictions”, a poursuivi Guy Cox.

Selon ce dernier, si un tel cas parvenait devant un tribunal belge, “le juge pourrait en outre se laisser guider par un article de la loi anti-discrimination” qui interdit toute discrimination sur base de l’appartenance à un syndicat.

Quant à la prime de 60 euros que voulait octroyer la FGTB aux grévistes, avant de finalement revenir sur sa décision, elle n’est pas contestable, “les syndicats déterminant ce qu’ils donnent à leurs membres”, a conclu Guy Cox.

De son côté, l’entreprise a annoncé la tenue d’une réunion entre direction et syndicats, mercredi matin, afin d’aplanir le conflit lié à son initiative.

Trends.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content