Pascal Perri sur Google : “Le spectre de Big Brother est bien réel”

Pascal Perri, l’auteur de l’ouvrage “Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien” répond à nos questions sur le géant du Web.

Concurrence déloyale, méthodes de dumping, mépris des droits d’auteur, banditisme fiscal : dans votre livre, vous n’êtes pas tendre envers Google…

Certes, Google a démocratisé l’accès à l’information et introduit énormément de progrès dans ce domaine. Cela aurait été une noble cause si l’entreprise s’en était tenue à ça. Mais que dire quand, dans une période de crise, une société qui réalise 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires en France ne paie que peu d’impôts et ne règle pas plus la TVA dans l’Hexagone ? En termes de droits d’auteur, Google utilise des tas de contenus sans les rémunérer. J’entends bien les arguments de Google qui sont que le moteur de recherche crée du trafic et augmente les revenus des sites (des éditeurs par exemple). Mais j’observe que ce n’est pas le cas : c’est Google qui dope ses revenus et les acteurs doivent aller devant les tribunaux pour tenter d’avoir un retour. Aujourd’hui, Google est une énorme et dangereuse machine à cash sans contrôle, une sorte de Big Brother numérique qui met en cause les valeurs de l’économie que sont les contrats d’échange, les relations avec les clients, etc.

Quelle est votre principale crainte à l’égard de Google ?

Pour la première fois dans l’histoire de l’économie, on fait face à une entreprise qui détient, seule, l’accès à tous les consommateurs du monde. Voilà une novation qui impose que l’on fasse attention, d’autant que l’on touche ici à la liberté et à la transparence. Un domaine sensible. Google est aujourd’hui l’une des principales capitalisations au monde. Une partie de son capital est flottant. Qu’adviendrait-il si, un jour, ce capital tombait dans des mains indélicates ? Le spectre de Big Brother est bien réel…

Que préconisez-vous concrètement ?

Il faut séparer les activités de recherche du reste des activités de Google en matière de vente de biens et de services. Tout comme cela s’est fait dans l’énergie ou dans le rail. Google ne peut pas être celui qui donne l’accès et celui qui vend le service. Quant à la capture de données personnelles, cela doit se faire en accord avec l’internaute et en toute transparence. C’est un monde qui doit être codifié et basé sur un véritable échange.

“Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien” de Pascal Perri, aux Editions Anne Carrière, 176 pages

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