Olivier Strelli : le tribunal rejette le plan de relance

[EXCLUSIF] Placée en réorganisation judiciaire, la griffe a vue son plan de réorganisation judicaire rejeté par le juge du Tribunal de Commerce de Bruxelles. En cause : une “inégalité flagrante” entre créanciers. La société Nissim SA a interjeté appel de cette décision.

Le défilé des faillites et des sociétés en difficulté n’épargne plus les podiums de la mode. La marque de prêt-à-porter Olivier Strelli allait-elle suivre les destins funestes des maisons Christian Lacroix ou Branquinho ? Fin septembre, nous vous révélions les difficultés financières de la Nissim SA (du prénom de son fondateur Nissim Israël, 63 ans, alias Olivier Strelli), la société qui exploite la griffe Olivier Strelli.

C’est bien simple, depuis son rachat par Olivier Strelli Developpement (dont 73 % du capital est aux mains du fonds d’investissement français EverCapital), Nissim SA a vu sa situation financière se dégrader : le chiffre d’affaires s’est érodé, sa perte s’est creusée et les dettes ont quadruplé….

Résultat : au printemps, une requête en réorganisation judiciaire de la Nissim SA avait été introduite auprès du tribunal de commerce de Bruxelles, conformément à l’article 17 de la loi du 31 janvier 2009 sur la continuité des entreprises. Et vu que la continuité de l’entreprise était menacée, à bref délai ou à terme, la Nissim SA a reçu le bénéfice du sursis prévu par la loi, pour une période de six mois expirant le 27 octobre dernier. Dans la foulée, le tribunal avait fixé à début novembre l’audience à laquelle il devait statuer sur le plan de réorganisation de la Nissim SA. Mi-octobre, la société gestionnaire de la marque Olivier Strelli avait annoncé avoir obtenu le feu vert de ses créanciers sur le plan de relance. Restait donc au juge du Tribunal de Commerce de Bruxelles à homologuer le plan de réorganisation judiciaire.

Et là, surprise ! Selon nos informations, le juge du Tribunal de Commerce a rejeté le plan de réorganisation judiciaire car contraire à l’ordre public. Le vote sur la poursuite des activités a été remis en cause par un des créanciers notamment, alors que la double majorité doit être atteinte (tant au niveau du nombre de créanciers que du total des créances) pour que le plan soit approuvé.

Les motifs justifiant ce rejet par le Tribunal de Commerce sont cinglants : “le plan de redressement comporte une inégalité flagrante” entre ses créanciers et “Nissim ne peut avantager son actionnaire de référence (ndlr : Olivier Strelli Developpement) par le motif qu’elle est détentrice de la marque”. Il est vrai que le plan Nissim dresse une liste de 13 catégories de créanciers classés de A à M. Ainsi, chaque créancier reçoit un traitement différent concernant sa créance, allant du remboursement intégral à un abattement de 70 % pour les plus mal lotis.

Inégalitaire ? Sans doute car dans le même temps, le plan favoriserait “de façon déraisonnable” la maison mère de la Nissim SA puisque la créance de cette dernière serait simplement subordonnée et intégralement payable à terme. “Ni l’ampleur ni la nature de la créance d’Olivier Strelli Developpement ne justifie un statut spécial”, tranche encore le Tribunal de Commerce. Quant au versement d’un dividende de 2,2 millions d’euros aux actionnaires en 2009, soit au pire moment de la viabilité de la société Nissim, il a également chatouillé le juge du Tribunal de Commerce. Dans ce contexte, celui-ci a refusé d’homologuer le plan de réorganisation judiciaire. Ayant interjeté appel de cette décision, la société Nissim devra à nouveau plaider sa cause devant la Cour d’Appel début décembre. Avant de rendre les ciseaux définitivement ?

Valéry Halloy

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