“Nous essayons de casser la domination de Belgacom et des câblos”

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Le régulateur livre son analyse du marché des télécoms en 2012. Les revenus du secteur trinquent. Et les acteurs historiques se renforcent au détriment des opérateurs alternatifs. L’IBPT a encore du boulot.

Axel Desmedt, membre du conseil de l’IBPT, garantit la détermination de son institution à promouvoir une saine concurrence sur le marché belge des télécoms.

TRENDS-TENDANCES. Quelles sont les grandes tendances 2012 du secteur ?

AXEL DESMEDT. Le chiffre d’affaires global est en baisse, comme dans de nombreux pays européens. C’est essentiellement dû à la régulation, puisque les revenus de gros (Ndlr, revenus régulés, d’opérateur à opérateur) ont diminué de 21 %, tandis que les revenus de détail ont régressé de 3 %. Au final, les baisses de prix consenties au consommateur n’ont pas été compensées par l’augmentation du volume des communications. C’est une bonne nouvelle pour le consommateur, une mauvaise pour les opérateurs. Mais cette diminution des revenus n’a pas empêché les opérateurs de consentir plus d’investissements qu’en 2011, proportionnellement à leur CA.

Un indicateur vous a-t-il surpris en 2012 ?

Le volume de trafic sur le téléphone fixe a augmenté de l’ordre de 3,2 % l’an dernier, ce qui est contre-cyclique par rapport aux années précédentes. Cela s’explique par la diminution des tarifs de terminaison mobiles (Ndlr, frais facturés entre opérateurs lors d’un appel d’un réseau à un autre), qui sont passés à 1,18 eurocentime. Cela a permis aux opérateurs de développer des formules illimitées sur le téléphone fixe. Du coup, les clients passent plus d’appels d’un fixe vers un mobile.

Mais cette tendance pourrait ne pas se confirmer en 2013 parce que les opérateurs mobiles ont aussi baissé les prix de leurs formules illimitées.

Regrettez-vous la décision de Mobistar de quitter le marché du fixe résidentiel ?

Oui, c’est regrettable de perdre un acteur sur ce marché. Mais c’est une décision temporaire, puisque Mobistar s’intéresse beaucoup au câble.

Mobistar explique sa décision par une régulation défaillante sur le marché du fixe. L’IBPT n’a-t-il pas fait son travail ?

La régulation de Belgacom sur leur ligne fixe a abouti, pour les opérateurs alternatifs, à des tarifs de gros parmi les plus bas en Europe. Au niveau technique, c’est vrai qu’il y a eu des problèmes avec Belgacom et qu’il y en a encore. Mais c’est surtout dû à un souci de communication entre l’opérateur historique et les opérateurs alternatifs. Ensuite, il ne faut pas oublier que le marché belge est caractérisé par deux réseaux fixes (câble et ligne téléphonique) disponibles dans la plupart des habitations. Du coup, il est plus difficile pour un opérateur alternatif de grignoter des parts de marché. Enfin, l’IBPT continue d’agir, avec l’ouverture du câble, qui est en bonne voie.

En attendant, les packs ont de plus en plus de succès, ce qui a pour effet de concentrer encore le marché…

Effectivement, la proportion des ménages ayant au moins deux services chez un même fournisseur est passée de 49 % en 2011 à 57 % en 2012. Le constat est simple : sans offre de télévision, les opérateurs perdent des parts de marché. C’est ce qui est arrivé aux opérateurs alternatifs, qui reculent sur le marché des lignes fixes à large bande depuis 2011. C’est la raison pour laquelle nous avons ouvert la plateforme multicast de Belgacom et le câble à la concurrence. Nous essayons de casser la domination de Belgacom d’une part et des câblo-opérateurs d’autre part, par la régulation de l’un et de l’autre. Cela prend du temps, certes, mais il nous est impossible de faire plus vite dans le cadre réglementaire existant.

PROPOS RECUEILLIS PAR GILLES QUOISTIAUX

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