Les trois escroqueries qui font des ravages parmi les entreprises

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Les entreprises belges, francophones dans un premier temps, sont de plus en plus victimes d’escroqueries au paiement.

Les réviseurs d’entreprises, les experts-comptables, la Febelfin et les organisations patronales (FEB, Unizo et UCM) appellent à la vigilance face à un phénomène en forte recrudescence depuis 2014 et lancent une campagne de sensibilisation.

Philippe Lambrecht, administrateur-secrétaire général de la FEB (Fédération des entreprises de Belgique), a présenté jeudi au cours d’une conférence de presse, une typologie reprenant trois formes d’arnaques. La première est fondée sur l’usurpation d’identité. L’escroc contacte l’entreprise par téléphone ou par mail et se fait passer pour une autorité (publique) ou un réviseur chargé d’analyser les processus de paiements internes ou pour un informaticien chargé de sécuriser les paiements. Le malfrat peut aussi se faire passer pour la direction de l’entreprise.

La deuxième forme d’arnaque est fondée sur l’interception de documents, notamment de factures.

Enfin, la troisième s’appuie sur l’un ou l’autre logiciel malveillant (malware).

Concernant les montants détournés, la police dispose de chiffres pour le premier type de supercherie uniquement. Depuis septembre 2010, plus de 13 millions d’euros ont été effectivement transférés sur des comptes étrangers appartenant à des escrocs et des tentatives d’arnaque ont été enregistrées à hauteur de 24 millions d’euros par la police judiciaire fédérale de Bruxelles. Pour la même période en Wallonie (Marche-en-Famenne, Neufchâteau, Huy, Mons, Tournai, Nivelles, Liège et Charleroi), les tentatives portaient également sur un montant de 24 millions d’euros alors qu’un peu plus de 4 millions ont été effectivement reversés.

Le phénomène n’a pour l’instant pas la même ampleur en Flandre (2 millions effectivement transférés) car la plupart des escrocs s’expriment aujourd’hui en français. La police estime que la première forme d’arnaque est surtout l’apanage de milieux franco-israéliens alors que l’arnaque fondée sur l’interception de documents est plutôt pratiquée dans les milieux africains.

Les responsables de la campagne de sensibilisation précisent toutefois que le phénomène touche désormais aussi les États-Unis et le Royaume-Uni et que les entreprises néerlandophones ne doivent pas sous-estimer la menace. “Si la France est la première victime aujourd’hui avec 300 millions d’euros de préjudice, il s’agit d’un phénomène international en pleine recrudescence”, met en garde Serge Lecomte, commissaire à la police judiciaire fédérale de Bruxelles.

Dans le cadre de cette campagne menée par la police, l’Institut des réviseurs d’entreprises, l’Institut professionnel des comptables et fiscalistes agréés, l’Institut des experts-comptables et des conseils fiscaux, la FEB, la Fédération belge du secteur financier (Febelfin), l’Union des Classes moyennes et l’Unizo, une brochure contenant des conseils pratiques de prévention sera distribuée en priorité aux collaborateurs chargés d’introduire ou de signer des ordres de paiement.

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