“Les prix des carburants diminuent, pas la facture énergétique des entreprises belges !”

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En quelques années, les prix de l’électricité ont augmenté pour l’industrie de 5 % à 15 % par an en moyenne. Quant au gaz, les prix industriels ont, dans notre pays, connu une hausse moyenne de 100 % à 110 % depuis 2002, si l’on en croit une enquête menée par Febeliec, la fédération des consommateurs industriels d’énergie.

Bien que les prix des carburants aient, l’année dernière, reculé de pas moins de 40 %, les entreprises belges paient toujours autant pour leur énergie, indique Febeliec, la fédération des consommateurs industriels d’énergie, dans un communiqué de presse.

Selon une enquête menée par Febeliec auprès de 320 entreprises industrielles, “les grandes entreprises ont même vu leur facture d’électricité augmenter d’au moins 10 % en 2009”. La facture de gaz a, elle, diminué pour la plupart des entreprises “mais moins vite que les prix internationaux”.

La fédération des consommateurs industriels d’énergie déplore dès lors le mauvais fonctionnement du marché dans notre pays et met en garde contre les conséquences des taxes de plus en plus importantes sur les prix de l’énergie. Taxes qui “nuisent à la compétitivité de notre pays”.

Febeliec est parvenue à cinq grandes constatations.

“Le prix de l’électricité a doublé depuis 2002 !”

Ce sont essentiellement les plus grands consommateurs qui ont constaté une forte hausse de leur facture d’électricité. “Ces sept dernières années, les prix de l’électricité ont augmenté pour l’industrie, en fonction de la puissance achetée et du nombre d’heures de consommation, de 5 % à 15 % par an en moyenne, rappelle la fédération. Entre 2002 et 2009, la facture d’électricité est passée du simple au double pour de nombreuses entreprises. Au cours de la même période, l’indice Nc, le paramètre qui indique l’évolution des coûts de carburant moyens pour les producteurs belges d’électricité, a également connu une croissance, mais nettement moindre, puisqu’elle a été de 39 %.”

Traduction : “Les coûts ont augmenté pour les producteurs d’électricité mais ce n’est rien en comparaison de ce que paient les clients industriels. C’est surtout au cours de l’année écoulée que cette différence est apparue très clairement. En 2009, les coûts de carburant ont chuté de 39,1 % pour les producteurs d’électricité, comme l’indiquent les données de la Creg (Ndlr, la Commission de régulation de l’électricité et du gaz, le “gendarme” belge du secteur énergétique). Cependant, cette baisse n’a pas été ressentie par les acheteurs industriels : la facture d’électricité des petits acheteurs, tels que les PME, a connu une légère diminution de 3,5 %. Les plus grands acheteurs ont, quant à eux, vu leur facture grimper encore de 12 %.”

“Les entreprises déboursent également beaucoup plus pour le gaz !”

Depuis 2002, les prix industriels du gaz ont, dans notre pays, connu une hausse moyenne de 100 % à 110 %. Les prix internationaux du gaz ont diminué l’an dernier de 25,5 % ? “Les entreprises belges en ont également profité mais, là encore, pas dans la même mesure. La facture de gaz des petits acheteurs a diminué de 4,6 %. Chez les acheteurs moyens, elle est restée stable. Pour les grands consommateurs, elle est descendue de 15 %.”

“La Belgique est le pays où l’énergie est la plus chère !”

Que la Belgique possède les coûts salariaux les plus élevés était déjà notoire, mais à présent, notre pays s’encombre également de lourds coûts d’énergie. “Un double handicap pour nos entreprises par rapport à la concurrence internationale, déplore Peter Claes, administrateur de Febeliec, cité dans le communiqué. Les comparaisons avec les pays voisins sur la base des données Eurostat démontrent que les prix industriels belges de l’électricité sont restés parmi les plus élevés d’Europe l’année dernière.”

La fédération reconnaît que “ces évolutions tarifaires dissimulent en fait plusieurs tendances et que le type et la date du contrat, ainsi que le profil de consommation, notamment, peuvent souvent mener à d’importantes différences de prix. Mais, d’un point de vue structurel, la Belgique est, au cours des dernières années, devenue un pays où l’énergie est vraiment très chère.”

“Une concurrence plus forte entre fournisseurs d’énergie serait la bienvenue !”

Febeliec demande donc que des mesures efficaces soient prises “en vue de stimuler la concurrence en Europe de l’Ouest”. A cet égard, elle dit avoir “développé un modèle de marché propre qui doit conduire à des prix compétitifs”.

“Les taxes alourdissent la facture énergétique !”

La fédération plaide notamment pour une réduction progressive de la part des prélèvements des pouvoirs publics dans le prix de l’électricité. “Dans notre pays, les pouvoirs publics continuent, par le biais de redevances, cotisations et systèmes d’amendes et de certificats, à financer toutes sortes d’aspects de la politique aux frais du consommateur d’électricité, indique encore Peter Claes. Nous estimons que jusqu’à un tiers du prix de l’électricité pour les entreprises est constitué exclusivement de taxes et de redevances.”

Et Febeliec de livrer un exemple : la cotisation fédérale sur l’électricité, qui augmente à nouveau cette année et, cette fois, de 55 %. “Depuis son introduction en 2003, la cotisation fédérale sur l’électricité a quadruplé. Dans les faits, la facture d’une entreprise industrielle risque de gonfler de plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers d’euros, en fonction de sa consommation électrique.”

Dans son communiqué, la fédération insiste par ailleurs sur “une utilisation équilibrée du prélèvement de la rente nucléaire par le gouvernement fédéral en faveur de toutes les catégories de consommateurs”.

Enfin, elle attire l’attention sur les conséquences “néfastes” du manque de prix concurrentiels et de la part importante des prélèvements publics dans la facture d’énergie. “Dans certaines grandes entreprises industrielles, les coûts de l’énergie représentent environ la moitié des coûts d’exploitation, chiffre Peter Claes. Pour l’industrie, il devient dès lors beaucoup plus cher d’entreprendre dans notre pays, et ce, dans une période où nos entreprises sont très affectées par la crise. Dès lors, il est possible que certaines d’entre elles envisagent une délocalisation vers l’étranger, où les coûts énergétiques sont plus bas.”

Trends.be

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