Les particuliers ont prêté 10,7 millions à de jeunes entreprises wallonnes en trois ans

Le prêt Coup de pouce permet à des particuliers de prêter jusqu'à 50.000 euros à des entreprises, montants alors considérés comme des quasi-fonds propres. © GettyImages

Depuis 2016, les particuliers ont prêté 10,7 millions d’euros à de jeunes entreprises wallonnes. Ils bénéficient en retour d’un avantage fiscal.

Lancer son entreprise, Stephan Marson y songeait depuis une dizaine d’années. Mais quand un néo-entrepreneur dépose un dossier dans le secteur de la restauration, tous les feux rouges bancaires s’allument. Impossible d’accéder au crédit sans de solides fonds propres et c’est ici qu’intervient le prêt Coup de pouce. Ce dispositif permet à des particuliers de prêter jusqu’à 50.000 euros à des entreprises, montants alors considérés comme des quasi-fonds propres. Stephan Marson a pu rassembler 68.000 euros auprès de cinq membres de sa famille et cela lui a permis de décrocher le financement bancaire nécessaire. Son épicerie fine et restaurant 10 Forchette (Gerpinnes) a été créée en décembre 2017 et elle emploie maintenant trois personnes. ” Ce Coup de pouce a facilité la création de l’entreprise, dit-il. Mais cela apporte une responsabilité en plus : des proches m’ont fait confiance, je ne peux pas me planter. ”

10 Forchette est l’un des 574 Coups de pouce validés par la Région wallonne depuis le lancement du dispositif en 2016. Cela a généré des prêts totaux pour plus de 10,7 millions d’euros. Un succès, estime le gouvernement wallon qui vient de décider de prolonger la mesure en 2020 et 2021. Les particuliers qui octroient ces prêts bénéficient évidemment des intérêts payés par l’emprunteur mais aussi d’un avantage fiscal accordé par la Wallonie, sous la forme d’un crédit d’impôt de 4% pendant quatre ans (et 2,5% sur les éventuelles quatre années suivantes). La prolongation de deux ans a été budgétée à 2,4 millions d’euros par le gouvernement.

Un prêt très “familial”

Le prêt Coup de pouce, ce n’est pas du crowdlending. Il n’y a en moyenne que 1,5 prêteur par dossier (382 entreprises bénéficiaires pour un total de 574 prêts, chiffres au 30 juin dernier) et les prêteurs connaissent, souvent intimement, l’emprunteur : 73% ont un lien familial avec lui et 22% sont des amis. Auraient-ils soutenu les projets de leur frère ou de leur cousine sans l’incitant fiscal ? Peut-être. Mais sans doute un peu plus modestement (le prêt moyen est tout de même de 18.000 euros) et de manière moins naturelle. ” C’est facile à faire, les dossiers peuvent être bouclés en 48 heures, explique Jean-Pierre Di Bartolomeo, patron de la Sowalfin, l’organisme public qui chapeaute les prêts Coup de pouce. Cette formule apprend aux jeunes entrepreneurs à ouvrir leur capital et leur entreprise. Elle les pousse aussi à devoir expliquer leur projet avec des mots simples pour convaincre leurs proches. Rien que ça, c’est déjà une démarche intéressante. ”

Les prêts Coup de pouce se concentrent pour des projets de commerce de détail, d’horeca ou dans la construction. Soit, poursuit Jean-Pierre Di Bartolomeo, des secteurs considérés à risques par le monde bancaire. ” En augmentant les fonds propres des entreprises ou des indépendants (56% des emprunteurs), on rassure tout le monde et l’entrepreneur peut concrétiser son projet “, dit-il.

A plus long terme, le mécanisme présente l’avantage de ” stimuler l’esprit d’entreprise en rapprochant les particuliers du monde entrepreneurial “, a commenté le ministre de l’Economie Willy Borsus.

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