“Les nombreux avantages du low cost ne peuvent pas être utilisés pour les vols long-courriers”

Arnaud Feist © Belga

Les compagnies long courrier low cost, qui se développent à Londres ou à Paris, ne sont guère intéressées par Brussels Airport, estime Arnaud Feist, CEO de l’aéroport. Pour le moment. Zaventem pourrait profiter de l’arrivée d’une nouvelle génération d’avions plus petits.

Y a-t-il des compagnies low cost long-courriers à Brussels Airport ?

Arnaud Feist. Il n’y a pas de compagnies long-courriers low cost à Brussels Airport. Primera Air avait annoncé qu’elle allait voler long-courrier low cost vers Boston, New York et Washington mais elle est tombée en faillite. Les compagnies low cost à Zaventem sont Ryanair, Vueling, EasyJet, Air Arabia, Blue Air, Eurowings (les vols de la branche allemande d’Eurowings) et WOW Air. WOW Air n’est pas selon notre définition une compagnie long-courrier. WOW relie Bruxelles à l’Amérique du Nord via Reykjavik, mais avec des vols et des appareils courtes distances.

Est-ce que le low cost long courrier vous paraît être un élément important pour élargir l’offre de vols lointains pour Brussels Airport, ou le phénomène est-il en train de s’essouffler ou de ralentir ?A.F. Il y a des exemples de succès de long-courrier low cost, mais aussi de routes ou destinations peu florissantes. Il est important de souligner que les nombreux avantages du low cost ne peuvent être utilisés pour les vols long-courriers, tels que des rotations rapides (30 minutes au sol entre 2 vols) et plusieurs vols aller-retour par jour avec le même avion. Sur des liaisons plus longues, les compagnies aériennes traditionnelles sont plus efficaces en proposant une combinaison de tarifs bas et abordables en classe économique, une bonne classe d’affaires et un nombre croissant de sièges dans les appareils. C’est pourquoi, par exemple, British Airways est compétitive sur les vols au départ de Londres avec les vols de Norwegian (compagnie low cost long-courrier norvégienne).Il a également été observé que, sur les longues distances, les vols ‘point-à-point’ génèrent souvent un nombre insuffisant de passagers. L’un des deux aéroports doit remplir une fonction de hub pour que l’avion soit suffisamment rempli. Ici aussi, les compagnies traditionnelles sont avantagées et de plus en plus de compagnies aériennes long-courrier à bas coûts nouent des partenariats, comme Norwegian avec EasyJet à Gatwick.Les liaisons longues distances à bas coûts représentent certes une opportunité pour Brussels Airport mais à court terme nous ne prévoyons pas de développement majeur dans ce segment.

Des long-courrier low cost provenant d’Asie sont possibles ou probables à Brussels Airport ?

A.F. Il existe actuellement peu d’exemples d’opérations réussies de vols long-courriers à bas coûts vers l’Asie. Air Asia X a essayé cela à Londres et à Paris il y a quelques années, sans succès. Scoot, la filiale petit budgety de Singapore Airlines, dessert désormais Athènes (où elle a remplacé Singapore Airlines) et Berlin. Les vols low cost de Norwegian entre Londres et Singapour n’ont pas été un succès non plus, mais Norwegian continue cependant de relier la Scandinavie à Bangkok. Eurowings, filiale de Lufthansa, et Joon, filiale d’Air France, effectuent quelques liaisons en Asie, souvent en remplacement des itinéraires de leur société mère.Dans de nombreux cas, les temps de vol pour l’Asie semblent trop longs pour une opération efficace et un hub comme Singapour est nécessaire pour générer un flux de passagers suffisant.

Norwegian, le champion du low cost long courrier, n’est pas encore au programme à Zaventem, en vols européens ou intercontinentaux ?

A.F. Nous parlons régulièrement avec Norwegian, comme avec d’autres compagnies aériennes. Toutefois, la compagnie norvégienne n’a jusqu’à présent qu’un intérêt limité pour des vols européens vers la Belgique car de nombreuses destinations en Scandinavie et en Europe du Sud sont déjà bien desservies depuis Brussels Airport. En ce qui concerne les vols long-courriers, Norwegian constate également que les développements sont limités dans les aéroports sans possibilités de transfert avec leurs propres vols ou des vols de compagnies partenaires.Par ailleurs, une meilleure promotion du tourisme en Belgique, comme le font d’autres pays, comme par exemple les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche ou la Croatie, ne serait que bénéfique. Ceci notamment pour attirer davantage de touristes américains.

Une nouvelle génération d’avions prometteuse pour Brussels Airport

L’aéroport est-il fréquenté par des compagnies qui recourent à des avions à couloir simple (B737 ou A320) pour des longs courriers ? De nouvelles versions permettent depuis peu de traverser l’Atlantique.

A.F. Primera voulait voler de façon transatlantique avec le B737MAX. Le 737MAX et le A321LR offrent tous deux la possibilité de voler transatlantique avec des avions plus petits.Cela ouvre de nouvelles opportunités pour Brussels Airport pour les vols à destination de l’Amérique du Nord, en raison de son emplacement favorable en Europe occidentale.Cependant, encore une fois, la faillite de Primera, l’arrêt de diverses liaisons 737MAX entre la Norvège et la Grande-Bretagne et l’achat de ces appareils par les compagnies aériennes existantes indiquent que la concurrence est également féroce ici.L’arrivée du Max et du A321 LR/XLR ouvrent de nouvelles opportunités et on peut espérer que des compagnies comme Brussels Airlines ou TUIFly utiliseront dans un futur proche de tels appareils pour des liaisons intercontinentales.

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