Les grandes entreprises américaines ont planqué 1.600 milliards dans les paradis fiscaux

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Les cinquante plus grandes entreprises américaines – parmi lesquelles Apple, Boeing, Coca-Cola, Goldman Sachs, Microsoft ou encore Pfizer – ont placé environ 1,6 billion de dollars dans des paradis fiscaux entre 2009 et 2015, d’après un rapport d’Oxfam-Solidarité, publié mercredi.

Ces sommes ont transité par un réseau “opaque et secret” de 1.751 filiales dans des paradis fiscaux, affirme l’ONG, selon qui en 2015, pas moins de 200 milliards de dollars de plus ont été placés dans les paradis fiscaux via 143 filiales supplémentaires par rapport à 2014.

Ces multinationales, qui profitent des failles du système fiscal américain pour réduire leurs impôts, exercent un lobbying intense auprès des membres du Congrès. Rien qu’en matière fiscale, Oxfam estime qu’elles ont dépensé approximativement 352 millions de dollars entre 2009 et 2015, leur permettant d’obtenir quelque 4,23 milliards d’allègements fiscaux en retour. Ce qui signifie que pour un dollar investi dans les activités de lobbying, ces grandes firmes ont reçu environ 1.200 dollars.

Selon des chiffres cités dans le rapport d’Oxfam, l’évasion fiscale des multinationales coûterait 135 milliards de dollars chaque année aux finances publiques américaines.

Pour y remédier, le président Donald Trump propose une réduction de l’impôt sur les sociétés, passant de 35% à 15%. Quant à l’argent rapatrié des paradis fiscaux, il ne serait taxé qu’à hauteur de 10%. “Il s’agit d’une mesure ponctuelle qui permettrait à ces 50 entreprises d’éviter de payer 312 à 327 milliards de dollars de taxes”, souligne Oxfam. Mais les plus grands bénéficiaires de cette mesure demeurent Apple, Pfizer, Microsoft et General Electric, qui éluderaient ainsi à eux seuls quelque 132 milliards de dollars.

Plus largement, l’ONG déplore que la réforme proposée par le président des Etats-Unis permette à ces entreprises de payer encore moins d’impôts et s’inscrive “dans une logique de concurrence acharnée que se livrent les Etats à travers le monde pour attirer les investissements des grandes entreprises”.

Pour Oxfam, ni l’Europe, ni la Belgique ne sont épargnées, le ministre belge des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) ayant notamment l’intention de faire baisser l’impôt des sociétés de 33,99% à 25%. “L’an dernier, le groupe d’influence ‘Amcham’ représentant un certain nombre d’entreprises américaines a fait pression sur le gouvernement belge pour qu’il prenne des mesures favorables en termes d’impôts des sociétés en maintenant les intérêts notionnels”, affirme l’ONG, qui appelle les autorités compétentes à cesser de mener cette guerre fiscale, et plutôt à travailler ensemble afin de contraindre les multinationales à payer leur juste part d’impôts.

“Les pays européens doivent plaider pour une harmonisation fiscale et plus de transparence au niveau international. Il est temps pour le monde politique de reprendre le contrôle face aux super-puissances économiques et leurs lobbies”, insiste Johan Langerock, responsable du plaidoyer “Justice fiscale” pour Oxfam.

Selon lui, cette concurrence internationale nuit aux gouvernements du monde entier et en particulier aux pays en développement qui voient des milliards de dollars d’impôts leur filer entre les mains.

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