Lernout & Hauspie : il y a tout de même un gagnant

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Les actionnaires de Lernout & Hauspie ont perdu une partie de leur espoir de récupérer de l’argent. La cour d’appel de Gand n’a pas tranché en leur faveur. Il ne reste donc qu’un grand gagnant de la faillite : l’américain Nuance (ex-Scansoft), qui a racheté à bon prix les technologies de l’entreprise d’Ypres.

Jo Lernout et Pol Hauspie ont-ils eu raison trop tôt ? La question peut sembler extravagante au moment où la cour d’appel de Gand les condamne pour leur action dans la chute de l’entreprise en 2000. Cela n’empêche pas L&H de triompher dans un autre corps, celui de Nuance, une société américaine. Cette dernière occupe aujourd’hui la première place sur le marché de la reconnaissance et de la synthèse vocales, marché où elle est entrée en 2001. Nuance s’appelait alors Scansoft.

En 2001, Scansoft a racheté les technologies de reconnaissance et synthèse vocales de L&H. Depuis lors, Scansoft, qui est une spin-off de Xerox, a pris le relais de L&H avec les mêmes méthodes : les acquisitions à tout va, par dizaines. Son secteur est un secteur de niche, qui ne sera jamais énorme mais qui consomme beaucoup de ressources en développement. Même IBM et Philips ont préféré céder leurs activités à Scansoft.

En 2005, Scansoft a fait un pas définitif vers la première place du podium en rachetant Nuance, un acteur spécialisé dans les technologies vocales des télécoms. Scansoft a alors pris le nom de son entreprise cible. Un an plus tard, c’était le tour de Dictaphone, société spécialisée dans la dictée médicale et ancienne filiale de L&H. Prix : 357 millions d’euros.

Aujourd’hui, Nuance occupe plus de 6.000 personnes. En 2009, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 1 milliard de dollars. En 1999, la société L&H comptait quant à elle 2.000 salariés et annonçait un chiffre d’affaires de 239 millions de dollars.

Jo Lernout et Pol Hauspie avaient bel et bien raison sur l’existence d’un marché dans le vocal, mais tort sur la méthode. En recourant aux facturations fictives pour doper leur chiffre d’affaires, les deux hommes ont détruit ce qu’ils avaient bâti. En 1999, le chiffre d’affaires réel s’élevait à 84 millions de dollars, un peu plus du tiers du chiffre publié.

La Belgique n’a pas tout perdu dans l’affaire. Le siège EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) de Nuance est à Merelbeke, à un grand jet de pierre de l’autoroute Bruxelles-Gand. C’est toujours ça de pris…

Robert van Apeldoorn

Dernier petit espoir pour les actionnaires

Les milliers d’actionnaires plaignants peuvent avoir la satisfaction morale de voir les coupables sanctionnés. Leur chance de recevoir une indemnité, elle, s’amincit. Pour Deminor et Test-Achats, qui organisent les recours les plus importants, obtenir la condamnation de Dexia et de KPMG était essentiel. Seules ces entreprises ont les moyens de payer des indemnités. Problèmes : elles ont été acquittées. Reste un petit argument : l’auditeur de KPMG, William Van Aerde, a été condamné pour négligence. C’est l’atout le plus important qui demeure pour la procédure civile.

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