Le streaming est-il le sauveur de l’industrie musicale ? (graphique)

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Dans une série de pays, le streaming, c’est-à-dire l’écoute de musique en ligne via abonnement à des plateformes web, s’impose comme le premier mode de consommation musicale. C’est désormais le cas aux Etats-Unis, le premier marché du genre, qui pèse environ 7 milliards de dollars par an (pour les seules recettes liés aux enregistrements, hors concerts et produits dérivés).

Le streaming est-il le sauveur de l'industrie musicale ? (graphique)
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En effet, en 2015, la lecture en continu, comme on l’appelle en français, a ravi la première place au downloading, le téléchargement de chansons sur disque dur. Les sites de streaming (Spotify, Deezer, Apple Music, etc.) représentent ainsi 34,3 % du chiffre d’affaires du secteur musical américain, contre 34 % aux sites de téléchargements (iTunes, Mega, etc.), 28,8 % aux ventes physiques (CD, DVD et vinyles) et 2,9 % aux droits payés par le cinéma ou la télévision. En 2010, le streaming ne représentait que 7 % du marché américain ! C’est dire sa progression.

En Belgique aussi, la vague déferle. Seule différence chez nous : les ventes de CD restent plus fortes. Tous ces facteurs ont permis aux producteurs et distributeurs belges de retrouver de la croissance après 15 ans de disette.

Alors, le streaming est-il le sauveur de l’industrie du disque ? Pas vraiment. Ou pas encore. Il est loin d’avoir compensé les pertes de revenus engendrées par la généralisation du numérique, d’Internet et du piratage, à partir des années 2000. Le faste des années 1970-1990 ne reviendra probablement plus. Ceux qui ont le plus souffert furent les disquaires, qui ont quasi tous disparus. Le Web a supprimé cette étape de la chaîne de valeur. Les majors musicales ne sont plus que trois : Universal, Sony Music et Warner. Les artistes, de leur côté, ont privilégié les concerts, plus lucratifs. Enfin, les sites de streaming, eux-mêmes, sont imparfaits et leur rentabilité est toujours inexistante, environ 70 % de leurs ventes servent en effet à rétribuer les majors. Sans compter que la majorité de leurs utilisateurs préfèrent écouter gratuitement la musique – quitte à se farcir des publicités – plutôt qu’opter pour les formules payantes. Or, la pub rapporte moins que les abonnements. Pour survivre, ces sites se diversifient, commercialisent des tickets de concert, proposent à la fois radios et musique, vendent les textes des chansons, améliorent leurs algorithmes pour mieux cibler les goûts de leurs utilisateurs… Et continuent aussi de profiter de l’intérêt des investisseurs. Le n°1, Spotify, viendrait ainsi de lever 1 milliard de dollars.

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