Le rachat d’Alcatel-Lucent par Nokia: la fin d’une ambition française

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Le nouvel ensemble portera le nom Nokia et sera basé en Finlande. C’est la conclusion d’une fusion malheureuse entre Alcatel et Lucent.

Le rachat d’Alcatel-Lucent par le finlandais Nokia signe la fin d’une ambition française dans les télécommunications. Le géant des télécoms Alcatel, qui avait mangé l’américain Lucent en 2006, n’avait jamais pu devenir l’acteur incontournable dans le marché des équipements télécoms mondial. Il devait devenir numéro deux mondial. Depuis la fusion il a perdu plus de 12 milliards d’euros et vu ses ventes reculer, malgré plusieurs restructurations et des changements de managers.

Le rachat par Nokia -pour 15,6 milliards d’euros, payés en titres Nokia- est une manière de reconstruire un acteur solide sur le marché des équipements de réseaux mobiles, point fort du Finlandais. Et aussi une belle base dans les réseaux fixes, que maîtrise fort bien Alcatel-Lucent, à travers son centre de compétence en Belgique, à Anvers (l’ex-Bell Telephone). Alcatel-Lucent occupe 1400 personnes en Belgique (Anvers et Gosselies).

La conclusion d’une fusion malheureuse

Le nouveau Nokia vise une taille équivalente à celle du suédois Ericsson, qui a suivi une voie identique à celle de Nokia : il s’est débarrassé de la production de téléphones portables pour se concentrer, avec succès, sur les équipements de réseaux mobiles. Le nouveau Nokia, lesté d’Alcatel-Lucent, devrait représenter un chiffre d’affaires très proche de celui d’Ericsson, environ 25 milliards d’euros. Il s’agit d’une porte de sortie pour les deux groupes. Alcatel-Lucent solde ainsi sa fusion avec l’américain Lucent en 2006. Elle a été secouée par des soucis internes et la montée de la concurrence chinoise, notamment celle de Huawei et ZTE.

Nokia avait aussi connu une crise avec la chute de son activité de production de téléphones mobiles, revendue à Microsoft en 2013. Le groupe finlandais s’était reconstruit sur l’activité d’équipementiers de réseaux télécoms mobiles.

Un “géant avec un ancrage français” ?

Le CEO d’Alcatel-Lucent, Michel Combes, fait bonne figure. L’opération n’est pas flatteuse pour la France, dont les dirigeants politiques n’hésitent pas à défendre les champions nationaux. Le gouvernement n’avait pas hésité à injecter du capital dans PSA Peugeot Citroën. Pour les télécoms, il se montre plus prudent et moins interventionniste. Il a sans doute été convaincu par le CEO d’Alcatel-Lucent, Michel Combes, qui ne voyait pas d’autre solution qu’un rachat. ” le groupe ne pouvait pas continuer seul. Seuls, nous n’avions pas les moyens financiers pour investir” a-t-il expliqué au quotidien “Le Monde”. Précisant que la solution Nokia était la meilleure solution pour faire un champion européen. Il parle d’un “géant avec un ancrage français”, assurant que la R&D restera une activité importante en France. Qu’il y aura même 500 recrutements dans la recherche, en plus des 2000 personnes actives en France (sur un effectif de 6000 personnes).

Aucune ambiguïté

L’accord, toutefois, ne présente aucune ambiguïté : c’est bien le patron de Nokia, Rajev Surii, restera le CEO de l’entité agrandie. Le siège du groupe sera en Finlande, à Espoo. Il s’agit clairement d’un groupe finlandais. L’acquéreur a annoncé une économie de 900 millions d’euros à partir de 2019, par synergies. Le nouveau groupe va donc procéder, encore, à de nouvelles restructurations.

L’acquisition devrait être clôturée courant 2016. Elle devrait entraîner quelques ajustements. Nokia pourrait vendre son activité de cartographie, et Alcatel-Lucent, celle des câbles sous-marins.

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