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‘Le péché mortel des patrons qui diabolise l’argent’

L’un des problèmes de l’Europe, c’est son rapport à l’argent. En gagner beaucoup est souvent mal vécu ou plutôt mal vu par la majorité de la population. Dommage car ce rapport négatif à l’argent est un frein au dynamisme de notre vieux continent.

Aux Etats-Unis, c’est exactement l’inverse, celui ou celle qui réussit va expliquer aux jeunes, à l’université ou dans des centres commerciaux (les fameux Malls), voire dans les églises, comment il ou elle est parvenue à sortir de sa condition. Là-bas, Dieu et l’argent font bon ménage, d’ailleurs les billets en dollars portent la mention ‘In God We Trust’.

Faire croire qu’on peut justifier de telles rémunérations est un crime contre l’esprit

Depuis des années, quelques voix autorisées essaient de faire comprendre aux Européens que gagner de l’argent n’est pas un péché. Le souci, c’est qu’à chaque fois, il y a un scandale qui éclate autour de la rémunération des patrons de grandes sociétés. Il y a quelques semaines, le ministre français de l’Économie s’inquiétait de voir Carlos Ghosn, le patron de Renault et Nissan, s’octroyer non seulement un salaire mirobolant – on parle de plus de 7 millions d’euros pour diriger Renault – mais en plus de cumuler ce salaire avec celui qu’il reçoit pour diriger Nissan. Carlos Ghosn a beau être un bon dirigeant, à un moment donné, il y a danger de voir des patrons quitter le monde des mortels… Faire croire qu’on peut justifier de telles rémunérations sous prétexte qu’on gère deux mastodontes automobiles est un crime contre l’esprit.

Comme disait le philosophe Pascal Bruckner, “il est normal que ceux qui prennent des risques soient bien rémunérés”, une chose qui reste à démontrer lorsqu’on n’est pas le fondateur d’une entreprise. Et Pascal Bruckner d’ajouter “qu’il ne faut pas que les salariés aient le sentiment de ne plus faire partie du même monde que leurs dirigeants”. Or, c’est ce danger qui a poussé une bonne partie des actionnaires à voter contre le montant élevé du salaire du patron de Renault. Et même si le conseil d’administration n’a pas suivi ce vote, le signal d’alarme a tout de même été donné.

J’en parle aujourd’hui parce que la direction de Volkswagen essuie aussi des reproches plus ou moins similaires. C’est vrai que malgré le scandale du “dieselgate”, Volkswagen se porte étonnement très bien sur le plan financier. Il n’empêche, les règles de l’éthique n’ont pas été respectées, pour ne pas dire violées par la direction de VW. Et le public allemand a été choqué d’apprendre que la direction a défendu bec et ongles sa rémunération pour 2015, alors que les syndicats demandaient à cette même direction qu’elle renonce à ses bonus, ou du moins en partie. Le ministre allemand de l’Économie est également intervenu dans ce débat. Il a clairement dit qu’il n’avait aucune sympathie pour une direction (en partie renouvelée) qui a failli couler son entreprise et qui ensuite veut se verser sans état d’âme un montant de 63 millions d’euros à partager entre les 12 directeurs de la firme.

En réalité, c’est ce genre d’attitude qui mine le discours de tous ceux qui veulent réconcilier les citoyens européens avec la notion de réussite. Mais comment le faire avec des attitudes pareilles ? C’est désespérant à la fin, car elle pourrait hélas donner raison à Lénine qui disait que ‘les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons !’

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