Le low cost s’attaque à l’Atlantique, au grand dam des grandes compagnies

© Reuters

Les compagnies à bas coûts déploient leurs ailes sur les vols transatlantiques au grand dam des grandes compagnies aériennes, forcées de desservir de nouvelles destinations et d’aligner leurs prix pour garder la main sur ce marché très rentable.

Les vols opérés par Norwegian Air, la compagnie islandaise Wow, la canadienne WestJet ou encore la marocaine Royal Air Maroc pour relier les deux rives de l’Atlantique se sont multipliés ces deux dernières années dans le sillage de la chute des prix du kérosène.

Souvent près de moitié moins chers que les tarifs proposés par les grandes compagnies aériennes, les prix des billets d’avions de ces “low cost” leur ont permis de séduire assez rapidement les voyageurs.

La part de marché des grandes compagnies a ainsi diminué, passant de 75% à l’été 2014 à 72% l’été dernier, selon le cabinet spécialisé OAG.

Plus les compagnies à bas coût “augmentent les capacités, plus elles vont devenir une menace croissante pour les grandes compagnies aériennes”, estime George Hobica, du site spécialisé airfarewatchdog.com.

Un billet d’avion aller-retour entre Londres et New York, pris à l’avance, vaut en moyenne 398 dollars auprès des low cost, selon l’expert, contre plus de 600 dollars auprès des grandes compagnies. Le canadien WestJet se targue même d’offrir des vols du Canada pour Londres à 199 dollars canadiens taxes comprises. Même en rajoutant le prix de services payants (repas, bagages, écouteurs…) le voyageur y trouve son compte, assure M. Hobica.

Conscientes du danger, les grandes compagnies n’ont pas tardé à réagir, en proposant des sièges moins chers, davantage de vols directs et en ouvrant de nouvelles liaisons. British Airways opère depuis peu un vol direct San Jose-Londres.

Delta Air Lines, United et American Airlines, les trois grandes compagnies américaines, ont averti récemment avoir observé un ralentissement du trafic sur leurs lignes transatlantiques et prévenu que leurs revenus devraient en pâtir. Cette baisse de la fréquentation est due au Brexit, aux attentats en Europe et à des surcapacités, ont-elles expliqué.

Fiabilité et sécurité

Pendant longtemps, les lignes transatlantiques ont été la chasse gardée des grandes compagnies aériennes, protégées par les accords Open Skies (ciels ouverts), signés entre les Etats-Unis et l’Europe.

Ces accords ont permis à ces compagnies de s’allier dans le cadre de trois partenariats (SkyTeam, Atlantic et OneWorld) et d’appliquer les tarifs qu’elles souhaitaient.

C’est sans surprise que les premières tentatives de compagnies low cost sur ce créneau ont été des échecs. Laker Airways, précurseur dans les années 70, a déposé le bilan moins de dix ans après le début de ses liaisons transatlantiques.

La donne a changé avec la vente d’avions de nouvelle génération remotorisés –787 Dreamliner et 737 MAX (Boeing), A320 Neo et A350 (Airbus)– qui sont plus économes en kérosène.

“Ce ne pouvait pas être rentable d’opérer un modèle low cost avec l’ancienne génération d’appareils”, résume pour l’AFP Anders Lindström chez Norwegian Air, qui s’est lancé sur ce créneau en 2013. Le transporteur a enregistré un bénéfice net record de 122 millions de dollars au troisième trimestre.

La chute des prix du pétrole il y a deux ans a fini par convaincre d’autres compagnies de se lancer car le kérosène est le premier poste de dépenses dans le transport aérien.

“Clairement il y a une forte demande pour des vols long courrier à bas coûts”, dit à l’AFP Robert Palmer chez WestJet.

Après avoir contesté le leadership des grandes compagnies aériennes aux Etats-Unis, JetBlue et SouthWest Airlines ne cachent plus leurs ambitions. Les liaisons transatlantiques “souffrent du manque de compétition et des tarifs élevés que connaissaient les liaisons transcontinentales”, explique à l’AFP Tamara Young, une porte-parole de Jetblue, qui a passé commande d’avions A321 pouvant relier la côte est des Etats-Unis à l’Europe.

Si leurs prix abordables leur ont ouvert des portes, les low cost doivent encore bâtir leur réputation, tempère George Hobica.

“Sont-elles sûres ? Sont-elles fiables ?”, interroge l’expert, qui fait également remarquer que l’absence de programmes de fidélité et la faible fréquence des vols proposés sont un autre talon d’Achille.

“Si votre vol est annulé, vous êtes cuits, alors qu’une grande compagnie aérienne peut vous réorienter vers le vol d’un partenaire”, conclut-il.

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