Le Conseil d’État sonne-t-il le glas de Uplace ?

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Le Conseil d’Etat a annulé ce vendredi le plan régional d’exécution spatiale pour le complexe Uplace projeté à Machelen (Brabant flamand). Le Conseil d’Etat estime que les plans d’aménagement n’engendreraient pas une réduction mais bien une “augmentation substantielle” de la surface commerciale autorisée dans la zone Uplace (au nord de Bruxelles).

“Il apparaît ainsi que la décision de ne pas imposer une ligne de tram et d’utiliser le rapport d’incidences sur l’environnement de 2010 repose sur une justification incorrecte”, selon l’arrêt du Conseil d’Etat.

Après qu’un précédent plan spatial avait été annulé par le Conseil d’Etat en 2014, la Région flamande avait élaboré un nouveau plan régional fin 2015-début 2016. Ce dernier avait été rapidement remis en question par le Conseil d’Etat, jusqu’à son annulation ce vendredi.

Quel est le problème pour le Conseil d’Etat? D’abord, les plans du gouvernement flamand ne respectent pas leurs promesses. La Région affirme que la surface commerciale sera réduite afin de répondre aux exigences de qualité de vie de de mobilité. Mais selon le Conseil d’Etat, le plan prévoit 17.800 m2 de surface commerciale supplémentaires.

Ensuite, la Région avait estimé qu’un nouveau rapport d’incidences sur l’environnement n’était pas nécessaire pour le plan régional d’exécution spatiale de 2016 et a décidé de recycler le plan-MER de 2010. Or les données et modèles ont depuis évolué.

Enfin, le gouvernement flamand avait décidé de ne plus considérer la liaison de tram initialement prévue comme “condition nécessaire” au projet Uplace. Là non plus, le Conseil d’Etat n’est pas d’accord. La liaison le long du R22 est en effet nécessaire pour atteindre le glissement modal et réduire le trafic automobile dans la zone.

“Une mise à mort”

Le complexe Uplace, qui devait s’ériger à Machelen, est désormais en mauvaise posture. Différentes parties avaient indiqué par le passé qu’une annulation du plan régional d’exécution spatiale signifierait la mort du projet. Selon les responsables de Uplace eux-mêmes, élaborer un nouveau plan équivaudrait à sept années de retard.

Le bourgmestre de la commune voisine de Vilvorde, Hans Bonte (sp.a) a estimé vendredi que le Conseil d’Etat mettait définitivement un terme à Uplace. Il regrette par ailleurs le “bricolage” du gouvernement flamand qui impacte selon lui sa commune: “Cette annulation nous ramène au plan d’exécution spatiale des années 1970 en ce qui concerne le développement industriel de la région. Des projets importants, comme un nouvel hôpital ou la reconversion du site Renault sont mis à mal.”

Le bourgmestre de Malines Bart Somers (Open Vld) s’est également montré satisfait de la décision du Conseil d’Etat. “Nos commerçants méritent une sécurité d’emploi”, a-t-il affirmé.

Une position que rejoint le Syndicat neutre pour indépendants (SNI): “Cette décision démontre qu’il n’y a qu’une seule solution: annuler totalement Uplace.” Les commerçants flamands fournissent davantage d’emplois que le complexe commercial, selon l’organisation.

Pour l’Unizo la décision du Conseil d’Etat est aussi une “mise à mort”. L’organisation appelle le gouvernement flamand à tirer un trait sur le projet et à investir dans les noyaux commerciaux des villes.

Uplace ne tire pas encore un trait sur son projet

Le développeur d’Uplace ne compte cependant pas encore débrancher la prise de son projet commercial. Il attend une décision du gouvernement flamand, a indiqué l’entreprise dans un communiqué.

Uplace affirme vouloir opter pour une approche constructive et appelle à laisser une chance au médiateur qui a été désigné par le gouvernement flamand. L’entreprise se dit également prête à envisager une “interprétation renouvelée” du projet, en mettant davantage l’accent sur le contexte urbain et l’équilibre entre les différentes fonctions avec un rôle accru pour la culture et les loisirs.

Le patron Jan Van Lancker souligne que l’entreprise n’a pas intérêt construire Uplace là où il n’y a pas de demande ou de besoins. “Nous travaillons à ce projet depuis dix ans et nous continuerons à le faire, dans une atmosphère constructive et positive.”

Uplace regrette l’insécurité juridique à laquelle il se heurte. “Sans sécurité juridique, personne – ni les entreprises ni les citoyens – ne peut avancer.”

L’annulation du Conseil d’Etat signifie également que toute la zone de reconversion Machelen-Vilvorde est mise au frigo, selon Uplace.

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