Le Cirque Royal de Bruxelles suscite les convoitises

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Le Botanique et le Sportpaleis d’Anvers s’unissent pour tenter de décrocher l’exploitation du Cirque Royal, la mythique salle de spectacles qui appartient à la Ville de Bruxelles. Or, les autorités locales veulent confier le Cirque à Brussels Expo, l’ASBL qui gère notamment le Palais 12. Derrière l’affrontement politico-culturel se cache aussi une affaire de gros sous.

C’est une salle bruxelloise mythique qui a accueilli les plus grands artistes, de Maurice Chevalier à Stromae, en passant par Charles Trenet ou Maurice Béjart. Aujourd’hui, le Cirque Royal est au centre de toutes les convoitises. Depuis 1999, l’endroit était en effet géré par l’ASBL Botanique qui dispose aussi de sa propre salle de concerts mais qui pouvait ainsi élargir son offre culturelle. Au printemps dernier, la Ville de Bruxelles, propriétaire du Cirque, a toutefois mis fin à cette convention de concession et a décidé de confier l’exploitation de la salle à Brussels Expo, une autre ASBL qui gère entre autres l’immense Palais 12 et la salle de la Madeleine fraîchement rénovée. Echaudé, le Botanique a déposé une contestation en bonne et due forme et a obtenu gain de cause au Conseil d’Etat : la Ville de Bruxelles a dès lors été contrainte d’annuler sa décision et de procéder à un appel d’offres public pour désigner un nouvel exploitant du Cirque Royal pour une durée de 27 ans.

Depuis, deux camps s’opposent pour décrocher le pactole : l’ASBL Brussels Expo qui reste le candidat préféré de la Ville de Bruxelles (la structure est d’ailleurs dirigée par Philippe Close, échevin PS du Tourisme à Bruxelles, ce qui pose question) et, en face, le Botanique qui s’est récemment associé au Sportpaleis d’Anvers pour bétonner son offre. Une alliance contre nature ? Pas vraiment. Avec 250 concerts organisés chaque année, le Botanique entend gérer le volet artistique du Cirque Royal, tandis que le groupe Sportpaleis – qui exploite quatre grandes salles dont Forest National et trois théâtres au nord du pays – se chargera de la gestion de l’endroit. Avec un chiffre d’affaires de 27 millions d’euros (exercice 2014- 2015), ce groupe flamand dispose non seulement d’une certaine expertise en matière d’exploitation économique d’infrastructures de concert, mais aussi d’une solide assise financière (23 millions de fonds propres). Le Sportpaleis est d’ailleurs prêt à investir 3 millions pour la rénovation du Cirque.

Duel culturel

A la Ville de Bruxelles, l’objectif est de proposer, depuis quelques années, une offre diversifiée. Entre la petite salle de la Madeleine (de 600 places assises à 1.000 places debout) et le grand Palais 12 (jusqu’à 15.000 places), le Cirque Royal représenterait un beau compromis pour les spectacles de capacité moyenne (entre 2.000 et 3.000 places selon la configuration). De quoi faire gonfler un peu plus le chiffre d’affaires annuel de Brussels Expo qui est aujourd’hui de 44 millions d’euros et de peser davantage dans le paysage économico-culturel de la capitale.

Mais pour Paul-Henri Wauters, directeur artistique du Botanique, l’option est inconcevable : ” La Ville de Bruxelles ne pourrait-elle pas se concentrer enfin sur ses vraies priorités pour la cité ? , réagit-il vivement. N’y a-t-il pas d’autres défis pour elle que la gestion de salles de spectacles ? De plus, si nous perdons l’exploitation du Cirque, cela stoppera une certaine dynamique culturelle et économique que nous avons mise en place depuis 18 ans. Et je ne pense pas que Brussels Expo soit à la hauteur de l’enjeu. ” Outre l’éventuel manque à gagner pour le Botanique, c’est surtout le manque d’espace qui deviendra criant si d’aventure l’ASBL perd cette grande salle et le Bota devra alors se mettre à la recherche d’un plan B…

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