La ruée vers l’or du second QG d’Amazon

© Reuters

Près de 50.000 emplois et 5 milliards d’investissements: c’est ce que fait miroiter le géant de la vente en ligne Amazon, qui a déclenché une course aux allures de ruée vers l’or entre les villes américaines espérant accueillir son nouveau siège.

La société née à Seattle, où elle emploie plus de 40.000 personnes dans 33 bâtiments, a lancé un appel d’offres en septembre pour ce second siège, surnommé “HQ2” et censé être “aussi complet” que celui de Seattle, dans l’Etat de Washington. Amazon a appelé les villes intéressées à soumettre leurs propositions ce jeudi au plus tard.

Depuis, “les villes se sont lancées dans une ruée vers l’or”, selon la société Moody’s Analaytics, qui a publié une étude comparative de l’attractivité des agglomérations d’au moins un million d’habitants -l’un des critères affichés par Amazon- qui pourraient accueillir cet eldorado.

Car l’entreprise en pleine croissance du visionnaire Jeff Bezos, en tête de nombreux palmarès des sociétés les plus innovantes comme de celles où il fait bon travailler, met sur la table quelque 5 milliards d’investissements pour ce nouveau campus censé rassembler à terme quelque 50.000 emplois “à hauts salaires”.

Et les bénéfices à long terme s’annoncent énormes pour l’heureuse élue: HQ2 devrait générer plus de 340 milliards de dépenses sur les 17 années à venir, dont 71 milliards de salaires, selon une étude réalisée pour la ville de Chicago.

La ville de l’Illinois fait partie des nombreuses candidates, aux côtés d’agglomérations comme New York, Philadelphie, Atlanta, Boston ou Los Angeles, mais aussi de villes moyennes comme Newark (New Jersey, tout près de New York), la ville universitaire d’Austin (Texas), ou encore Birmingham (Alabama) ou Pittsburgh, deux villes symboles de cette désindustrialisation tant décriée par Donald Trump.

Rêves d’expansion économique

Chacune y va de ses arguments et de ses rêves d’expansion économique, faisant le jeu des parieurs que l’opération a appâtés.

Beaucoup de localités n’hésitent pas à offrir de gros avantages fiscaux, au risque de se brader.

Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a ainsi formellement présenté lundi la candidature de la ville de Newark, à 20 mn de train de Manhattan et desservie par un grand aéroport international, accompagnée de crédits d’impôts potentiels d’un total de sept milliards de dollars.

“Qu’un autre Etat essaie de battre ces mesures! ” a lancé le gouverneur républicain, exceptionnellement en symbiose avec la mairie démocrate de Newark, et désireux d’en finir avec une impopularité record avant l’expiration de son mandat fin décembre.

La ville de Newark, longtemps l’une des villes les plus pauvres et les plus dangereuses de la côte Est, a entamé ces dernières années un début de réhabilitation et de gentrification, attirant les sièges de quelques grandes entreprises financières et des jeunes chassés de New York par des prix immobiliers vertigineux.

Pittsburgh, “la ville de l’acier”, en pleine reconversion, rêve de devenir un nouveau pôle d’innovation technologique et est elle aussi pleine d’espoir.

D’autant que l’analyse de la société Moody’s Analytics l’a placée dans les meilleures candidates, grâce à “une importante population de diplômés, des coûts bas et sa proximité avec la côte nord-est des Etats-Unis”.

Les villes improbables les plus créatives

Plus généralement, la région Nord-Est se sent incontournable, au vu de ses nombreux centres urbains et universitaires et au nom du rééquilibrage géographique par rapport à Seattle, sur la côte ouest.

Mais d’autres villes plus improbables rivalisent d’inventivité: ainsi, Birmingham, dans l’Alabama, a installé deux boutons géants calqués sur ceux sur lesquels il faut cliquer pour commander sur Amazon.

En appuyant sur ces boutons, on déclenche une avalanche de tweets vantant la candidature de la ville, de la qualité de la vie à des anecdotes amusantes (c’est à Birmingham que la légende du basket Michael Jordan s’essaya brièvement au baseball).

Stonecrest, petite ville de la banlieue est d’Atlanta, propose elle 140 hectares de terrain gratuits. L’endroit serait baptisé “Amazon” avec “son propre code postal”, fait valoir le maire, Jason Lary.

A quand le verdict ? Amazon ne l’a pas précisé, même si les médias américains l’attendent avant la fin de l’année.

Mais certains analystes estiment que la vraie question est ailleurs: que cherche vraiment Jeff Bezos, qui ne cesse d’investir de nouveaux secteurs, comme l’alimentation avec le rachat des supermarchés Whole Foods, avec ce deuxième siège ?

En attendant de savoir, tous sont convaincus que la ville choisie sera profondément transformée.

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