La pandémie affecte fortement l’industrie textile au Bangladesh

Des ouvrières d'une usine de vêtements à Narayanganj, près de Dhaka. © NurPhoto, Getty
Antoine Denis Journaliste

Le Bangladesh, d’où proviennent nombreux vêtements que nous achetons en Europe, rouvre doucement ses usines textiles. Seulement, pandémie oblige, la demande mondiale n’est pas au rendez-vous.

Depuis le déclenchement de la crise sanitaire mondiale, des millions de Bangladais, qui travaillaient dans des usines de confection de vêtements, ont été licenciés ou mis à pied. La pandémie a déjà des conséquences désastreuses pour ces travailleurs. Ils perdent leurs revenus, déjà maigres, et dans le même temps les marques de mode mondiales continuent d’annuler leurs commandes.

Forte dépendance à l’exportation

Le Bangladesh dépend énormément de l’exportation de textiles pour son revenu national. Cette dernière représente plus de 80 % des exportations globales du Bangladesh. Par ailleurs, plus de 50 % des annulations de commandes proviennent d’Europe, le marché le plus important au Bangladesh.

Cette industrie emploie environ 4 millions de travailleurs dans le pays, dont la plupart sont des couturières qui font souvent vivre plusieurs membres de leur famille. Selon la présidente de l’Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh (BGMEA), Rubana Huq, “depuis mars 2020, 179 usines ont été contraintes de fermer, et beaucoup sont dans l’expectative”. Elle reconnaît que les entrepreneurs européens sont eux aussi en difficulté, mais elle estime que certaines suppressions de commandes entraînant des pertes financières sont “injustes”.

Commandes annulées et réductions des prix

Les commandes annulées ne sont pas le seul problème auquel sont confrontés les fabricants de vêtements du Bangladesh. Les détaillants occidentaux exigent des remises sur les prix à la production explique Rubana Huq. “En plus de la réduction des commandes passées précédemment, de nombreux acheteurs demandent également des réductions allant jusqu’à 20 à 50 %.”

Selon la présidente de la BGMEA, la pression à la baisse des prix provient principalement des détaillants anglo-saxons comme “Dunne’s store, Peacocks, ASDA, Arcadia, Sainsbury”.

C&A réprimandé

La chaîne de magasins C&A affirme que les accusations selon lesquelles l’entreprise aurait eu recours à des annulations de commandes massives ne sont pas correctes. “Après le déclenchement de la pandémie, nous avons exhorté nos partenaires à arrêter immédiatement la production par mesure de précaution”, a déclaré un porte-parole de C&A, ajoutant “qu’il n’y avait plus d’autre alternative après que la société ait été contrainte de fermer l’ensemble de ses 2 000 points de vente en Europe et n’ait pas pu écouler les marchandises livrées”.

Aussi, depuis la réouverture des magasins C&A assure avoir “repris 97 % des livraisons de marchandises commandées avant la crise et nous garantissons leur paiement”.

Avenir incertain

Chez Euratex, l’Organisation européenne de l’habillement et du textile basée à Bruxelles, les effets de la pandémie font partie des discussions quotidiennes. Son secrétaire général, Dirk Vantyghem, a déclaré que “le chiffre d’affaires total de l’industrie européenne du textile et de l’habillement a chuté de 50 à 60 %. Pour l’ensemble de l’année 2020, nous prévoyons une baisse de 30 %. C’est une baisse de 50 milliards d’euros et c’est sans précédent”.

Du côté du Bangladesh et de la BGMEA, l’industrie du textile craint de recevoir un énorme coup dur. “Dans cette situation sans précédent, les faillites d’acheteurs sont à craindre et lorsqu’un acheteur fait faillite, il touche instantanément les impayés de ses fournisseurs”, déclare Rubana Huq.

Une telle situation met une épée de Damoclès au-dessus de l’industrie textile, du pays en lui-même et de ses travailleurs.

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