“La diplomatie du whisky” en péril

© Thinkstock

Les fabricants de whisky écossais ont exprimé pour la première fois ce vendredi, dans le cadre de la présentation du bilan annuel de la Scotch Whisky Association (SWA), leurs craintes des effets d’une éventuelle indépendance de leur pays, si elle se trouvait privée des ressources du réseau diplomatique britannique, imbattable dans la promotion de “l’or ambré”.

“En qualité d’ancien ambassadeur, je sais à quel point l’industrie dépend d’un soutien politique fort de la part du gouvernement, qu’il s’agisse par exemple d’influencer des négociations au niveau de l’Union européenne, ou d’exercer des pressions sur d’autres pays afin d’obtenir un meilleur accès à leur marché”, a déclaré David Frost, président de la SWA.

Dans son livre blanc sur l’indépendance, le parti nationaliste SNP prévoit l’ouverture d’un réseau de 70 à 90 “bureaux internationaux”, alors que le Royaume-Uni dispose aujourd’hui de quelque 270 missions diplomatiques dans 160 pays. Par ailleurs, l’appartenance à l’UE d’une Écosse indépendante dépendrait du résultat de négociations délicates avec Bruxelles.

En 2013, les revenus de l’industrie du whisky se sont stabilisés à 4,3 milliards de livres (5,1 milliards d’euros), avec toutefois un recul des exportations vers l’Asie. Le whisky continue ainsi de représenter la deuxième richesse de l’Écosse, après le pétrole et le gaz de la mer du Nord.

Les Etats-Unis restent le premier débouché en valeur, en hausse de 8%, et la France le premier en volume, à + 16% l’an dernier. Les exportations vers le Brésil et le Mexique ont cru de quelque 20%, tandis que l’Inde importait un nombre record de bouteilles pour une valeur de 83 millions d’euros.

Quant à la Pologne, elle a augmenté l’an dernier de 38% ses importations, lesquelles ont décuplé depuis que le pays de la vodka a rejoint l’UE en 2004.

Les ventes ont en revanche décru dans une fourchette de 13 à 15% vers Taïwan, la Corée du Sud et le Japon, et de 30% en Chine. La SWA rend le ralentissement de l’économie et l’adoption de mesures d’austérité responsables de cette contre-performance.

En exprimant des réserves sur les conséquences de l’indépendance, les industriels du secteur du whisky ne font qu’emboîter le pas à plusieurs institutions financières et aux patrons de l’industrie pétrolière, inquiets des incertitudes concernant notamment le maintien de l’Écosse dans la zone euro, ou de l’évolution de son régime fiscal.

Leur prise de position est intervenue à un bien mauvais moment pour le SNP, qui ouvrait vendredi à Aberdeen son congrès annuel, espérant une mobilisation générale en faveur du oui à la traîne dans les sondages, à cinq mois du référendum qui propose un divorce d’avec l’Angleterre, l’Irlande du nord et le Pays de Galles.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content