La “caisse intelligente” crée-t-elle vraiment de l’emploi dans l’horeca ?

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Plus de 22.000 jobs ont été créés dans le secteur au troisième trimestre 2016. Selon la fédération flamande de l’horeca, c’est l’effet de la régularisation d’emplois au noir, induite par la caisse intelligente. Une explication quelque peu hâtive.

La progression semble importante. Au troisième trimestre 2016, le nombre de postes de travail comptabilisés dans l’horeca est passé de 235.000 à 257.000 unités (chiffres ONSS), soit une progression de + 9,4 %. Selon Horeca Vlaanderen, la fédération flamande du secteur, citée par le quotidien Het Nieuwsblad, ces 22.000 jobs supplémentaires remplacent des emplois anciennement payés au noir. Cette ” régularisation ” serait due à la caisse intelligente, cette fameuse machine qui impose depuis janvier 2016 à tous les restaurateurs d’enregistrer les additions des clients et les salaires versés au personnel.

Créée notamment dans l’optique d’assainir un secteur fortement touché par le travail au noir, la caisse intelligente aurait-elle parfaitement répondu aux attentes ? L’explication est un peu courte. Les 22.000 postes de travail créés ne l’ont pas été pendant n’importe quelle période. Il s’agit du troisième trimestre, qui comprend les mois d’été juillet et août, au cours desquels les restaurateurs font traditionnellement appel à de la main-d’oeuvre supplémentaire. Preuve qu’il s’agit d’un effet saisonnier : au trimestre suivant, le nombre de postes de travail baissait de… 22.000 unités. Un mouvement de balancier que l’on retrouvait déjà en 2015 dans les statistiques de l’ONSS.

Si l’augmentation est marquée au niveau du nombre de postes de travail (+ 9,4 %) durant cette période particulière, elle l’est beaucoup moins en termes d’équivalents temps plein (+ 0,8 %). Cela démontre que les restaurateurs engagent des extras pour répondre à une demande particulière, sans que le niveau d’emploi dans le secteur soit affecté de manière significative.

Flexi-jobs

Cela ne veut cependant pas dire que le secteur n’est pas traversé par certaines mutations. Au service d’études de la FGTB, on constate depuis 2014 une progression constante du nombre d’équivalents temps plein, plus importante dans l’horeca que dans les autres secteurs. Par ailleurs, la proportion de temps pleins augmente (de 57,5 % à 59,4 % entre 2015 et 2016), alors que celle des temps partiels diminue. D’après la FGTB, c’est l’effet d’une certaine forme de ” blanchiment “, dans un secteur caractérisé par une pratique de ” faux temps partiels ” dissimulant des temps pleins payés en partie au noir. Parallèlement, les régimes spéciaux comme les flexi-jobs prennent de l’ampleur (de 3,7 % à 5,5 % de l’emploi dans l’horeca entre 2015 et 2016), ce qui fait craindre à l’organisation syndicale que la création d’emplois se traduise essentiellement par des emplois précaires.

Du côté de la Belgian Restaurants Association (BRA), on se réjouit de la régularisation d’emplois qui étaient auparavant ” souterrains “. Mais on regrette que de nombreux restaurateurs ne respectent toujours pas les règles du jeu : ” En Wallonie et à Bruxelles, plus de 50 % des établissements n’ont pas encore activé leur caisse intelligente, regrette Miguel Van Keirsbilck, secrétaire général de la BRA. C’est une concurrence déloyale pour les restaurateurs qui respectent les règles et qui contribuent à créer de l’emploi. ”

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