La “blockchain” peut-elle nous protéger des scandales alimentaires ?

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

La grande distribution adopte de plus en plus cette technologie afin d’améliorer la traçabilité des produits. Certains dénoncent toutefois une forme de “blockchain washing”.

Oeufs contaminés au fipronil, lait infantile contaminé aux salmonelles, affaire Vebiba, etc. Les scandales alimentaires se répètent ces derniers temps. La technologie ” blockchain ” aurait-elle pu permettre de les éviter ?

Connue pour être à la base de la création du bitcoin en 2009, cette technologie d’enregistrement de transactions par blocs codés et identifiés (des ” chaînes de blocs “) repose sur un réseau interconnecté. Il s’agit en fait d’une sorte de registre contenant la liste de tous les échanges effectués entre utilisateurs. Mis à jour en temps réel, il est infalsifiable car il repose sur un système de validation par les utilisateurs à chaque transaction. La publicité et la décentralisation de toutes ces transactions en assurent la sécurité, tout en apportant une plus grande transparence. Concrètement, dans le cadre de la chaîne alimentaire, tous les acteurs impliqués (des producteurs aux consommateurs en passant par les agences de contrôle ou toute autre partie prenante) pourraient entrer en temps réel des informations sur les produits.

” Cette manière de procéder devrait permettre d’éviter les scandales alimentaires, soutient Sébastien Arbogast, conférencier et formateur sur la blockchain. Etant donné que l’on ne peut pas revenir en arrière, cette technologie a un rôle dissuasif. Cela ne préjuge évidemment pas de la véracité des informations fournies par les différentes parties, mais quand un problème survient, étant donné que l’information est davantage traçable, on peut plus facilement trouver les responsables. La plupart des systèmes informatiques utilisés par nos distributeurs pour assurer la traçabilité reposent sur de simples bases de données qui ne conservent pas les informations plus anciennes. La blockchain, elle, conserve un historique complet. ”

Un poulet belge en “blockchain”

Plusieurs grands noms de l’agroalimentaire et de la distribution se sont lancés dans l’aventure. L’année dernière, les groupes Dole, Nestlé, Unilever et les géants américains de la distribution Walmart et Kroger ont annoncé une alliance pour utiliser ensemble la plateforme blockchain d’IBM. Plus près de chez nous, Carrefour vient d’annoncer qu’il utilisait la blockchain pour donner à ses clients un maximum d’informations sur les produits de ses ” filières qualité “. ” Nous avons lancé un poulet belge en blockchain, explique Pascal Léglise, directeur qualité et développement durable de Carrefour Belgique. Un code QR apposé sur l’emballage permet au client d’avoir toute une série d’informations sur le produit. ” A tour de rôle, chaque société qui intervient dans le couvoir, l’élevage, l’alimentation, la transformation et le stockage du produit renseignent leurs informations.

Sébastien Arbogast met toutefois en garde contre le risque de blockchain washing. ” Il s’agit de parler de blockchain pour donner une image de transparence, mais d’adapter la technologie à sa sauce pour conserver de l’opacité, dit-il. S’il n’y a pas une réelle décentralisation et que Carrefour contrôle qui a accès au registre, il n’y a aucune garantie de transparence. ”

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