L’ex-patron de WorldCom Bernard Ebbers est mort peu après sa sortie de prison

Bernard Ebbers en 2005. © reuters

L’ex-patron de WorldCom Bernard Ebbers, condamné en 2005 à 25 ans de prison pour un des scandales financiers les plus retentissants de l’histoire des Etats-Unis, est décédé à l’âge de 78 ans, ont annoncé lundi des médias locaux.

Jusqu’à sa chute au début des années 2000, “Bernie” Ebbers était l’archétype du patron autodidacte à la réussite foudroyante. Il avait transformé, d’acquisition en acquisition, une PME ronronnante du Mississippi en géant mondial des télécoms.

La faillite de WorldCom avait été déclarée en juillet 2002 après des malversations comptables estimées à 11 milliards de dollars. L’ancien PDG a été condamné en 2005 pour fraude et complot, une peine confirmée en appel en 2006. Il a purgé plus de la moitié de cette peine, avant d’être remis en liberté en décembre 2019 pour raisons de santé. Dans un communiqué rapporté par des médias américains, sa famille se dit “reconnaissante” d’avoir pu être à ses côtés dans ses derniers moments.

Lors de son procès, l’ancien dirigeant avait fait de ses origines modestes un argument essentiel de sa défense, se présentant comme un entrepreneur brouillé avec les chiffres et pas assez qualifié pour diriger une fraude comptable d’une telle ampleur. Canadien d’origine, Bernard Ebbers est né le 27 août 1941 dans une famille ouvrière d’Edmonton dans l’Alberta (ouest).

Dans son enfance, il vit entre le Canada et les Etats-Unis au gré du travail de son père. Plutôt bon joueur de basket mais élève moyen, ce chrétien pratiquant finit par décrocher un diplôme universitaire et s’implante durablement dans le Missipipi. Habitué des petits boulots et des montages de projets entre amis, il rachète un motel en 1974, crée une petite chaîne d’établissements, puis se lance dans le secteur des télécoms. A partir de 1983, il gère une PME du Mississippi spécialisée dans la revente de minutes de communications longue distance.

Il la transformera en une douzaine d’années et autant de fusions en numéro deux américain des télécommunications longue distance, derrière le géant incontesté ATT. Au sommet de sa réussite en 1999, MCI WorldCom (aujourd’hui seul le nom MCI a été gardé pour tourner la page du scandale) affiche 22 millions de clients et un chiffre d’affaires de 34 milliards de dollars. Actionnaire de son groupe, M. Ebbers se retrouve à la tête d’une énorme fortune après ce boom des années 90. Il investit lourdement dans des projets personnels – immobiliers notamment – grâce à des emprunts bancaires garantis sur le prix de ses actions. Le président d’alors Bill Clinton l’avait qualifié dans un discours en 2000 de “symbole de l’Amérique du XXIe siècle” et d'”incarnation de ce que je souhaite pour l’avenir”. La société était acculée à la faillite deux ans plus tard.

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