“L’éclairage public et les hôpitaux sont des marchés porteurs”

Engie Fabricom s'est chagée du nouvel éclairage de la Grand-Place de Bruxelles. Cette nouvelle installation y a fait baisser la consommation électrique de 80 %. © BELGAIMAGE

Créée en 1946 pour participer à la reconstruction de la Belgique, Fabricom fait face aujourd’hui à de nouveaux défis liés à la modification de ses métiers de base et à la nouvelle stratégie initiée par Isabelle Kocher, la nouvelle patronne de sa maison mère, Engie. Rencontre avec Marc Dirckx, “general manager ” d’Engie Fabricom.

Aux yeux du grand public, Fabricom, c’est la société qui ouvre les trottoirs pour placer des conduites de gaz, des câbles électriques ou de la fibre optique. Ce sont aussi les camionnettes que l’on voit le long des routes et des autoroutes pour l’entretien de l’éclairage public ou l’installation de nouveaux panneaux routiers intelligents.

Mais Fabricom, c’est bien plus que cela. En 70 ans d’existence, la société du groupe Engie a construit le réseau électrique à haute tension belge, participé à la construction des métros de Bruxelles, Anvers et Charleroi ou des centrales de Tihange et Doel, s’est chargée de l’installation électrique de l’Expo 58 ou des études de stabilité de l’Atomium. Présente dans de très nombreux secteurs, Fabricom a réalisé un chiffre d’affaires de 1,15 milliard d’euros en 2015. Avec 6.500 employés dont 5.000 en Belgique, c’est aussi l’un des plus gros employeurs du pays. A l’occasion de son anniversaire, l’occasion était donc belle de faire le point avec Marc Dirckx, son general manager.

MARC DIRCKX. Au cours des années, Engie Fabricom a élargi son spectre d’activités pour être désormais présente dans tous les métiers liés à l’installation. Par rapport aux activités visibles que vous avez citées, il y a évidemment tout ce qui est moins évident pour le public. Nous travaillons beaucoup pour Infrabel : rénovation des gares, mise en place de caténaires ou de postes de traction. Et tout ce que nous réalisons pour nos clients industriels ou les hôpitaux, par exemple.

Quels sont les marchés porteurs actuellement ?

Marc Dirckx,
Marc Dirckx, “general manager” d’Engie Fabricom.© PG

En premier lieu, le port d’Anvers. Des centaines de millions y sont investis pour l’instant. D’une part parce que le port s’agrandit. Mais aussi parce que les entreprises qui y sont installées se développent. Comme Exxon ou Total. Nous sommes très actifs dans le stockage de pétrole ou de produits chimiques. Les hôpitaux sont aussi un marché porteur. Nous sommes présents dans quatre gros centres hospitaliers belges : le Chirec, Bordet, Malines et Knokke. En octobre, nous avons commencé l’étude de l’extension de l’Institut Bordet. Engie Fabricom y sera responsable de l’installation électrique du nouveau bâtiment de 80.000 m2. Pour le développement du Chirec sur le site de Delta, nous nous occupons aussi des équipements électriques : les câbles, la détection incendie, la ventilation, les réseaux de basse et haute tension, etc.

Plus tellement de travaux publics en fait…

Non, très peu ces derniers temps vu la faiblesse des investissements dans ce domaine. Par contre, l’éclairage public est un domaine très porteur. Ce sont surtout des projets de relighting avec des lampes LED pour réaliser de solides économies d’énergie. Engie Fabricom s’est chargée du nouvel éclairage de la Grand-Place de Bruxelles. Nous y avons fait baisser la consommation électrique de 80 % ! Pareil dans un certain nombre de tunnels routiers comme le Craybeckx à Anvers où la consommation a chuté de 60 %. A Bruxelles où il fut beaucoup question des tunnels ces derniers temps, nous travaillons sur l’éclairage, les systèmes de ventilation et la détection incendie. Ce fut le cas dans le tunnel Stéphanie qui vient de rouvrir.

Vous parlez d’économies d’énergie grâce aux LED. En fait, depuis quelques années, il est aussi beaucoup question d’efficacité énergétique des bâtiments avec des normes de plus en plus strictes.

Oui, tant pour le monde industriel que les bâtiments des entreprises et les maisons des particuliers. Ce n’est pas encore porteur mais énormément de projets sont étudiés et se mettent en place. En Flandre, suite au nouvel accord EBO (Energiebeleidsovereenkomst ou accord sur la gestion énergétique, Ndlr) avec la région, les entreprises doivent arriver à certains KPI (indicateurs clés de performance, Ndlr) liés à leur consommation électrique. Il faut donc réaliser des audits, proposer des sources d’économie et installer les solutions proposées. Ce genre de démarche est appelé à se multiplier. ”

Le groupe Engie, sous l’impulsion d’Isabelle Kocher, a développé une nouvelle stratégie basée sur trois piliers : la transition énergétique, la décarbonisation et la digitalisation. Quels en sont les impacts pour Fabricom ?

La décarbonisation ou l’arrêt des centrales au charbon nous touche très peu en fait. Par contre, la digitalisation a un impact majeur sur nos métiers. A deux niveaux. D’abord vis-à-vis de nos clients. De plus en plus d’installations présentent un aspect digital. Il y a clairement une demande pour plus d’automatisation et plus de traitement des big data. Il est donc crucial d’adapter nos compétences pour satisfaire le client. L’autre impact est purement interne. Il frappe nos processus.

Et la transition énergétique ?

Elle induit un profond changement des équipements industriels. Comme il s’agit de notre spécialisation, nous devons accompagner ce changement. De quoi parle-t-on ? Des panneaux photovoltaïques, des centrales biomasses, des parcs éoliens. Pour vous donner un exemple, à Hoboken, nous développons une expertise internationale dans la réalisation de sous-stations électriques destinées aux parcs éoliens offshore. Nous sommes le leader européen du secteur. Il s’agit d’ailleurs d’une expertise qui est gérée par la branche internationale d’Engie Fabricom.

C’est une branche importante ?

Non, c’est la branche belge et luxembourgeoise qui assure 85 % du chiffre d’affaires d’Engie Fabricom. L’international a beaucoup évolué aussi. Il était très actif dans le gaz et le pétrole. Et aujourd’hui, le pétrole n’est plus très porteur…

Engie est aussi très active dans le secteur des start-up qu’elle incube ou aide à se développer avec un fonds dédié et dans l’innovation. Comment cela se vit-il chez vous ?

L’incubation portée par le groupe bénéficie à toutes les sociétés et donc à nous aussi. Au niveau de l’innovation, nous avons quelques beaux projets. Comme cette imprimante 3D à Zwijndrecht destinée à produire des pièces de rechange métalliques pour des clients industriels. C’est une initiative développée avec nos amis d’EngieLab (l’ancien Laborelec, Ndlr) et de la KU Leuven. Dans le domaine de l’Internet des objets ou IoT, nous avons décroché un beau projet d’installation de compteurs d’eau intelligents à Anvers. Ce projet utilise le réseau Sigfox dédié entièrement à l’IoT et dont l’opérateur en Belgique est Engie M2M. Nous installons actuellement les compteurs de la phase de test. Après étude et adaptations, nous devrions déployer 200.000 compteurs intelligents à Anvers. L’IoT offre de belles opportunités. Dans cinq ans, il va envahir le monde industriel. Cela ira sans doute plus vite dans le secteur tertiaire et chez les particuliers. Chez nous, nous étudions, via ce système, une opportunité de suivre notre matériel sur les chantiers, car nous sommes victimes de nombreux vols.

Quels sont aujourd’hui vos principaux défis ?

Il y a la digitalisation dont nous avons déjà parlé. Notre position forte sur le marché, qu’il convient de garder et de renforcer en suivant les évolutions techniques. A côté de cela, les ressources humaines demeurent un très gros défi. Le problème n’est pas nouveau mais cela ne s’arrange pas. Il faut trouver des gens motivés et capables. La demande en profils techniques est très forte et ils ne sont pas assez nombreux sur le marché. Alors, nous devons être créatifs pour les attirer chez nous, les former et, surtout, les garder ! Nous avons toute une série de programmes mis en place avec les écoles. Nous venons de partir en caravane dans toute la Belgique pour recruter les bons profils. Et nous organisons des visites scolaires sur nos chantiers pour faire découvrir nos métiers. Nous ne sommes pas sexys comme Google alors nous nous démenons pour être connus…

Propos recueillis par Xavier Beghin.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content