L’appétit du gouvernement flamand pour Brussels Airport

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La vente d’un bloc de titres de Brussels Airport, celui du fonds australien Macquarie (36%), ouvre l’appétit du gouvernement flamand, tenté d’y mettre un pied. Pour quoi faire ?

Les autorités régionales flamandes sont tentées d’entrer dans le capital de Brussels Airport, avancent nos confrères de L’Echo. Par la petite porte, car l’aéroport n’est pas entièrement à vendre. Il appartient à 25 % à l’Etat fédéral, 39 % à un fonds de pension canadien (OTTP) et le solde, 36 %, à l’australien Macquarie. Ce dernier met en vente ses titres, acquis en 2004.

Voici quelques mois, l’économiste Geert Noels avait soutenu que la Flandre devait racheter l’aéroport de Zaventem pour mieux en assurer le développement. ” Avec les nuisances sonores, on demande des sacrifices à une partie de la population. Or, c’est plus facile de faire accepter ces sacrifices si on sait que les fruits de ce développement retomberont dans le pays, et pas en Australie ou au Canada comme c’est le cas actuellement “, avait-il alors expliqué à La Libre.

Un tour de table

Pour l’heure, aucun projet politique n’a été exposé dans le nord du pays. Il est tout au plus question que PMV, une société d’investissement du gouvernement flamand, participe au consortium qui rachèterait les 36 % détenus par Macquarie, dont l’investisseur principal serait un fonds de pension canadien, Omers. Le gouvernement flamand ne peut contraindre les actionnaires actuels de lui vendre des parts. Le vendeur, Macquarie, vend à qui il veut, selon ses objectifs financiers, dans le cadre des accords d’actionnariat existants.

On pourrait imaginer que des fonds belges se mettent sur les rangs pour créer un ancrage belge, mais ce n’est pas simple. Les investisseurs institutionnels comme Ageas ou Ethias n’ont manifestement pas la taille pour s’offrir un bloc de 36 %, dont la valeur est évaluée entre 1 et 2 milliards d’euros. Cet investissement représenterait une concentration du risque trop importante. Seuls des fonds étrangers, plus vastes, peuvent s’offrir ce genre de ticket. Le fonds PMV, qui a 1,17 milliard d’euros en gestion, dont 669 millions sont investis (chiffres 2017), n’a manifestement pas la capacité d’acquérir le bloc Macquarie seul, sans apport supplémentaire. Une participation belge ou flamande ne pourrait guère peser que quelques pour cent.

Le rôle que pourrait jouer une petite participation flamande à Zaventem paraît assez modeste, hormis la collecte des dividendes, très corrects. Brussels Airport est nettement plus rentable que ses concurrents proches (Charleroi, Liège), avec 59 millions de bénéfice net en 2017, soit plus de 10 % du chiffre d’affaires (549 millions d’euros).

Hormis Zaventem, la Flandre compte deux aéroports de taille fort modeste, Anvers et Ostende, dont l’infrastructure appartient à la Région mais l’opération est assurée par un acteur privé, à savoir le français Egis. Ils ont respectivement accueilli 273.000 et 365.000 passagers en 2017, contre 25 millions pour Zaventem et 7,7 millions pour Charleroi.

Notons que la Flandre est déjà représentée au conseil d’administration de Brussels Airport, dont le président, Marc Descheemaecker, est étiqueté N-VA.

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