L’année s’annonce compliquée pour le secteur de la construction

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La croissance du secteur de la construction est au point mort (0,0%) en 2015, peut-on lire mardi dans le rapport annuel de la Confédération construction.

En 2014, le secteur a pourtant enregistré un croissance de 3,2% et le nombre d’autorisations de construire étaient également en hausse de 10%. Cependant, la Confédération indique que depuis début 2012, 17.000 emplois ont été perdus. De plus, des problèmes de financement des projets apparaissent, selon la Confédération qui demande que les pouvoirs publics agissent pour aider à rétablir la position concurrentielle du secteur.

Les bons chiffres 2014 sont uniquement dus à des conditions climatiques particulièrement favorables, souligne la Confédération qui met donc en garde contre l’idée que cette conjoncture puisse se répéter. En outre, cette tendance est essentiellement marquée en Flandre où le nombre de permis s’est révélé important en raison des exigences énergétiques plus strictes qui s’imposeront à l’avenir.

La concurrence étrangère exerce une pression importante, menaçant la survie de milliers de PME, souligne encore la Confédération. En conséquence de tous ces paramètres, le secteur de la construction demande avant tout une baisse des charges de 6 euros par heure prestée. “Si nous n’agissons pas maintenant, nous allons perdre encore plus d’emplois”, souligne Robert de Mûelenaere, administrateur délégué de la Confédération Construction. “Il existe actuellement une différence de près de 30% entre les coûts qui s’imposent à une entreprise, selon qu’elle soit belge ou étrangère.” Une baisse des charges telle que proposée par la Confédération pourrait, selon cette dernière, avoir un impact positif de près de 900 millions d’euros pour les caisses de l’Etat à l’horizon 2019. Dans le cas où rien ne serait décidé, l’impact deviendrait négatif et pourrait atteindre près d’un milliard. Des discussions à cet égard sont engagées avec le gouvernement qui, selon Robert de Mûelenaere, “a écouté très attentivement nos propositions et s’est dit prêt à agir”. Un dénouement est espéré pour la mi-juillet. “Tout est une question de volonté politique”, conclut-il.

En 2015, la situation est surtout préoccupante pour le génie civil (-3,1%) et pour la construction non résidentielle qui connaît un recul de 3,6%. La construction résidentielle rentre de bons chiffres (+4,1%) mais le secteur s’attend lui aussi à un repli à plus long terme. Par ailleurs, l’emploi salarié a chuté de 2,9%.

Le logement neuf a bénéficié d’un phénomène d’anticipation, analyse la Confédération, expliquant le fait qu’on a enregistré un nombre particulièrement élevé de logements neufs en 2014, soit 53.694. Une partie d’entre eux doivent encore être mis en chantier et soutiendront encore l’activité en 2015. Mais cette tendance s’explique par le fait qu’en Flandre de nombreuses demandes de permis de bâtir ont été introduites avant le 1er janvier 2014 pour anticiper le renforcement des exigences de performance énergétique. Ce phénomène ne durera donc pas.

En matière de rénovation, on s’attend à ce que les activités progressent encore de 3,5% cette année (il y a eu une hausse de 3% en 2014) mais se profile à l’horizon du 1er janvier 2016 une modification des conditions d’âge permettant de facturer les travaux résidentiels à un taux de 6% de TVA. On passera en effet à une restriction de ce taux aux logements de plus de 10 ans (au lieu de 5 ans actuellement).

Pour ce qui est du non-résidentiel neuf, l’activité a reculé nettement, d’environ 5%, en 2014. Et les perspectives sont encore plus pessimistes pour 2015. Le secteur des bureaux et commerces a connu un très net recul en 2014.

Le génie civil a enregistré une hausse de 1% en 2014, grâce à une augmentation des investissements ferroviaires. Pour 2015, les perspectives sont négatives, la Confédération s’attendant à un recul de 3,1%.

La Confédération construction se dit convaincue que le secteur se trouve à la croisée des chemins et prône, outre un abaissement des charges, une stratégie de financement des investissements. Car si on ne fait rien, dit-elle, 20.000 emplois pourraient encore être perdus d’ici 2019. A cet égard, la Confédération croit dur comme fer dans les financements privé et alternatif qui viendraient compléter le financement public. La Confédération note que les investisseurs privés, notamment les fonds de pension, les assureurs et les banques, disposent de “moyens financiers considérables qu’ils seraient prêts à investir dans de bons projets de construction publique”. Les obligations de projets, l’épargne populaire ou le crowdfunding pourraient aussi constituer des pistes, selon la Confédération.

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