Howard Schultz, un patron activiste à la fibre sociale

Howard Schultz, patron de Starbucks © Reuters

Howard Schultz, qui pense défier Donald Trump en 2020, a transformé Starbucks en multinationale engagée n’hésitant pas à prendre position sur des problématiques sociétales sensibles telles que les inégalités raciales et le mariage homosexuel.

“J’aime notre pays, et j’envisage sérieusement de me présenter à la présidentielle en tant que centriste indépendant”, écrit sur son compte Twitter ce fils de routier qui a grandi dans un quartier défavorisé de New York avant de conquérir les milieux d’affaires.

Howard Schultz veut mettre ses origines sociales modestes et son activisme social au coeur de sa probable campagne et publie à ce propos un livre autobiographique, “From the Ground Up” (Partir de rien). Une façon pour ce milliardaire –sa fortune est estimée à 3,4 milliards de dollars par Forbes– de se distinguer de Donald Trump, dont l’empire immobilier a été bâti à partir d’un prêt conséquent accordé par son père.

Aussi à l’aise dans les cercles financiers en costume-cravate ou dans un café Starbucks en jean-chemise, Howard Schultz s’est toujours dit persuadé que Starbucks –fort de ses 28.000 cafés et 75 millions de clients par jour– devait montrer l’exemple à un moment où les frères Koch et les lobbies ont une influence importante sur les élections aux Etats-Unis.

Stock-options pour tous

M. Schultz a été un des premiers patrons à accorder la couverture santé et des stock-options à tous ses employés, même ceux travaillant à mi-temps, un sésame précieux aux Etats-Unis où les coûts de santé sont faramineux.

Sous sa férule, Starbucks a aussi mis en place un programme d’aide financière pour encourager les salariés à obtenir un diplôme d’enseignement supérieur, recruté des anciens combattants et 10.000 réfugiés après l’annonce du décret anti-immigration de Donald Trump.

“Vous ne pouvez pas attirer et retenir les gens si votre seul but est de gagner de l’argent, parce que les gens, et plus particulièrement les jeunes, veulent avoir un sentiment d’appartenance à une organisation”, expliquait-il au magazine FastCompany en 2015.

En plein débat national sur les violences policières contre les Noirs en 2015, Starbucks lance “Race Together”, une campagne incitant ses serveurs et serveuses à discuter de la question raciale avec les clients. C’est le tollé!

Mais Howard Schultz ne plie pas comme en mars 2013 lorsqu’un actionnaire fustige en assemblée générale l’engagement de Starbucks pour le mariage homosexuel.

“Nous voulons embrasser la diversité, tout type de diversité (…). Donc vous pouvez vendre vos actions Starbucks et acheter celles d’une autre entreprise. Merci beaucoup”, rétorque ce père de deux enfants sous une pluie d’applaudissements.

Seule ombre à cette image d’activiste social, Starbucks est membre du lobby de la restauration National Restaurant Association, opposé à l’augmentation du salaire horaire minimum à 15 dollars, et l’entreprise a torpillé différentes initiatives d’employés pour se syndiquer.

Pas de “cran”

Howard Schultz a quitté Starbucks en juin dernier, après l’avoir fait passer d’un groupe exploitant 11 établissements lors de son arrivée en 1982 à plus de 28.000 cafés dans près de 77 pays à travers le monde.

Ce sportif à la mise parfaite — il a été propriétaire de l’équipe de basketball des SuperSonics aujourd’hui disparue — a laissé un groupe ayant réalisé lors de l’exercice comptable 2017 un chiffre d’affaires de 22,4 milliards de dollars pour un bénéfice net de 2,88 milliards.

Certains émettent toutefois des réserves sur sa candidature. “Vendre des cafés, même ceux ayant une belle histoire, ne prépare pas à l’élection présidentielle, peu importe combien vous en vendez”, critique ainsi Helaine Olen, chroniqueuse au Washington Post.

Et Howard Schultz partage les positions démocrates sur l’immigration, ce qui fait dire à certains que sa candidature indépendante serait une bonne chose pour Donald Trump en 2020 en “volant” des voix au futur candidat démocrate.

Mais il reste conservateur sur de nombreux autres sujets comme la couverture maladie universelle pour tous, défendue par l’aile gauche des démocrates, qu’il juge pas “réaliste”. Il critique également le virage à gauche du parti. “J’espère seulement que Starbucks va continuer à me payer le loyer des locaux qu’ils louent à la Trump Tower”, a réagi Donald Trump, jugeant que M. Schultz n’avait pas “le cran” nécessaire pour être président.

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